Expositions universelles à Paris

Le Musée de Montmartre nous dévoile le « Paris de Raoul Dufy »

Les Nautes de Paris ont découvert une partie de l’oeuvre de Raoul Dufy, peu connue jusqu’à présent, présentée dès le 19 mai 2021 pour la réouverture du Musée de Montmartre-Jardins Renoir, Le Paris de Dufy.

Raoul Dufy, Autoportrait, non daté, huile sur bois
(collection particulière)

L’artiste réunit les monuments de la capitale vus de face et nous avons ainsi une vue à plat de la ville dominée par la Tour Eiffel. Il assemble les monuments comme autant de pièces d’un puzzle. Il peint des panoramas, un genre populaire qui lors des expositions universelles, à la fin du XIXe siècle précédait le cinématographe.

Raoul Dufy les a découverts lors de l’exposition de 1900. Les siens tiennent de la cartographie du Moyen-Âge et de la Renaissance. L’artiste peignait des séries à vol d’oiseau comme le pianiste fait des gammes et change de tonalité. Raoul Dufy pour saisir Paris dans sa globalité, regarde la ville d’en haut. Il la surplombe comme s’il était à bord d’une montgolfière. 

Né dans une famille de musiciens, il va à des concerts et suit des répétitions d’orchestres. Le Blue Quintet, 1946, Huile sur toile, 38 x 46 cm
(collection particulière)

 L’exposition préparée par les commissaires Saskia Ooms et Didier Schulmann «Le Paris de Dufy », présentée au Musée de Montmartre-Jardins Renoir à partir du 19 mai 2021, est consacrée pour la première fois à L’artiste qui comme Auguste Renoir, Suzanne Valadon, André Utter, Maurice Utrillo et d’autres a occupé un atelier au 12 rue Cortot. Le catalogue (édition in fine-Musée de Montmartre-Jardins Renoir) qui accompagne l’événement réunit des essais, des deux commissaires mais aussi des membres du comité scientifique Sophie Krebs, Romy Golan et un entretien avec Fanny Guillon-Lafaille. Ils nous présentent tout ce qui fait la spécificité de cette thématique enfin étudiée.

Remontons le temps

Octobre 1899, Raoul Dufy (né en  juin 1877) quitte Le Havre pour Paris. Il entre aux Beaux Arts dans l’atelier de Léon Bonnat où il retrouve son camarade Othon Friez. 1899, il va loger à Montparnasse, 9, rue Campagne-Première, à la cité des artistes nouvellement créée par Taberlet avec des bâtiments de l’exposition de 1889. 1900, avec Othon Friez, ils auront un atelier à Montmartre au 12, rue Cortot.

Il a eu plusieurs adresses parisiennes : 1903, 15 rue Victor Massé ; 1904, 31 quai Bourbon, dans l’île Saint-Louis; 1906, 15 quai de Conti; 1909, rue Séguier ; 1910, 27 rue Linné. En 1911, il se marie avec Eugénie-Emilienne Brisson et s’installe au 5, impasse Guelma (devenue villa Guelma en 1986), à Montmartre. Suzanne Valadon y avait habité avec son fils Maurice Utrillo, vers 1909. Ce sera son adresse parisienne jusqu’en 1950, avant qu’il ne s’installe à Forcalquier. C’est là qu’il peindra des nus.

Il peindra plusieurs nus dans l’atelier de l’impasse Guelma sur fond bleu, sa couleur favorite.

De ses adresses successives, il a peint différents points de vue comme les « Péniches sur la Seine au pont Marie » en 1904  ou « L’église de Saint-Gervais à Paris ».

De Paris, il peint, les rues, les boulevards, les soirées mondaines, la Seine, ses quais, ses berges, ses ponts, pas un jour sans dessin. Fonctionnaires aux Armées pendant la première guerre mondiale, il est atteint de rhumatismes aigus, il est mis à la disposition du musée de la Guerre créé pour recevoir la Collection Leblanc riches de documents bibliographiques et iconographiques. Les vues aériennes vont sans doute participer à la construction de ses vues de Paris. 

L’exposition présente ses différentes activités parisiennes 

Petit tour d’horizon, en désordre, de ce que vous pourrez voir.

