Exposition

Itinérance, l’Académie de beaux-arts expose les résidents de la Casa de Velazquez

Envie d’exposition ? A découvrir du mardi au dimanche de 11h à 17h jusqu’au 21 mars 2021, entrée libre et gratuite. Itinérance ce sont des peintures, de la vidéo, des gravures, des dessins, des collages… De la création.

Le pavillon Comtesse de Caen (26 quai Conti, Paris 6e), la galerie d’exposition de l’Académie des beaux-arts accueille des travaux de jeunes artistes qui étaient en résidence à Madrid, en 2019-2020, à la Casa de Velazquez. L’Académie des beaux-arts partenaire de cette école française à l’étranger est présente au sein de son conseil d’administration et de son conseil artistique.

De gauche à droite, quatre anciens résidents : Clément Fourment, Guillaume Valenti, Marine de Contes et Justin Weiler

 La Covid 19 a changé la donne de l’exposition Itinérance, les travaux réalisés à Madrid n’ont pas pu être tous acheminés jusqu’à Paris. La précédente étape était le Festival Viva Villa !* en Avignon. Il a été prolongé jusqu’au 14 mars 2021. Alors pour notre plus grand plaisir, les résidents de la Casa de Velazquez dont les œuvres sont présentées ici ont su rebondir et nous offrir une exposition séduisante, avec des œuvres créées à la Casa et/ou d’autres en parallèle. Nous avons pu rencontrer quatre de ces artistes qui nous ont parlé de leurs réalisations et de leurs projets.

Silabario, une vidéo fait résonner le langage sifflé, le Silbo.
Marine de Contes devant une toile de la forêt de lauriers

Marine de Contes, cinéaste, réalisatrice et monteuse. Elle a développé à Madrid un projet de film qui fait partie de la sélection pour le festival Cinéma du réel, au Centre Pompidou, programmé du 12 au 21 mars prochain. Elle a concentré son étude sur la petite île volcanique de Gomera (Canaries) et ses habitants, 372 kilomètres carrés, entre montagne et mer. Cette île a perdu 11% de sa forêt primaire, laurisylve  (forêt de lauriers), en quelques minutes lors d’un incendie en 2012. Elle présente ici  Mouvements du Paysage, une installation vidéo mise en musique par Etienne Haan qui utilise le silbo le langage sifflé de l’île. La jeune artiste attentive aux questions environnementales et humaines, à la conservation du patrimoine naturel, s’est familiarisée avec le langage sifflé, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, depuis 2009.  Il permet de communiquer à distance. Quelques anciens l’enseignent aux jeunes à l’école. La réalisatrice l’a utilisé pour la bande sonore de son film.

Clément Fourment, une série inspirée de Goya
Clément Fourment

Clément Fourmentles Caprices de Francisco Goya l’inspirent. Il dessine, grave, mais ici « El  sueno de la razon… » n’engendre comme monstres que des marionnettes. Cependant devant ses autres œuvres actuellement en Avignon, Claire Peressotti a écrit « Entre les pigments ténébreux et le blanc d’Espagne, Clément Fourment effleure et grave, et le songe de sa raison semble assoiffé d’engendrer les âmes les plus ardentes. »  La Casa est un lieu d’échange. Il y a ainsi débuté la céramique. « Leticia Martinez-Pérez m’a initié à la céramique et de mon côté j’ai expliqué ma technique de gravure à KatarzynaDepuis mon retour, je fais de la céramique. De ma fenêtre à la Casa, je voyais chaque jour un château. C’est ce château du Moyen Âge que je suis en train de réaliser en 1mx1m et que je finalise dans un atelier de l’Oise..»

Justin Weiler devant le Bouquet pour Annie (4x3m)


Justin Weiler.  Il a obtenu, en 2018, une mention de l’Institut de France par l’Académie des beaux-arts de Paris pour le prix Pierre David-Weill. 

 Operire, couvrir, recouvrir, cacher, dissimuler est son leitmotiv.

