Histoire

Une histoire de l’Hôtel de Ville, place de Grève à Paris

Quartier dit de Grève en 1702 – 2e arrondissement de l’Hôtel de Ville créé en 1795, devenu le 4e en 1860.

A l’époque où la capitale ne s’appelait pas encore Paris, l’activité était concentrée dans l’île de la Cité, approvisionnée par les Nautes de Paris.

La rive droite était alors presque déserte. On trouvait quelques maisons autour du Châtelet et sur le monceau de Saint Gervais.
En 1170, le roi Louis VII le Jeune accorde à la Hanse des marchands d’eau droit de justice et de juridiction administrative sur la Seine, la rivière, les quais, les ports. Pour 72 livres, les bourgeois en toute propriété et toute autonomie vont s’installer sur la rive droite et y aménager leur nouveau port, le structurer, organiser les approvisionnements, ainsi que les embauches, aménager la place et y construire des maisons. 

Etienne Marcel, sa statue a été inaugurée en 1888.

Pendant la guerre de cent ans (1337 à 1453), Etienne Marcel prévôt des marchands, représentant et porte-parole du Tiers-État va structurer la ville en créant des quartiers et une milice bourgeoise, aux couleurs bleue et rouge de son bonnet, pour les protéger -la future Garde nationale- . Etienne Marcel mène l’opposition. Il ira jusqu’à limiter le pouvoir du roi et provoquer ce qui est considéré comme la première Révolution de Paris. Il sera assassiné. Il a fait de la maison dite aux Piliers (ancien Hôtel du Dauphin), qu’il a achetée en juillet 1357, le siège de la municipalité.
Sur la place se tiennent les réunions, mais on vient surtout « en grève » pour chercher du travail.
1382, Insurrection des Maillotins contre une nouvelle taxe sur les marchandises, les Parisiens vont utiliser les 12000 maillets de plomb réunis par Etienne Marcel pour lutter contre les Anglais.

Place de grève, vers 1583 (d’après une illustration de T.G.H. Hoffbauer)

La Maison aux Piliers est devenue sous dimensionnée. 1528, François 1er demande à Dominique de Cortone dit le Boccardo de construire un maison commune digne de Paris. La première pierre est posée en 1533. La construction se poursuit sous le règne d’Henri IV, puis sous Louis XIII jusqu’en 1628. Grâce au prévôt des marchands François Miron l’argent a été réuni avec un nouvel octroi et le montant de sa charge auquel il a renoncé.
Sur l’écusson, la nef des origines porte la devise de la ville « Fluctuat nec mergitur ».
1652, premier incendie de l’Hôtel de Ville lors de la Fronde (1648-1653).
 1675, le prévôt Claude Pelletier construit le quai qui protège la place des inondations.
S’ y succèdent fêtes et bals populaires notamment pour la Saint Jean ; les spectacles royaux avec feux d’artifice pour les baptêmes, mariages, pélerinages ; comme en janvier 1687, pour la guérison de la fistule de Louis XIV. C’est aussi un lieu de signatures d’accords, de traités politiques, d’armistices.

Portrait de Ravaillac. Il a assassiné d’Henri IV le 14 mai 1610 et est supplicié en place de Grève le 27 mai 1610.


