Etablissement parisien disparu

A Paris, les vins de France étaient réunis à Bercy

Bercy et les vins de France, les Nautes de Paris vous proposent de remonter le temps pour évoquer ce commerce parisien.

Les marchandises de consommation arrivaient au quai de la place de grève par la Seine de Normandie et de l’Atlantique, ainsi que de Champagne, de Bourgogne, de la Flandre, de l’Artois, du Brabant.

Au XIXe siècle, le quai du port de Bercy, sur la rive gauche, sera surélevé à 8,70 mètres de l’étiage de 1648.

L’approvisionnement de Paris se structure au XVe siècle, placé sous l’autorité des « marchands d’eau » héritiers des Nautes de Paris dont le bateau deviendra l’emblème de la ville. Les bateaux accostent rive droite pour débarquer les marchandises sur la Grève. Les embarcations qui apportaient les tonneaux de vins se rangeaient selon leur provenance. Plus tard, ils iront au Port de la Tournelle puis Pont Saint-Bernard, à la Halle aux vins construite au XVIIe siècle, mieux placé sur la Seine.

Les inondations de 1910 vont nuire à l’activité des entrepôts de Bercy.

Inondations et gelées perturberont l’activité. Une nouvelle Halle aux vins Saint-Bernard sera construite entre 1811 et 1845, près du Jardin des Plantes pour faciliter l’accès au quai. 

1910, Bercy inondé

AU XVIII siècle, Louis XIV crée l’entrepôt à vins de Bercy

En communication par la Seine avec la Bourgogne, le premier entrepôt à vins de Bercy est créé sous Louis XIV, en 1704, afin de permettre à tous les vignerons de vendre leurs vins sans taxes, dans la capitale. Ainsi s’installent les premiers magasins à vins au bord du fleuve et se crée la profession de négociants en vins au XVIIIe siècle. 

Avec la Révolution, les entrepôts réservés aux professionnels vont se multiplier.

Rue du Port de Bercy

Bercy va alors s’imposer sur le marché vinicole. Au XIXe siècle la consommation explose. Le vin est préféré à l’eau dont on craint la pollution avec les épidémies de Choléra et de Variole.

Vers 1800, les entrepôts s’installent sur l’ancien domaine de la Râpée jusqu’aux anciens hôtels particuliers de la rue de Bercy abandonnés lors de la Révolution et dont les matériaux serviront à la construction des chais qui vont s’étendre jusqu’à la Seine. A la Barrière de la Râpée, ils demeurent à l’extérieur du mur des Fermiers généraux, hors de Paris et sont non-taxables. 

Le maire de Bercy, M. de Chabons achète en 1809, le domaine du Petit Château, établit des chais et un atelier de tonnellerie.

La rue Gallois porte le nom d’un des créateurs des entrepôts de Bercy.

1815, Louis Gallois le nouveau maire s’en porte acquéreur et agrandit les chais. 1819, le ministre des Finances, M. Louis crée des entrepôts sur des terrains qu’ils possédaient et qui vont former l’actuelle Cour Saint-Emilion. Les entrepôts brûleront en 1820.

Premier classement des vins de Bordeaux, en 1855. En 1867, sera publiée une Etude des vignobles de France. Les négociants en vins se réunissent et signent une pétition à l’adresse de Napoléon III afin que soient harmonisées les mesures de jauge, car tonneaux, bouteilles et contenances diffèrent d’une région à l’autre, ce qu’ont mis en évidence les expositions universelles. La norme va être : des tonneaux de 225 litres correspondant à 300 bouteilles de 75 cl. Avant l’arrivée du phylloxéra (1863-1875) la production de vin atteindra 85 millions d’hectolitres.

Bercy, rue de Bordeaux, on y voit deux formats de tonneaux.

Le transport s’améliore 

Les tonneaux de vins, débarqués au port de Bercy et entreposés dans les chais propriétés des négociants, voyageront par le train à partir de l’ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon, en 1849, et de la gare de Bercy. Les tonneaux seront remplacés par des wagons foudres (1910-1945). Des rails sont toujours visibles au sol. Les bateaux transporteront jusqu’à Rouen des vins venant d’Algérie, d’Espagne et du Portugal puis par la Seine jusqu’au port de Bercy. Le transport routier prendra le relais à partir de 1950. 

Les chevaux transporteront longtemps les tonneaux au sein des entrepôts.

En 1860, la commune de Bercy est dissoute et partagée entre Paris et Charenton. Les entrepôts désormais dans Paris, ne seront pas soumis à l’octroi car ils bénéficieront d’une période de transition, prolongée par la guerre franco-prussienne, puis les inondations. 

