Beaux-Arts

Le musée de la Comtesse de Caen une histoire à découvrir quai Conti

Il y a bien un musée de Caen, à Caen. Mais il s’agit ici de l’histoire de la comtesse de Caen et de celle du musée de Caen, à Paris, abrité au cœur de l’Institut de France.

Une histoire à découvrir quai Conti, au pavillon comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts, jusqu’au 30 novembre 2025, entrée libre et gratuite.

Le musée a été créé et ouvert par l’Académie des beaux-arts dans le pavillon Ouest de l’Institut de France, de 1879 à 1968, jusqu’à la suppression du Grand Prix de Rome…

France Lechleiter, commissaire de l’exposition devant Salomé d’Aimé Morot Grand Prix 1873, huile sur toile réalisée et déposée en 1880 dont on ne connaissait jusqu’ici qu’une photo en noir et blanc. Cette décapitation de saint Jean-Baptiste vue au musée dans les années 1921-1922 a impressionné un jeune peintre chinois Xu Beihong qui en a fait un petit pastel en 1922. A côté de Salomé, un plâtre déposé en 1879 de Jupiter et Léda de Jules Coutan, Grand Prix 1872.

L’historienne de l’art, France Lechleiter qui est chargée des collections à la Bibliothèque et Villa Marmottan a plongé dans les archives de l’Institut de France et de l’Académie des beaux-arts.

Documents, peintures, sculptures et photographies à l’appui, la commissaire nous ouvre les portes du musée secret de la Comtesse de Caen.

Il faut voir cette exposition pour retrouver l’esprit de ce pavillon qui a abrité le musée de Caen. Il porte le nom de la comtesse de Caen une femme hors du commun, collectionneuse, mécène et philanthrope.

La comtesse était l’héritière de la galerie Vivienne construite par son père.

La galerie Vivienne construite par le notaire Marchoux, 1823-1826

Par son testament rédigé en 1857 (ouvert en 1870), la comtesse de Caen, Anne-Sophie Marchoux épouse de Maximilien Eugène Léonidas comte de Caen, a légué sa fortune et la galerie Vivienne, créée par son père le notaire Louis Auguste Marchoux (1768-1854), à l’Académie des beaux-arts.

La Comtesse de Caen (1809-1870), portrait d’Adolphe Yvon 1875

Une fondation sera créée et lui survivra gérant son musée qui réunira ses collections, peintures, sculptures, tapisseries.

Salle thématique n°2 de l’exposition. Elle réunit des œuvres des architectes sur le thème : Dessiner l’Antiquité, le Moyen Âge et la Renaissance

Ne retenant ni les musiciens ni les graveurs, la volonté de la testatrice était que :

Vue sur la salle n°3 et l’entrée de la salle 4 où se trouve un panneau à propos de la carrière des Prix de Rome.

« Les artistes peintres, sculpteurs et architectes envoyés par le gouvernement à Rome, auront chacun après leur temps fini pendant trois ans une rente de quatre mille francs chacun. Les architectes qui ont moins de frais pour leurs travaux, n’auront que trois mille francs par an. Les artistes auxquels on donnera ces rentes (…) seront obligés d’en faire un dans l’espace de trois ans, pour mon musée, si mieux, ils n’aiment décorer une partie du musée… » (extraits de son testament conservé aux Archives nationales cités dans l’ouvrage qui accompagne l’exposition)

Le notaire Marchoux était un collectionneur de porcelaines de Chine et du Japon, de faïences de Delft, de la manufacture de Nevers. Sa fille a cherché à enrichir la collection. Le legs a été inventorié par Eugène Vaffier en 1877. Il était
présenté sur le papier peint floral, la collection Rose-Marie, réédition du XIXe siècle par Zuber & Cie.

Ses collections sont reçues par l’Académie dès mars 1877 ; 285 objets sont sélectionnés, inventoriés par Eugène Vaffier. L’aménagement intérieur peut commencer. Il sera achevé en 1882, mais seulement cinq peintures, trois sculptures et quatre dessins d’architectures des grands prix de Rome sont déposés à cette date.

