Juin 2019, nous pénétrons dans un immense parc qui garde encore la trace de la terrible tempête de 1999 ; 700 arbres ont été replantés.
Nous passons près d’un embarcadère.
Des barques attendent les rameurs pour une balade sur l’Yerres.
Gustave Caillebotte a peint ici des scènes devenues célèbres qui unissaient ses deux passions, la peinture et les bateaux.
A Yerres qui est aujourd’hui dans le département de l’Essonne, créé en 1968, il réalisera 89 toiles, dont une vingtaine a été inspirée par la rivière, ses abords, la baignade, la pêche mais aussi les embarcations.
Son père avait choisi Yerres afin d’avoir comme toutes les familles aisées parisiennes, une maison de villégiature pour que ses quatre fils pratiquent des activités de plein air, lui-même s’occupant d’un potager. Il transmettra à Gustave la passion de l’horticulture et des plantes rares comme les orchidées.
Les Nautes de Paris vous emmènent pour une escapade chez les Caillebotte à Yerres. Martial Caillebotte le père fournissait en draps les armées, une activité rémunératrice. Cette grande famille parisienne de la fin du XIXe siècle fuyait, de 1860 à 1879, la poussière et le bruit des grands travaux du Baron Haussmann qui étaient en train de transformer la capitale. A cette occasion, il s’est porté acquéreur d’une parcelle sur laquelle il a fait construire un hôtel particulier de 3 étages, aujourd’hui détruit, derrière l’Opéra, à l’angle des rues de Miromesnil et de Lisbonne. La famille y emménagera en 1867.
Une propriété du XVIe siècle, 11 hectares à Yerres
En 1824, Pierre-Frédéric Borrel, le célèbre restaurateur propriétaire du Rocher de Cancale, rue Montorgueil, à Paris, va donner son allure actuelle à cette maison de villégiature.
Il transforme la maison en villa palladienne avec une orangerie, une chaumière, un banc couvert japonais, un kiosque surmontant la Glacière indispensable pour les grands repas qu’il y prépare pour ses riches clients.
Il vendra à l’orfèvre de Napoléon 1er, Martin-Guillaume Biennais. Celui-ci a réalisé la couronne de lauriers du sacre de l’Empereur que l’on voit sur la grande toile réalisée par David.
L’orfèvre fait quelques aménagements intérieurs, côté décoration.
Le 12 mai 1860, Martial Caillebotte achète la propriété aux héritiers de Mme Veuve Biennais
Martial Caillebotte père décide dès l’acquisition en 1860 de conserver les décors et le style de sa « maison de campagne ».
Cependant, il fait réaménager le salon de jeux, construire un chalet suisse, une volière, un lavoir.
Pour son fils Alfred qui sera le curé de Notre Dame de Lorette, à Paris dans le quartier de la nouvelle Athènes, il fait construire une chapelle, afin qu’il puisse, lors de ses séjours, célébrer la messe pour la famille, les amis et le personnel.
Martial y pratiquera le piano et Gustave la peinture dans l’atelier d’artiste du 3e étage ou à l’extérieur dans le parc comme ses amis impressionnistes.
Les deux frères, vont vendre la propriété après le décès de leurs parents et acheter une propriété au Petit Gennevilliers. A Paris, ils habiteront rue de Miromesnil puis Boulevard Haussmann et rue Scribe. Avec son frère Gustave, ils vont se consacrer à la navigation, la construction de bateaux et les régates.
Gustave a été propriétaire d’une vingtaine de voiliers.
Ils seront aussi des philatélistes hors pair. Gustave est né en 1848. En 1849, le premier timbre français est mis en circulation. Leur collection vendue à un philatéliste britannique est aujourd’hui au British Museum.
Gustave Caillebotte décède en 1894.
Mécène des impressionnistes, refusé comme eux, Auguste Renoir a voulu qu’il expose avec eux dès le début, il participera à leur seconde exposition.
Il a constitué une importante collection afin d’aider ses amis peu appréciés à l’époque.
Il leur a acheté des toiles comme, « Gare Saint-Lazare» à Monet ou le « Bal du Moulin de la Galette» à Renoir, qui sera l’ami de la famille et son exécuteur testamentaire.
Avec son frère Martial, ils feront accepter selon son testament de 1876, rédigé après le décès de son frère René, 40 œuvres sur les 65 du legs à l’Etat. Elles seront exposées au musée du Luxembourg, trois ans après son décès. Elles sont aujourd’hui au Musée d’Orsay. En 1921, un journaliste signalait à propos des peintures refusées : « Elles sont accrochées dans l’appartement de la rue Scribe de Mme veuve Martial Caillebotte et dans sa villa de Pornic. »
Son frère Martial, a été l’ami de Gabriel Fauré, Camille Saint-Saens, Claude Debussy.
Il a écrit pour le piano, pour l’orchestre, ainsi que de la musique religieuse dédiée à son demi-frère Albert le prêtre. Admirateur de Wagner, il ira à Bayreuth avec Renoir. En 1887, il épouse Marie Minoret.
Maurice Minoret son beau-frère va lui faire découvrir la photographie. Il la pratiquera à partir de 1891. Il prendra des clichés sur les lieux où son frère a peint ses principaux tableaux, rendant compte du Paris qui se transforme.
Les photos conservées par ses descendants sont sorties des tiroirs en 2011 pour l’exposition :
Dans l’intimité des frères Caillebotte, peintre et photographe à Paris, au musée Jacquemart-André.
Il a notamment photographié son frère en promenade dans Paris avec la chienne bergère en 1892.
Devenue propriété communale en 1973, la propriété Caillebotte est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 5 mai 1993. Un programme de rénovation a été mis en place à partir de 1996 aidé par l’Etat, la région, le département. En 2012, elle a reçu le label Maison des Illustres.
En 2013, dans le 20e arrondissement de Paris, une rue Gustave et Martial Caillebotte a été inaugurée. Gustave est inhumé au cimetière du Père -Lachaise dans le caveau familial.
Pour en connaître davantage sur cette illustre famille : http://caillebotte.net/downloads/LaDynastieCaillebotte.pdf par Jean-Pierre Toussaint