Les entrepôts de Bercy vont devenir des magasins publics pour lesquels la ville de Paris, devenue propriétaire, délivrera des concessions aux négociants. Violet le Duc réaménagera une partie des chais qui vont être étendus jusqu’en bordure de la gare de la Râpée. Les maisons sur le quai de Bercy ont fait disparaître guinguettes et restaurants.

Au loin les grilles des entrepôts

Deux pavillons avaient été construits de part et d’autre de la rue de Dijon, actuelle rue Joseph Kessel, à l’entrée du pont de Tolbiac séparant Bercy en deux parties, le Petit Bercy et le Grand Bercy. Un ensemble entouré de grilles de 3 mètres de haut permettant de stocker plus de 600 tonneaux. Le quai a été surélevé à 8,70 mètre de l’étiage de 1648.

A l’entrée des entrepôts, une grille de 3 mètres de haut

Sur le Petit Bercy, les négociants vont pouvoir reprendre les anciens bâtiments et construire sur les terrains nus. Le grand Bercy dispose de nouveaux bâtiments, notamment cour Saint-Emilion et rue des terroirs de Bercy occupé aujourd’hui par le musée des arts forains.

1910, une année difficile. Les entrepôts se sont agrandis. Les équipes assurent 70% de l’activité des vins et alcools. Elles vont faire face à la crue de janvier-février et à la grève des cheminots en octobre.

Août 1905, une loi oblige les gros marchands de vins de Paris, d’avoir pignon sur rue à l’entrepôt de Bercy agrandi en 1910 (en 1930, 70% du stockage et des ventes) ou à la Halle aux vins. La Halle Saint-Bernard en vins fins et alcool, en 1930, ne représente que 30% du stockage et des ventes.

Une partition évoque l’effet des vins de Bercy.

A Bercy, jusque dans les années 1960, le degré des vins de Bourgogne et des côtes du Rhône sera remonté avec l’ajout de vins d’Algérie plus puissant.

Les négociants en vins de Bercy ont ainsi fait fortune. Mais les consommateurs devenus connaisseurs se tournent progressivement vers les vins de producteurs.

Bercy n’a plus bonne presse, et est appelé à disparaître. 

Que sont devenus Halles et pavillons

Panorama des entrepôts

A partir de 1964, la ville de Paris ne renouvelle plus les baux, interdit travaux et nouvelles  constructions. Ainsi en 1979, sera construit le Palais omnisports, transformé en Bercy Arena (1984). Le parc de Bercy, à la fin du XXe siècle, signe la fin des entrepôts. Quelques bâtiments seront conservés, comme en 1985, les chais Lheureux inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Devenus le Pavillon Bercy, ils abritent le Musée des Arts Forains, dès 1986. Désormais les petits commerces et cinémas de Bercy Village sont desservis par le métro (ligne 14 station Cour Saint-Emilion) et le tramway (ligne 3a station baron Le Roy).

Le POPB a été remplacé par Bercy Arena

L’Institut du Monde Arabe (1987) a été construit à l’emplacement de la première Halle aux vins, Halle Saint-Bernard qui était devenue entrepôt franc pour les vins et les eaux-de vie en 1808. La nouvelle Halle aux vins, près du Jardin des Plantes dont la capacité de stockage restera insuffisante a laissé place au Campus de Jussieu, construit de 1958 à 1972 (Rue et quai des Fossés Saint-Bernard).

C’était Bercy…

Pour en savoir plus, à consulter sur Gallica : Bercy, son histoire, son commerce par Alfred Sabatier de Bercy, avec une préface de Louft et une notice biographique de l’auteur par Emile de La Bédollière (1875)

Commentaires

  • Pingback: Le Musée des Arts Forains prépare le Festival du Merveilleux | Nautes de Paris

  • LAMBOLEY-LACHERAY Arlette
    Comment posted on 2-9-2023 Reply

    BONJOUR, merci pour cet article passionnant
    Je recherche depuis longtemps une photo ancienne du 3 QUAI DE BERCY, dans les années 50/60, où se trouvait la maison de mes parents, grande cour devant avec des marronniers, 2 étages, derrière de hautes grilles et qui a dû être détruite dans les années 1970 (mes parents sont partis en 1969), tout au bas de l’Avenue de la Liberté (la société s’appelait LES VINS DE LA VIEILLE GARDE) à la place a été construit le siège du Crédit Foncier.
    A cette époque, on faisait moins de photos que maintenant et j’aimerais tellement en retrouver une de la maison de mon enfance !
    Si quelqu’un a une carte postale ou une photo merci de nous en informer, nous transmettrons

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