
Les photos de la grande exposition Jean Gaumy et la Mer sont accompagnées de l’exposition La pêche au-delà du cliché. Photos et documents appartiennent à la collection du Musée de la Marine conservée par la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie. Nous plongeons ainsi au cœur de la vie des Marins vue par les photographes, dès la seconde partie du XIXe, de la période coloniale française jusqu’au XXIe siècle avec les superbes témoignages de Jean Gaumy (à voir du 14 mai au 17 août 2025, au Musée de la Marine, à Paris au Trocadéro).

Avec les membres du commissariat scientifique Marion Veyssière et Matthieu Rivallin suivons Jean Gaumy qui commente ses images.

L’âme qui anime ses 50 ans de photos maritimes, près de 150 tirages, puise son énergie à la source de son enfance, ses 8-9 ans.
La pêche dans les torrents a éduqué l’œil humain qui fixait l’eau pour trouver les poissons, véritable apprentissage du cadrage désormais fixé à travers l’œil de l’objectif.
Il est ainsi passé du boitier à l’iPhone qui ne le quitte plus.
L’eau est son moteur intime, dit-il. Comme ses lectures de jeunesse, les films en noir et blanc qui mettaient en scène des sous-marins comme Potemkine qu’il a vu bien sûr. Et l’adulte a voulu vérifier les aventures hollywoodiennes face à la mer… Embarquant à bord de sous-marins, des huis clos à découvrir ici.

Il est devenu le Candide de Voltaire qui a découvert la dure réalité du monde, s’y confronte, veille et dénonce les injustices …

Il réalise des films pour recueillir des témoignages, notamment l’expérience vécue par l’équipe féminine de la conserverie La Boucane à Fécamp. Il mobilise pour le devenir menacé des familles de marins qui pratiquent des pêches ancestrales : la pêche au thon, la Almadraba en Andalousie.

A propos de la pêche au requin à Long Island menacée par le loisir touristique et la compétition, il sera rejoint par Martine Franck et Cartier-Bresson. Un livre sera publié Men’s lives (1988).
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Membre de l’agence Magnum Photos, ce photographe-reporter-documentaliste-globe-trotter-narrateur, et peintre de la Marine est un éternel curieux qui ressent les failles. Attentif aux mutations de la planète et des communautés humaines, il capte des moments privilégiés où il fait corps avec des groupes d’hommes, de femmes unis dans un même destin. Il côtoie la démesure mais garde l’œil attentif aux détails minuscules qu’offrent la nature.

Académicien des beaux-arts, installé en 2018, son épée lui avait été remise par le paléontologue Yves Coppens. Elle est présente dans l’exposition.

Copie en 3D d’une spatule pisciforme de 15000 ans, de 19 cm, gravée dans un os de rennes représentant un saumon « Mâle » précisait, avec un sourire, Jean Gaumy. A noter, les photographies et films de Jean Gaumy sont issus de son fonds qui est à la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, MPP.
Dirigé par sa propre boussole, il vit des moments de ferveur au plus près des communautés avec lesquelles il est en symbiose. Il nous entraîne en pleine mer sur des chalutiers classiques.

Il photographie le plus souvent depuis la mer, La force des vagues sur les plateformes pétrolières.

Attentif aux interactions, il nous interroge sur une rupture entre l’homme et la mer, la civilisation et l’environnement.

Il nous montre les traumatismes de la planète : la pêche dans la mer contaminée du Japon, au large de Fukushima, les marées noires : Amoco Cadiz (1978), Apollonian Wave (1976). Le naufrage de l’Erika (1999), il l’a vécu à bord de l’Abeille Flandres qui a tenté de le remorquer.

Il observe au large de Fécamp la cinquantaine d’éoliennes installée et souligne « l ‘émergence de nouveaux dangers, de nouvelles responsabilités ». Il a conscience d’être celui qui apporte son témoignage pour la mémoire de l’Histoire de l’Humanité…
Ses photos offrent aussi des moments de contemplation, lors de séjours renouvelés au phare de Cordouan ou sur les falaises de craie de la côte d’Albâtre, face à la « mer toujours recommencée… »

Les photos qu’il présente résonnent pour nous, comme des illustrations du poème de Charles Baudelaire qui nous alertait déjà dans « L’Homme et la mer » (1857). « (…) vous vous combattez sans pitié ni remord/Tellement vous aimez le carnage et la mort… »

cinquante ans de photos, une chronologie

La pêche au-delà des mers, l’autre exposition

L’exposition complémentaire présentée en introduction à celle de Jean Gaumy nous fait remonter le temps avec près de 130 photos sur cet univers professionnel documenté grâce notamment aux travaux photographiques d’Anita Conti, Lucien Chauffard, ou Serge Lucas conservés par la MPP.
Tirages, albums, brochures imprimées, diapositives et négatifs offrent des images qui permettent de remonter le temps face aux difficiles métiers de la pêche depuis l’Empire colonial français, d’un pays à l’autre. Les images sont représentatives des pratiques et outils de pêche, « Les grands départs » des morutiers, « Les gestes et les corps », « Les prises et les trophées » mais aussi les activités « Quand ils ne pêchent pas ».
Une programmation culturelle accompagne ces expositions et affiche notamment :
Le ciné-club de Jean Gaumy débutera par des séances gratuites pour la Nuit européenne des musées le 17 mai, avec Racleurs d’océans d’Anita Conti (1952, 20 minutes) et La Boucane (1985, 35 minutes).
Des masterclasses avec des photographes et bien sûr Jean Gaumy, des Ciné-conférences, de Joyeux mercredis, des tables-rondes, des visites guidées et des outils embarqués sont annoncés.
Horaires de l’exposition : tous les jours de 11h à 19h, sauf le mardi, le jeudi nocturne jusqu’à 22h.
Tarifs : 14€ en ligne, 15€ sur place, réduits 10€ / 11€, gratuit pour les moins de 26 ans
*Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Jean Gaumy académicien, ils seront intéressés par les pages le concernant sur le site de l’Académie des beaux-arts dont il est le vice-président pour 2025.

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