La Place de grève est aussi un lieu d’exécutions

On y brûle décapite, écartèle assassins, voleurs, politiques et protestants. La roue y est installée en 1534.
1574, le Régicide d’Henri II, Gabriel de Montgomery est décapité. 1610, Ravaillac, régicide d’Henri IV est écartelé. L’empoisonneuses la marquise de Brinvilliers est décapitée et brûlée en 1676 ;  En 1680, ce sera au tour de Catherine Deshayes dite La Voisin, condamnée comme sorcière au bûcher. 1721, exécution du bandit Cartouche ; 1757, Robert-François Damiens qui a blessé Louis XV d’un coup de canif sera écartelé et subira différents supplices.
Premier guillotiné de la Révolution sur la place le 25 avril 1792, Nicolas Pelletier a tué et volé un passant. En janvier 1793, la guillotine part place de la Révolution (place de la Concorde).
1789, la Révolution se mène de Paris. Les électeurs du Tiers-État constituent un Comité permanent à l’Hôtel de Ville qui choisit un maire Jean-Sylvain Bailly, nomme le chef de la Garde nationale La Fayette. le comité gouverne la France jusqu’à la mort de Robespierre, 9 thermidor (27 juillet 1794). Dès sa première séance, l’abolition de la royauté est votée à l’unanimité.
Après la prise de la Bastille le 14 juillet, le 17 juillet, Louis XVI est réclamé et reçu à l’Hôtel de Ville. Il accroche la cocarde bleue et rouge, unissant le blanc des rois aux couleurs de la municipalité. 
De 1789 à 1794, l’Hôtel de Ville abrite le Comité de salut public. 1800, Bonaparte afin d’ôter à la Commune toute autorité institue un préfet de police et un préfet de la Seine Nicolas Frochot. Paris sera géré sans maire (sauf en 1848 et 1870-1871) ; par contre chacun des 12 arrondissements créés a son maire. 
1803, la place de Grève devient la place de l’Hôtel de Ville. 
1804, Le sacre de Napoléon (2 décembre) est suivi d’une grande fête organisée par le gouverneur de Paris Murat, le 16, avec orchestres et bals, fontaines de vins, loteries, feux d’artifices pyrotechniques sur la place et la rive gauche. Des toiles peintes à la gloire de l’Empereur et un bateau symbole de la ville sont éclairés. 30 juin1810, soirée pour l’impératrice Marie-Louise. L’Hôtel de Ville offrira le berceau du roi de Rome, dessiné par Proudhon.
Décembre 1828, le pont suspendu dit de Grève ouvre aux piétons. 
28 juillet 1830, journée des trois glorieuses, un jeune homme y tombe, le drapeau tricolore à la main. Il crie « Arcole », sans doute en souvenir de Bonaparte. Le pont vient de recevoir son nom. La Fayette et la commission municipale constituée à l’hôtel Lafitte avec Casimir Périer se rendent à l’Hôtel de Ville, ils ont choisi le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe. La place, ne sera plus un lieu d’exécutions.
20 janvier 1832, l’échafaud est déplacé à la barrière Saint-Jacques. 

place de l’Hôtel de Ville


1833 à 1848, nouvelles transformations, construction d’un long bâtiment parallèle au quai. Au rez-de-chaussée l’appartement du préfet, et au premier la salle de réception. L’aile gauche se poursuit par une longue façade jusqu’à la rue de la Tixanderie au Nord (future rue de Rivoli). Depuis 1838, l’arrière est séparé de l’église Saint Gervais par la rue Lobau. 1842, le préfet et ses services s’y installent.
Du 22 au 24 février 1848, journées révolutionnaires, départ du roi Louis-Philippe, installation de la IIe République. Lamartine conduit à l’Hôtel de Ville le nouveau gouvernement. Pour faire face aux émeutes deux casernes vont être construites, la caserne Napoléon et la caserne Lobau avec façade entre le pont et l’église Saint Gervais. La loi du 4 août 1851 prolonge la rue de Rivoli supprime la rue de la Tixanderie. 1853, le préfet de Paris, le baron Haussmann perce le boulevard, future avenue Victoria en 1855, après la visite de la reine d’Angleterre pour l’Exposition universelle. 1854, nouveau pont d’Arcole à une seule arche de fer, ouvert aux piétons et aux voitures. 1867, pour l’Exposition universelle les niches de l’Hôtel de Ville ont été peuplées de statues de Parisiens illustres. 

Les hommes de la Commune de Paris en 1871.


1870, 4 septembre, Mac-Mahon a capitulé à Sedan, devant l’armée prussienne. L’empereur Napoléon III est prisonnier. A l’Hôtel de Ville, dans l’après-midi, la République est proclamée par Jules Ferry et Gambetta qui propose pour maire, jusqu’aux élections, Etienne Arago. Le gouvernement de Défense nationale, a pour chef le général Trochu, gouverneur de Paris assiégé, affamé. Novembre, les élections couronnent les royalistes. Janvier 1871, Jules Favre signe à Versailles l’armistice. Février,  l’Assemblée a élu Thiers chef du pouvoir exécutif de la République. Il conduira, depuis Versailles, le siège contre la Commune de Paris. 
A Paris, les élections du 26 mars au suffrage universel donnent à la Commune 90 membres socialistes et républicains, et un gouvernement révolutionnaire partisans de la fédération des communes libres. Jules Ferry devient Maire. Les décisions sont publiées au journal officiel de la Commune.

