Beaux-Arts

Tania Mouraud, une peintre-corsaire à l’Académie des beaux-arts

Élue le 27 mars 2024 au fauteuil VIII de la section de Peinture, fauteuil précédemment occupé par Guy de Rougemont, Tania Mouraud vient d’être installée officiellement, sous la Coupole de l’Institut de France, par sa consœur la chorégraphe Blanca Li au sein de l’Académie des beaux-arts.

Les membres de la section Peinture, de gauche à droite, autour de Tania Mouraud : Ernest Pignon-Ernest, Fabrice Hyber, Nina Childress, Philippe Garel, Gérard Garouste, Jean-Marc Bustamante. (Photo Edouard Brane)

Une séance d’installation à laquelle les Nautes de Paris ont eu le plaisir d’assister.

Les femmes de l’Académie des beaux-arts sont maintenant 17. Quatre d’entre elles sont réunies sur cette photo. Eva Jospin (sculpture), Catherine Meurisse (gravure et dessin), Blanca li (Chorégraphie) et Tania Mouraud (Peinture).

Sous la Coupole de l’Institut de France, tous les invités, journalistes, proches, membres de l’Institut, personnalités, VIP se sont levés pour l’arrivée des membres de l’Académie des beaux-arts. Progressivement. Académiciens et correspondants des différences sections se sont installés.

Acte 1 – Le discours d’installation de Tania Mouraud à l’Académie des beaux-arts

Blanca Li a prononcé le discours d’installation de Tania Mouraud, suivi avec intérêt par le Secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard, La présidente Coline Serreau et Adrien Goetz.

Blanca Li a souligné pour nous une œuvre de Tania Mouraud « sans cesse renouvelée, en faisant de l’espace votre toile et du monde votre modèle (…) » qui « (…) s’est construite comme un refus de l’immobilisme, de l’oubli, et du silence. Vous ne cessez, a-t-elle dit, de défier les cadres préétablis et les canons patriarcaux, réinventant à votre manière ce médium si traditionnel qu’est la peinture. Faisant du langage l’un de vos champs de bataille et de la peinture l’une de vos armes, chacune de vos œuvres est un acte de résistance, une manière d’écrire contre la disparition. »

Peintre autodidacte, sensible aux œuvres d’avant-garde, dès 1968, Tania Mouraud a eu un déclic, notamment, face aux 85,3 mètres de la colonne gonflable « 5600 Cubic Meter Package de Christo et Jeanne-Claude, » présentée à la 4e Documenta de Kassel. De retour dans son atelier, elle a détruit l’intégralité de ses œuvres peintes.

L’artiste brûlera ses peintures en 1968 (photo de l’Autodafé -Tania Mouraud-Académie des beaux-arts)

Elle a depuis veillé sans cesse à se renouveler. A la recherche d’une définition de l’art, elle s’est interrogée sur « le rôle joué par le regard du public dans l’existence des œuvres… l’art transforme notre regard sur le monde ».

Dès 1977, avec City Performance n°1, elle affiche 54 exemplaires d’un mot sur des panneaux 3x4m réservés à la publicité et confronte ainsi le potentiel de la peinture murale face au pouvoir de la culture commerciale.

City Performance n°1 : NI, 54 affiches dans la ville (Photo Tania Mouraud-Académie des beaux-arts)

Elle explore de nouveaux médiums, de nouvelles techniques, de nouvelles thématiques. Avec « La photographie, peinture du XXIe siècle », ce sont les séries comme Made in Palace, Balafres ou Nostalgia. Elle réalise des performances sonores. Le son rythme ses vidéos sur le thème de la destruction : comme la clarinette de Claudine Movsessian dans Sightseeing qui nous conduit jusqu’au camp de concentration de Natzweiler-Struthos en Alsace ; ou Ad Infinitum la danse des baleines. Elle met en concordance des textes, des déclarations, de l’écriture, des sentiments…
Sa série Dreams résonne à l’infini comme un écho puissant du message de Martin Luther King « I have a Dream »  inscrit dans plus de 25 langues et sur son épée.