Avec l’encre de Chine, il joue sur la transparence, les nuances. Le travail présenté en Avignon est inspiré du Palacio de Cristal du parc du Retiro à Madrid. Rideaux de fer, vitrines de magasins deviennent un prétexte à un jeu de matière et de lumière. Les grandes œuvres présentées à la Collection Lambert n’ont pas pu être déplacées.

Justin Weiler, premier dessin du Bouquet

Paris ne peut donc pas les accueillir. Il nous propose une œuvre en format  XXL. Un tableau monumental  de 395×293 cm le « Bouquet pour Annie ».  Il y explore le thème de la vanité, les fleurs y poussent, s’étirent vers le haut, se fanent, meurent, jonchent le sol. Cette œuvre totalement modulable,  81 rectangles de 31x41cm à l’encre de Chine, occupe tout l’espace qui lui est alloué. Ce bouquet, cette vanité est né d’une scène de fin de marché : « une femme faisait un bouquet avec des fleurs laissées sur place… »


Après sept ans de peinture à l’huile, il a exploré les possibilités offertes par l’encre de Chine. Renonçant au noir, il se tourne maintenant vers le jeu des couleurs complémentaires sur des verre superposés. Verres de couleur rouge et/ou jaune et/ou bleu qu’il associe pour de nouvelles transparences colorées. Il aime ce jeu frontal qui crée toujours et encore en surface, génère une profondeur, un espace clos sans perspective. Ce qu’il y a derrière ne l’intéresse pas.

Guillaume Valenti des peintures conçues comme des espaces d’exposition
Guillaume Valenti, entre décoration et livre peint sur bois

Guillaume Valenti. Il prend pour sujet un espace d’exposition. Il va à partir d’éléments qu’il a collecté et qui l’inspirent agencer cet espace de manière méticuleuse. Il demeure attentif à l’apport de lumière. Ses univers favoris sont les espaces d’expositions, les lieux alternatifs. De manière compulsive, il cherche des documents sur des blogs de galeries, des documents photographiques personnels ou trouvés sur Internet. Dans ses grandes toiles, le cadre est toujours mis en premier. Ici le cadre est celui d’un ancien garage. Il s’inspire du mobilier urbain. Il meuble chaque espace au fur et à mesure à la recherche d’un dialogue avec l’architecture intérieure. Il est inspiré par Gilles Aillaud. Il explore l’univers du livre. Deux  peintures sur bois sont présentées ici. Il puise ses idées dans l’œuvre de Guy de Cointet pour lequel le livre était aussi objet, la poésie performance. Il est membre d’un incubateur d’artistes Poush-Manifesto, 6 boulevard du Général Leclerc, à Clichy. Cet immeuble de 7 étages réunit près de 200 artistes.

Visuel de Katarzina Wiesiolek ayant servi pour l’affiche d’Itinérance
Leticia Martinez-Pérez

Katarzyna Wiesiolek a reçu en 2017, le prix de dessin Pierre David Weill de l’Académie des beaux-arts. Elle évoque les origines de la vie sur la terre.

Ils étaient onze résidents et deux boursiers, l’un de Valence et l’autre de Saragosse.

Katarzina Wiesiolek

On peut encore citer :

-Leticia Martinez-Pérez,
-Pierre Bellot,
-Benjamin Mouly,
-Hugo Deverchère,
-Francisco Rodriguez Teare,
-Sara Kamalvand,
-Keke Vilabelda,
-Thomas Andrea Barbey.

Festival Viva Villa !

*Rappelons que le festival Viva Villa ! initié en 2016 est un festival de résidences d’artistes.

Il réunit des travaux des résidents de la Casa de Velazquez à Madrid, la Villa Kujoyam à Kyoto et la Villa Médicis à Rome, soit 51 artistes dans 21 disciplines.

En France, Avignon accueillait initialement Viva Villa !, d’octobre à janvier 2021, à la Collection Lambert, le musée d’art contemporain né à l’initiative d’un marchand d’art et collectionneur. 

Itinérance devait ensuite gagner Paris, en février. Mais avec la Covid, la manifestation a été fermée puis réouverte. Ainsi le festival Viva Villa ! a été prolongé jusqu’au 14 mars 2021; de plus faire venir des oeuvres restées à Madrid s’est avéré très compliqué.

Pierre Bellot

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