Il faudra 10 ans pour reconstruire l’Hôtel de Ville dont seules subsistent les façades.

Il ambitionnait d’administrer la France, depuis l’Hôtel de Ville qui sera évacuée le 24 mai en y mettant le feu. Les archives de Paris sont brûlées dans la salle des fêtes. Resteront des pans de murs, des façades, les escaliers et la chapelle presque intacts. 

L’Escalier d’honneur a retrouvé son luxe d’antan.


Il faudra 10 ans, de 1873 à 1883, pour reconstruire dans l’axe de l’avenue Victoria ; soixante-six projets imités de l’Hôtel du Boccardo dont celui de Théodore Ballu et Edouard Deperthes. Le budget passera 16 millions à 34. Dès 1873, a commencé l’édification des nouvelles mairies d’arrondissements créées après 1860.

Dimanche 15 juillet 1888, la statue équestre d’Etienne Marcel, prévôt des marchands qui incarne l’indépendance des édiles face au pouvoir central, est dévoilée sur une idée du Conseil municipal. Il fait ainsi face à la Seine et à la Cité. 

Paris libéré, août 1944


1944, 20 août à l’aube, la Résistance prend possession de l’Hôtel de Ville. Le préfet de la Seine est arrêté. Le 24 août à 21h22, débouchent trois chars, deux sections d’infanterie sur des half-tracks commandées par le Capitaine Dronne. Arrivé place de l’Hôtel de Ville, il gagne le bureau du Conseil National de la Résistance. Charles de Gaulle prononcera du balcon son célèbre discours : « Paris martyrisé, Paris libéré…

Brice Lalonde et Célia Blauel, lors des 10 ans d’Eau de Paris

Paris, fêtait en 2019, les 10 ans de l’entreprise publique Eau de Paris avec un colloque sous la présidence de Célia Blauel. De 2014 à 2020, elle était présidente d’Eau de Paris, adjointe à la Mairie de Paris en charge de la transition écologique, du climat, de l’environnement, de l’eau et de l’assainissement. Lors de ce colloque, l’ancien ministre, Brice Lalonde a insisté sur le fait que nous sommes de plus en plus d’humains et que nous disposons de moins en moins d’eau. 

La salle des fêtes qui fait aussi office de salle de réunions, sous le blason de la ville.


Paris a eu un maire élu sous la Révolution, la IIe République et la Commune de Paris.

Le 31 décembre 1975, Valéry Giscard d’Estaing a fait voter la loi qui donne un Maire à Paris. Ainsi se succéderont Jacques Chirac élu le 25 mars 1977, réélu en 1983 puis en 1989. Président de la République en 1995. Jean Tiberi lui succède 1995-2001, puis Bertrand Delanoë en 2001-2014 et Anne Hidalgo depuis 2014, réélue en 2020.

Paris se penche à l’Hôtel de Ville sur le dossier des prochains Jeux Olympiques qui soulèvent déjà quelques polémiques.

Quelques documents à consulter :
La place de Grève, sous la direction de Michel Le Mo­ël et Jean Derens, publié par la Délégation à l’Action artistique de la Ville de Paris
Paris en son Hôtel de Ville, par Bernard Morice (Editions France-Empire)
http://patrimoine-de-france.com/paris/paris-4eme-arrondissement/hotel-de-ville-84.php Source : Le Véritable architecte de l’ancien hôtel de ville de Parispar Bernard Prost 1891.
Images de Paris, du Moyen-Âge à nos jours, illustrations d’Hoffbauer, textes de Pascal Payet Appenzeller

et la vidéo qui suit :
De la Maison aux Piliers à L’Hôtel de Ville de Paris

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