Théobald Chartran : La peinture française à la Villa Médicis marouflée en 1884.
François Schommer : La Villa Médicis couronnant la comtesse de Caen marouflée en 1886.

En 1881 le peintre Albert Besnard a soumis ses panneaux décoratifs la Pensée et le Travail. Ils vont décorer les deux pilastres qui forment l’entrée de l’hémicycle. Dans la niche, en lettres d’or seront inscrites les clauses du testament et au plafond on pouvait découvrir le décor : La peinture française la Villa Médicis de Théobald Chartran, Grand Prix 1877, exécuté, déposé et marouflé en 1884. François Schommer, Grand Prix 1878, a réalisé le dernier grand décor peint pour le musée de Caen, exécuté en 1885, déposé et marouflé en 1886. Il s’agit aujourd’hui du premier plafond que nous découvrons à chacune de nos visites : La Villa Médicis couronnant la comtesse de Caen.

L’espace a vite été saturé car les œuvres sont de grands formats. La crue de 1910 va introduire une forte humidité durable et préjudiciable, même si des œuvres ont été mises en sécurité.

Le Secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts Charles-Marie Widor va mettre en valeur le musée de la comtesse.

En 1914, sous la conduite de Charles Marie Widor, compositeur, organiste élu à l’Académie en 1910, secrétaire perpétuel depuis juillet 1914, le musée est nettoyé, réorganisé.

Vous pourrez grâce à une photo de l’époque jugé de la scénographie du lieu. Notamment par un Jeu de miroirs : A droite Etude ou Jeune fille à sa toilette, pastel sur papier de Lucien Doucet, Grand Prix 1880, déposé en 1887. A gauche Suzanne de Paul-Gabriel Capellaro, Grand Prix 1886, plâtre exécuté en 1894, déposé en 1898.

Son orgue de salon(dix jeux) commandé à Gabriel Cavaillé-Coll (en 1892) peut y être installé pour des concerts, cérémonies et réceptions. Le 9 mars 1919, il reçoit la reine Marie de Roumanie, nommée correspondante de l’Académie. 

Vers 1966, le musée semble avoir été démantelé et les œuvres seront déménagées à Chantilly et probablement aux musée Jacquemart-André sans document officiel.

La grande salle sur le thème : Femmes puissantes et nudités triomphantes réunit des portraits intimes et de caractères ; des nus et des portraits dont les sujets sont puisés dans la vie moderne, la famille, la rue…

Le Musée comtesse de Caen, salle comtesse de Caen, Pavillon comtesse de Caen, a été rénové en 2019, sur une scénographie et les plans arrêtés par l’architecte et académicien Jean-Michel Wilmotte.

Le pavillon accueille désormais les expositions liées aux lauréats des prix de dessin Pierre David-Weill, de gravure Mario Avati, de photo Marc Ladreit de Lacharrière, d’architecture Charles Abella. L’Académie y rend hommage à ses amis académiciens disparus, dernier en date Trémois, l’anatomie du trait (18 juin au 28 septembre 2025). On y découvre chaque année le travail des résidents de la Casa Velazquez…

Hermine Videau, directrice de la communication et des prix, nous accueillait pour cette nouvelle exposition riche en informations dans ce pavillon qui accueille des prix sur lesquels elle veille avec passion.

Pour tout savoir sur la comtesse, son musée et la galerie Vivienne, il faut lire l’ouvrage qui accompagne l’exposition :
Le musée secret de la comtesse de Caen, par France Lechleiter ; Avant-propos par Laurent Petitgirard secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts ; Préface par Adrien Goetz de l’Académie des beaux-arts

Une coédition : Académie des beaux-arts et éditions Le Passage (256 pages au format 19,7x25cm. Prix : 35 euros)

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