Présences, des photos qui ont séduit Sondra Gilman et Celso Gonzalez-Falla

Présences, ce sont 140 photos qui sont autant de coups de cœur de deux collectionneurs, sorties de leur collections qui réunit près de 1500 trésors photographiques.

Elles sont à découvrir à la Maison Caillebotte, à Yerres jusqu’au 22 septembre 2024, à la Ferme ornée.

Leur regard s’est posé sur chacun de ces tirages d’auteurs américains, européens, sud-américains; des grands noms de la photographies des XIXe et XXe. Certains n’étaient pas encore connus lorsqu’ils les ont découverts.

Valérie-Dupont-Aignan, directrice de la Maison Caillebotte, commissaire de l’exposition présentée aujourd’hui s’est rendue à New-York afin de choisir dans la collection sous le regard bienveillant de Celso Gonzalez-Falla les photos accrochées ici.

L’exposition est appelée à voyager.

L’idée de la présence humaine, les portraits, les regards, les instants de vie, voici un hommage à Sondra Gilman, décédée en mai 2021.

 Celle-ci avait découvert la photo artistique en septembre 1970.

Le MoMA Museum of Modern Art de New York proposait une vente de photos vintage conservées en plusieurs exemplaires dans leurs collections.

Sondra Gilman réalisait alors son premier achat, trois photos du Vieux Paris d’Eugène Atget.

Du XIXe et du XXe siècle

Nous plongeons dans des regards fixés pour l’éternité.

Bienveillance, ironie, joie, émotion, solitude, doute, angoisse, violence, croyance, enfance, activités…

Nous voici face à ces regards posés sur l’autre, sur soi-même, sur la société, ici ou ailleurs, sur le Monde.

Ils sont en noir et blanc, en tirages argentiques puis numériques avec toutes les variantes nées de l’évolution technique des tirages photographiques.

Américains, européens, sud-américains, des travaux photographiques de quatre-vingt-onze artistes dont vingt-quatre artistes femmes sont réunis ici.

Cette découverte commence bien sûr par le couple photographié en 1989 par Ken Collins.

Ils se sont mariés en 1986 et Celso qui pratiquait la photographie est devenu collectionneur.

Leur premier achat commun date de 1987, le portrait de Bill T. Jones par Robert Mapplethorpe (1985) à la Texas Galerie.

Dans la première salle de l’exposition, on découvre une série de Polaroids de Sondra (1976-1977) par un de ses amis. « Andy Warhol, il ne se déplaçait jamais sans son appareil photos, » précisait Celso. « A partir de ses polaroids, il réalisait ses sérigraphies. »

Les thématiques s’enchaînent. Chaque section est présentée de manière chronologique tout en veillant aux rapprochements esthétiques.

Artistes et modèles

Vous verrez Matisse, à Vence parmi ses colombes, tirage argentique de Henri Cartier-Bresson (1944).

Louis Armstrong dans la vallée de la mort (Death Valley) sans trompette, tirage pigmentaire de Art Kane (1958).

La superbe Renée Perle, le mannequin devenue la muse de Jacques Henri Lartigue dans les années 1930.

Walker Evans a réussi à photographier Lincoln Kirstein sans son chapeau en 1931 et la photographe Berenice Abbott (1930) qui a fait son propre autoportrait.

D’autres autoportraits, sont à découvrir ceux d’Edward Steichen, Man Ray, Erwin Blumenfeld.

Sans oublier la touche d’humour avec le portrait dans le miroir du photographe allemand Sigma Polke en train de se faire photographier.

Les compositions

Parmi les compositions, nous avons remarqué, une photo de la série érotique voilée de Man Ray. Elle met en scène Meret Oppenheim qui n’a pas hésité à mettre ses doigts dans l’encre.

Une scène composée dans l’atelier du peintre et graveur Louis Marcoussis.

La jeune femme est près de la presse pour la gravure de l’artiste qui dans les années 1930 se consacrait à la gravure.

Deux compositions se cotoient, l’oiseau blanc du Brésilien Mario Cravo Neto : Ode, Boy with bird (Ode, enfant à l’oiseau,1989, tirage argentique d’époque) et l’oiseau noir du Mexicain Flor Garduno : Klein, Turquia (Klein Truquie, 2018, tirage pigmentaire).

Amérique

Sondra était New Yorkaise. Celso avec sa famille a fuit Cuba. Ils se sont réfugiés au Texas. Il garde le souvenir de la seule chose qu’ils aient pu emporter leur album de photos. Son point de chute actuel est en Georgie.

Tout ce qui fait la spécificité de New York et de l’Amérique est ici abordé.

Contrairement à l’idée que l’on a du Texas, il n’y aurait pas plus d’armes que dans les autres états. Un sujet qui a passionné Elie Badessi et qui nous permet de voir deux de ses portraits réunis ici.

Leurs choix nous présentent le pays, des années 1930 jusqu’à la période contemporaine ; avec la Manifestation à San Francisco de Dorothea Lange 1934 ; la dépression, la guerre, les loisirs, la foule de Coney Island vue par Arthur Fellig Weegee (1949) ; Brooklyn Promenade de Louis Stettner (1954) … le portrait d’un patriote de Diane Arbus (1967).

Enfances

Les enfants nous réservent toujours bien des surprises. Ils sont ici pleins de mystères entre fragilité, insolence et tendresse.

Dans la rue s’offre les images changeantes de vies quotidiennes, souriantes ou tristes faisant la transition vers des Solitudes qui ont ému les photographes comme Robert Doisneau mais aussi les Joies comme celle du Vigneron girondin de Willy Ronis (1945) ou encore des Quatre filles riant et tirant la langue à New York (1955) et le Bikini à Moscou (1959) tirages de William Klein.

Les œuvres récentes qui ont été mises en scène dévoilent le Miroir du Monde, notre monde au XXIe siècle tout en couleur et en grand format.

La photo : Entre raices y aires (Entre les racines et l’air, 1996-1997, tirage argentique teinté et réhaussé à la main; format : 116,9 x 115,57 cm) du Guatémaltèque Luis Gonzalez-Palma a été choisie pour l’affiche de l’exposition et la couverture du catalogue.

Désormais sans sa compagne, Celso Gonzalez-Falla poursuit l’aventure avec toujours autant de passion.

Nous avons retrouvé quelques photos célèbres, d’une salle à l’autre, connues par les expositions consacrées à leurs auteurs, mais ici nous ne les avons pas regardées de la même manière.

Chacune s’inscrit dans un ensemble né de la conjonction de deux vraies passions pour l’art photographique et nous y savourons le plaisir de ce partage.

*En 2018, la Maison Caillebotte présentait une exposition de leur collection « La beauté des lignes » préparée par le musée de l’Elysée de Lausanne. Elle partait ensuite à la Fundacion Colectania en Espagne. Vous retrouverez ici quelques unes de ces photos que vous aviez aimées.