Croquis de mode, soieries de Bianchini-Férier, publiés dans
La Gazette du Bon Ton, n°1, 1920

La couture et l’impression textile. Son premier motif de textile est pour le couturier Paul Poiret, en 1909. Il sera réalisé par la firme lyonnaise de soieries Bianchini-Férier. Avec le couturier, ils créent au 141, boulevard de Clichy, la Petite Usine pour l’impression de tissus. L’année suivante, il signe un contrat avec les soieries lyonnaises. 

 L’édition. Il réalise bois gravés, eaux fortes, lithographies, aquarelles, notamment pour le célèbre conte autobiographique de Guillaume Apollinaire « Le Poète assassiné ». Pour des revues comme la Gazette du Bon Ton de Lucien Vogel ou encore pour les vins Nicolas avec « Mon docteur le vin ». Des brochures touristiques pour Thérèse Bonney, journaliste et photographe américaine de Paris. Paris, où, quand, comment 1954imprimé par le Comité de tourisme de Paris.

Raoul Dufy et André Groult : fauteuils, canapé et chaises avec les monuments de Paris (les Tuileries, la République, l’Opéra, les Champs Elysées, l’art de Triomphe), bois de hêtre, tapisserie de Beauvais 1933, Paris
Les Champs-Elysées

Du tissu d’ameublement  
Avec l’ébéniste André Groult, un ensemble de sièges et canapé est réalisé par la manufacture de Beauvais avec les monuments de Paris déclinés siège par siège et le paravent, Panorama de Paris (1933). 

Vous pourrez voir ces pièces magnifiques, grâce à la participation exceptionnelle du Mobilier national et des manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. 

Présentées ensemble pour la première fois les tapisseries, Paris 1937 (à gauche, don anonyme) et Paris 1934-1935 (à droite, don du docteur Albert Barnes, 1936), laine et soie, licier atelier André Delarbre
(Paris, Mnam/CCI, Centre Pompidou)

Des cartons pour la tapisserie
En 1923, Raoul Dufy est sollicité pour réaliser une série de cartons de tapisseries sur le thème de Paris et de ses monuments. En 1934, Marie Cuttoli sollicite des artistes contemporains pour renouveler la tapisserie d’Aubusson. Deux tapisseries (1934 et 1937)  seront réalisées par les lissiers de l’atelier André Delarbre. Elles sont réunies ici et présentées ensemble pour la première fois.

L’Exposition internationale de 1937. Raoul Dufy va réaliser La Seine, de Paris à la mer pour l’hémicycle du bar-fumoir du théâtre du Palais de Chaillot qui remplace le palais du Trocadéro dont vous verrez l’étude dans l’exposition. Son confrère et ami Othon Friesz peint en parallèle la Seine, de sa source à Paris.
Pour le pavillon de l’Electricité de la Compagnie parisienne de distribution électrique, Dufy réalise, en quatre mois avec son frère Jean et d’autres peintres : La Fée Electricité ; 10m de haut 60 m de large, 250 panneaux en contreplaqué. Avec le directeur technique du laboratoire du Louvre, de 1935 à 1937, Jacques Maroger, ils mettent au point une peinture à l’huile conservant transparence et matité et qui séche rapidement.

Extraits de La Fée électricité, 1952-1953, 10 lithographies rehaussées à la gouache par Raoul Dufy, gravées par Charles Sorlier, chez Mourlot, éditées par Pierre Berès (Mnam/CCI, Centre Pompidou, don de la société des amis du Musée national d’art moderne, 1957)

A découvrir la version de La Fée Électricité, 1952-1953, retouchée à la gouache sur papier par l’artiste, gravée chez Mourlot par Charles Sorlier, le lithographe de Marc Chagall. Il s’agit d’une série de 10 lithographies d’après le tableau initial formant 6m2, réalisée par l’éditeur Pierre Berès à la demande de Gabriel Dessus. Ce dernier avait rejoint EDF en 1946 et était devenu le responsable du service commercial de l’entreprise.  

Terminons par un bol de plein air parisien, avec les Bords de Marne, les canotiers, 1925 ou Au bois de Boulogne, 1920.

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