
Sous la Coupole de l’Institut de France, l’installation d’un nouvel académicien dans la section des membres étrangers associés est un événement peu ordinaire.
Chacun y apporte ses spécificités, ses origines et ses passions qui le lient à l’Académie des beaux-arts.
A l’heure de la sortie, le nouvel installé est, sur le perron, avec les Académiciens.
La présidente Coline Serreau et le vice-président Jean Gaumy l’entourent avec le secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard.
Il pose pour la photo traditionnelle, ci-dessus, avec le bureau 2025, mais aussi pour les photographes.

Les rencontres se multiplient, tout le monde veut approcher l’artiste.



Revenons à la cérémonie sous la Coupole

Ainsi que l’a démontré Erik Desmazières de la section gravure et dessin, toutes les activités que pratique William Kentridge sont présentes à l’Académie. Son parcours oscille entre arts vivants et arts plastiques, lui qui a fondé avec Bronwyn Lace le Centre pour la moins bonne idée (Center for The Less Good Idea) sait que les trop bonnes idées sont sources d’utopies catastrophiques.
Hors d’Afrique, le Centre est dans l’actualité. Il s’est produit à la Fondation Cartier au printemps 2024.
En juillet 2024 pour la Fondation Luma, à Arles, en collaboration avec le festival d’Aix en Provence, il a créé « The Great Yes, The Great No », une évocation du voyage du Capitaine Paul Lemerle, de Marseille à la Martinique en 1941 (222 passagers dont André Breton, Anna Seghers, la photographe Germaine Krull, auxquels l’artiste a ajouté le président du Sénégal Léopold Senghor, et pour la Martinique le couple Césaire, Franz Fanon, Joséphine de Beauharnais et Joséphine Baker)

(William Kentridge-Académie des beaux-arts)
Né en Afrique du Sud, il a un an quand Nelson Mandela est arrêté en 1956. L’avocat Sydney Kentridge son père défend la lutte contre l’apartheid, comme le fera sa mère.
Il découvre, en 1960, la cruauté du conflit entre les communautés lors du massacre de Sharpeville. En avril 1968, Martin Luther King est assassiné à Memphis. L’Apartheid s’est durci. 1976 est l’année des émeutes de Soweto. Il retrouvera l’optimisme, en 1990, avec la libération de Nelson Mandela (arrêté en 1962) qui sera élu président en 1994. Dès 1993, les artistes d’Afrique du Sud sont à nouveau invités à la Biennale de Venise. Ces années seront celles des films d’animation graphiques, les Drawings for Projections. Georges Méliès lui inspire une série présentée à la 51e biennale de Venise.

2012, Il crée l’installation-spectacle sur la perception du temps The Refusal of Time avec la danseuse sud-africaine Dada Masilio (décédée en décembre 2024), en collaboration avec le compositeur Philip Miller.
2016, il installe une fresque sur les murs des quais du Tibre à Rome. Il raconte Rome, de Romulus à Pasolini, à la façon d’Ernest Pignon Ernest Triumphs and Laments (550mx10m). La cérémonie dans son intégralité est à retrouver avec le lien en fin d’article. Cette première partie s’achève avec William Kentridge interviewant William Kentridge.

A son tour, William Kentridge rend hommage à son prédécesseur

Élu le 15 septembre 2021, il succède au joaillier grec Ilias Lalaounis décédé en 2013 qui appartenait à une famille d’orfèvres et horlogers. Ils étaient originaires de Delphes, depuis quatre générations. Il a travaillé l’or « en conversation avec le passé », s’appuyant sur son héritage grec et d’autres cultures celtique, japonaise, amérindienne… Il a fondé au pied de l’Acropole un musée qui porte son nom, conserve ses réalisations et celles d’autres joailliers, de 1957 à 2002.
William Kentridge a salué le parcours de son prédécesseur qui a vécu jusqu’à 93 ans, « présage de longévité… Occuper un fauteuil jusqu’à la fin de sa vie est à la fois rassurant et anxyogène », soulignait-il en introduction.

Il nous a offert, en conclusion, un spectacle musical avec un film qui a débuté par des percussions d’Angelo Moustapha. Suivaient un extrait de Romance sans paroles de Félix Mendelssohn, de Tango for Page Turning de Philippe Miller avec Vincenzo Pasquarillo au piano et Joanna Dudley au chant.

Puis est venue le moment solennel de la remise de l’épée

par Astrid de La Forest.

Catherine Meurisse de la section gravure et dessin, la benjamine de l’Académie des beaux-arts, a lu le discours préparé par Astrid de La Forest qui n’a pas pu être présente.
Elle a remis à l’Académicien non pas une épée mais une épée-bâton sculpté dans du bois de noyer foncé par Jacques van Staden. Autour du sommet du bâton, un ruban de perle avec sa légende tissée par un collectif de femmes du Zimbawe, les Marigold Beats « FIND THE LESS GOOD IDEA. CHERCHE LA MOINS BONNE IDEE. »

Moment de détente entre Académiciens, après la cérémonie :

L’intégralité de la séance d’installation de William Kentridge, textes et vidéo, sont à retrouver sur le site de l’Académie des beaux-arts.