Échanges chaleureux, remerciements avant le discours de Tania Mouraud

Acte 2 – L’hommage de Tania Mouraud à Guy de Rougemont

Tania Mouraud rendant hommage à son prédécesseur

« Il était un peintre majeur qui avait à cœur, pour le citer, de vérifier dans les trois dimensions ce qu’il explorait sur la surface de la toile et de fondre en une seule et même pratique la peinture et la sculpture... Il explorait avec jubilation les limites de la peinture. »

De la géométrie avec l’ellipse en deux puis en trois dimensions dont il « soulignait lui-même la sensualité de la courbe »

1967, Hall Fiat des Champs-Elysées (Guy de Rougemont-Académie des beaux-arts)

Aux États-Unis, au contact de Robert Indiana, Marisol et Andy Warhol « il troque ses tubes de peinture à l’huile contre des pots de peinture acrylique. » En 1968, il propose d’utiliser la sérigraphie pour la contestation, aux étudiants des beaux-arts. Une discipline qu’il va utiliser avec l’imprimeur d’art Eric Seydoux. Ce dernier s’installera à ses débuts dans l’atelier de Guy de Rougemont.

Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (Guy de Rougemont-Académie des beaux-arts)

Il a produit de nombreuses pièces de mobilier sculpturales. Il a porté « l’art au-delà des murs des musées…au contact du public non spécialiste... » étudié « l‘évolution de la couleur en extérieur. » Avec ses réalisations au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ou encore au Musée d’Orsay avec les parvis en marbres colorés. Tania Mouraud souligne que son confrère Adrien Goetz a observé qu’il « aime évoluer au seuil de l’institution. »

Tania Mouraud déclare dans sa conclusion : « Ses dessins, ses tableaux nous rappellent que la beauté est partout, que l’ordinaire peut-être extraordinaire que la simplicité peut-être sublime et que le langage de l’art est avant tout une langue vernaculaire que nous partageons tous et toutes. »

Acte 3 – La remise de l’épée

L’arrivée de l’épée, l’artiste a choisi de faire réaliser un sabre

Hélène Guenin directrice de la Fondation Yves Klein fera un beau discours avant la remise de l’épée.

La Remise de l’épée par Hélène Guenin

La forme choisie est celle d’un sabre, pour son épée d’académicienne, afin de rendre hommage aux femmes corsaires.

Quatre typographies l’ornent. Sur la poignée est gravé « I HAVE A DREAM », sur le pommeau « NEKOME » du terme Yiddish signifiant Nemesis en typographie du IIIe siècle avant J.-C. ; sur la garde à partir d’un alphabet hébraïque moderne, l’artiste a créé une typographie qui reproduit la phrase « Je ne suis pas née pour me soumettre » gravée en Yiddish de manière aléatoire « IKH BIN NISHT GEBOYREN ZIKH UNTERTSUGEBN ».

Un sabre, comme épée d’Académicienne, fièrement brandit sous la Coupole. Xavier Darcos Chancelier de l’Institut de France était présent, fidèle aux cérémonies de l’Académie.

4 – Lecture de poèmes par sa petite-fille Ananda Brizzi pour conclure cette installation

Ananda Brizzi poétesse, petite fille de Tania Mouraud a lu avec passion des extraits de Flash’s le premier livre de poèmes de Tania Mouraud.

5 – Dans la cour de l’Institut de France

Après avoir descendu les marches, les invités et Académiciens ont entouré l’artiste qui vient d’être installée avec de nombreuse questions et beaucoup de curiosité vis-vis de son épée-sabre.

Le secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard en sa compagnie évoquait, sans doute, avec elle les travaux à venir des différentes commissions.
Une lame qui a intéressé les membres de l’Académie comme Fabrice Hyber et Édith Cana de Chizy

Sur la lame gravée recto verso
sont inscrits les prénoms
de ses six petits-enfants
et de
trois arrières-petits-enfants.

Les compliments de l’académicien Guy Savoy (membre libre) qui sera bientôt installé à son fauteuil.

Pour retrouver l’intégralité de la séance et les discours suivez le lien https://www.academiedesbeauxarts.fr/seance-dinstallation-de-tania-mouraud-lacademie-des-beaux-arts

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