1860, le peintre Gustave Caillebotte qui deviendra l’ami et le mécène des impressionnistes a 12 ans, lorsque son père achète à Yerres le domaine de la Veuve Biennais. Ci-dessus deux autoportraits peints dans les années 1870.
Profitant de la période d’aménagements de Paris et des travaux du Baron Haussmann, le négociant et propriétaire immobilier Martial Caillebotte va se faire construire un hôtel particulier, 77 rue de Miromesnil.
Achat d’une campagne pour vivre en plein air
Il choisit, suivant les préceptes de Jean-Jacques Rousseau, pour compléter l’éducation de ses trois fils, Gustave, René, Martial, nés de son troisième mariage, de les emmener au plus près de la Nature afin que grands et petits profitent des bienfaits du plein air.
Le père a 61 ans nous sommes en 1860. Il acquiert pour ses parties de campagne, une belle maison avec un parc paysager, à Yerres. Son choix se porte sur une propriété connue des Parisiens à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Un ancien domaine agricole, qui a été reconverti et transformé (1824-1843) pour répondre aux critères de l’époque par le « Rothschild de la gastronomie », surnom donné à Pierre-Frédéric Borrel (ou Borel) du Rocher de Cancale qui a fait faillite. Cette campagne a été reprise par Mme Biennais veuve d’un célèbre orfèvre et ébéniste.
Le domaine à Yerres
Le domaine avait été agrandi d’une grande parcelle de 11 hectares. Il comprenait, la maison, le Casin et le parc avec ses constructions qui animent le paysage, l’Exèdre, l’Orangerie et les fabriques, notamment la glacière indispensable pour les repas organisés par Borrel ainsi que le jardin potager.
Une fabrique en ruines deviendra la chapelle Notre Dame du Lierre, bénie en 1864, pour Alfred (né en 1834), le fils né de son premier mariage, devenu curé.
Martial Caillebotte père remplacera la laiterie par le Chalet Suisse dans le prolongement de la Ferme Ornée et installera une volière en rotonde pour la volaille de la ferme.
Ses fils vont y connaître les joies de la campagne et des eaux vives, la nage et les plongeons, la pêche, les balades, les courses en périssoire sur l’Yerres qui longe le domaine.
Le jardin potager, réserve d’autres moments de plaisir. Tous ces moments vont être peints par Gustave qui développe à Yerres son goût pour la peinture et l’horticulture et qui va se passionner pour la construction navale.
Les chambres au premier étage de la maison vous racontent le parcours de chacun des frères.
Martial (né en 1853), dès 1873, fera le conservatoire de musique. Il sera compositeur et interprète, photographe, témoin de la vie de la famille et amateur de céramiques. Ensemble, martial et Gustave se passionneront pour la philatélie qui en est à ses débuts.
Gustave l’impressionniste
Gustave a préparé dans l’atelier de Bonnat son entrée à l’école des beaux-arts. En 1872, il fera un voyage en Italie avec son père.
1874, il a 26 ans. Il se lie avec les Refusés. Ils sont considérés par leurs confrères peintres comme des Intransigeants, ce sont les futurs Impressionnistes. Degas préfère le terme d’Indépendants.
Son père meurt, Il commence à acheter des toiles des Refusés et les invite à Yerres. Degas, Monet, Manet, Renoir qui sera son exécuteur testamentaire, Pissarro, Sisley. Ils deviennent ses amis et certains d’entre eux partageront avec lui le goût de la voile et la pratique du périssoire.
1875, sa grande toile « Les Raboteurs de parquet » est refusée par les beaux-arts. Elle sera présentée en 1876, lors de la 2e exposition des Impressionnistes avec une autre version ainsi que « Le déjeuner », « Jeune homme jouant du piano », « Jeune homme à la fenêtre », « Le parc », « l’Yerres, pluie ».
1876, cette année-là son frère René meurt, il était né en 1851. 1877, il trouve une salle pour la troisième exposition. 1878, après le décès de leur mère, Martial et Gustave vendent le domaine. Ils vont s’installer ensemble à Gennevilliers et démarrer une activité de construction navale.
La maison telle qu’elle avait été aménagée par Borrel
La veuve de Martin Victor Biennais s’y était installée en 1843.
Elle avait apporté sa chambre, témoin du travail passé de son époux, fournisseur de l’Empereur Napoléon. Chambre dans laquelle ont dormi Martial Caillebotte et son épouse Céleste Daufresne.
Martial père installera un salon de jeu et de musique dans l’ancien boudoir mitoyen près du grand salon où se trouve le billard.
Comme à Paris, Gustave aura son atelier pour peindre même si, il travaille beaucoup en extérieur.
Actuellement y sont présentées quelques toiles :
De l’Exédre, le porche de la demeure familiale, (1875)
trois couchers de soleil, sur le parc, la pelouse (1872-1878), une étude de ciel
et « Le voilier sur la Seine à Argenteuil » (1893).
Prêtées par le musée d’Orsay « Le portrait de Camille Daurelle » (1877) de Gustave Caillebotte et « La Seine à Argenteuil » de Claude Monet (1873), ces deux toiles rejoindront impérativement leur musée début juillet, avant les Jeux Olympiques.
Le dernier propriétaire au XXe siècle a fait faillite. En 1971 la municipalité a racheté la propriété abandonnée pour 1 franc symbolique et l’ensemble du domaine en 1973.
Depuis 1995, avec la participation de l’État, de la Région, du Département, la Ville réalise progressivement la rénovation complète de la propriété, les fabriques, la Ferme Ornée, la maison.
Un travail sans relâche, le Chalet Suisse vient d’être restauré.
A suivre en vidéo, l’histoire de cette maison inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 5 mai 1993.
Elle a obtenu en 2012 le label « Maison des Illustres ». Depuis 2015, elle est inscrite sur le parcours : « Destination impressionnisme : Paris, île de France, Normandie ».
La Maison Caillebotte son histoire racontée par la directrice Valérie Dupont-Aignan
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