La DAFA, la Délégation archéologique française en Afghanistan fête ses cent ans. Le Musée national des arts asiatiques, musée Guimet, le MNAAG qui possède les plus belles collections afghanes issues d’un siècle de découvertes, de partages et de relations avec l’Afghanistan présente une exposition exceptionnelle
Ci-dessus : Collection Zarif, manteau aux tulipes (Gol-e Lalah), MNAAG, Paris, juillet 2022 © Roya Heydari pour Zarif Design juillet 2022.
Afghanistan ombres et lumières, du 26 octobre au 6 février 2023 complétée par sur Le fil, création textile des femmes afghanes.
L’exposition Sur le fil réuni un court métrage de Barmak Akram et un second « Hamdam » de Atiq Rahimi, écrivain et réalisateur, ainsi que des photographies de Farzana Wahidy, d’Oriane Zerah et de Morteza Herati
A découvrir une dizaine de chapans dont quatre monumentaux,
trois textiles muraux brodés,
des broderies anciennes,
des esquisses, une installation suspendue.
La maison de couture Zarif Design a été créée en 2005, en Afghanistan, par Zolaykha Sherzad afin de ressusciter le savoir-faire artisanal. Chaque pièce est unique, faite localement à la main.
Chaque vêtement célèbre la beauté, l’amitié, et la paix tant désirée.
En dépit de la situation actuelle, la maison de couture continue de produire à Kaboul et avec les tisserands de Hérat et de Mazar-e-Sharif.
Cette exposition témoigne de ce processus de re-création textile par des femmes afghanes voulue par une créatrice afghane, mis en perspective avec les archives et les collections photographiques du MNAAG.
Remontons au temps des fouilles archéologiques
« Le 9 septembre 1922 est signée la Convention concernant la concession du privilège des fouilles archéologiques en Afghanistan, établissant la DAFA. Celle-ci détient le droit exclusif de prospecter et fouiller sur l’ensemble du territoire afghan. Les objets mis au jour sont partagés entre les deux États, enrichissant les collections du musée Guimet à Paris et celles du musée national d’Afghanistan alors en cours de création ; les objets en or, argent, ou uniques par leur forme restent toutefois propriété afghane. »
Vous saurez tout de son histoire et de celle de l’Afghanistan qui a tant fait rêver les chercheurs depuis la recherche du royaume de Bactriane, le maillon grecque à Hadda et plus tard à Surkh Kotal (1952-1963), de monastère bouddhique en monastère, à Kapisa et Kaboul, Fondukistan, Begram… Sans oublier la période islamiste à Lashkari Bazar (1948)
L’Europe avait découvert le site monastique de Bâmayân avec l’épopée de la Croisière Jaune, la mission Citroën Centre-Asie en 1931. Les participants avaient rapporté des photographies qui serviront en 2021, à l’exposition « Des images et des hommes, Bâmiyân 20 ans après » au Musée national des arts asiatiques – Guimet.
La falaise de Bâmiyân est à environ 250 kilomètres de Kaboul où les Talibans étaient arrivés en 1996. En 1998, ils étaient à Bâmiyân.
Le11 mars 2001, les grands bouddhas y ont été détruits comme l’annonçait les Talibans ainsi que des statues du musée national afghan et des autres musées d’Afghanistan.
Après le 11 septembre 2001, l’offensive de la coalition américaine et de l’Otan lancée pour renverser et capturer les cerveaux des attentats semblait avoir ramené l’ordre en Afghanistan. A partir de 2003, ele a permis la réouverture de la DAFA à Kaboul, dont les recherches avaient été interrompues depuis 1983, le retour ponctuel d’autres missions archéologiques étrangères, et la reprise des recherches.
Le 15 août 2021, vingt ans après, Kaboul retombait aux mains des Talibans paniquant la population.
D’où une remise en question logique du centenaire de la DAFA tel qu’il été prévu. Kaboul ne peut plus rien envoyer. Les commissaires expliquent : « le projet commun de célébration de 100 ans de coopération archéologique entre la France et l’Afghanistan nous tenait à cœur… »
Paris raconte cette histoire car « au fil des décennies l’étude du patrimoine afghan a changé de regards, de méthodes, parfois d’acteurs… Nul doute qu’il reste encore beaucoup à faire, et des actions sont menées. Nul défaitisme donc dans cette exposition mais la conviction que nous continuerons à faire connaître le riche patrimoine afghan, à le protéger autant que nous le pourrons, même à distance. »
L’exposition a donc reçu le soutien de la DAFA et celui de la Fondation Aliph, Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit, créé en 2017 à Genève.
Ainsi ont été sorties des collections et des archives du MNAAG des photos de Ria Hachin des années 30 et de Marc Riboud en 1955, complétées par des vues 3D des sites archéologiques. Deux films, l’un sur le minaret de Jam (12esiècle) et l’autre sur le site de Mes Aynak qui témoignent d’une histoire culturelle et technique avec des savoir-faire transmis, des compétences menacées mais défendues par des sociétés comme Zarif Design dans le domaine textile.
Scénographie de Nathalie Crinière, agence NC
Commissariat des deux expositions :
Sophie Makariou, conservatrice générale, présidente du MNAAG (Yannick Lintz lui a succédé le 1er novembre )
et
Nicolas Engel, conservateur en chef, en charge des collections Afghanistan – Pakistan, MNAAG
Tarif unique: 11,50 € (plein), 8,50 € (réduit). Seconde visite gratuite dans les 14 jours qui suivent la date d’achat du billet.