Des couleurs sous toutes les formes géométriques.
Des toiles, des pastels et des sculptures, l’Académie des beaux-arts rend hommage à Guy de Rougemont* avec l’exposition « Incursion dans l’atelier de Rougemont » à voir jusqu’au 29 septembre 2024.
Élu membre de la section peinture en décembre 1997, il est décédé en 2021.
Les commissaires de l’exposition sont Adrien Goetz, président de l’Académie des beaux-arts pour 2024 et l’historienne d’art Julie Goy qui à la demande de Guy de Rougemont archiviste de son œuvre, avait reçu la mission de mettre de l’ordre dans ses documents et archives.
Il a laissé de nombreux documents en petits formats, des carnets de notes et dessins, des aquarelles, des maquettes et des dessins, des esquisses qui se déclinent pour des œuvres en deux ou trois dimensions qui sont eux aussi évoqués dans l’espace ci-dessus qui recrée son atelier.
Ainsi que le soulignait le secrétaire perpétuel :
« l’Académie n’a pas pour rôle de faire la promotion de chacun de ses membres qui sont tous des artistes connus et reconnus qui poursuivent leurs activités artistiques… »
L’Académie gère un patrimoine extraordinaire qui lui a été confié. Elle peut ainsi offrir des résidences aux artistes, de manière individuelle ou pour un projet de groupe comme à la Villa Dufraine (Chars).
Elle soutient la création et les artistes avec des prix, des concours, des expositions.
La disparition de l’un des immortels est l’occasion de saluer un parcours d’exception avec une exposition offerte au grand public puisque l’accès en est libre et gratuit.
Les Parisiens se souviennent-ils de la mosaïque de marbres colorés du parvis Bellechasse du Musée d’Orsay qu’ils ont piétinée lors de l’inauguration de l’établissement en 1986.
Homme dans la ville, entre New-York, Paris et Marsillargues, l’artiste était attaché à un art fait de couleurs qui s’inscrive dans le quotidien de la Cité et soit vu par tous jusqu’au bord de l’autoroute de l’Est. Méfiant à l’égard des musées, il a confié quelques grands formats au musée Fabre de Montpellier.
Gros plan sur la maison-atelier avec un espace reconstituant son atelier et sa table de travail.
Il aimait les jeux d’ombres et de lumière.
Tous les domaines l’ont attiré, les arts de la table, la décoration, la tapisserie, les vitraux, la sculpture, les meubles, le cinéma, l’écriture, la peinture murale, les sculptures monumentales…
Il voulait décloisonner les disciplines artistiques au sein de l’Académie des beaux-arts.
Il a tenté de convaincre les Académiciens sans succès. Il a pratiqué toutes les disciplines, même si à la base de toutes ses créations demeurait la peinture.
En 1967 à Paris, il avait décoré le Hall Fiat des Champs-Élysées créant une mise scène très originale. Il a installé ses œuvres peintes en forme d’ellipse sur toile écrue fixées sur des châssis de bois parmi les automobiles du constructeur.
En mai 1968, il rentrait des États-Unis où il avait côtoyé Andy Warhol. Avec le jeune Éric Seydoux, il crée, installe et anime, à l’École des Beaux-Arts, un atelier de sérigraphie d’où sortiront les célèbres affiches de la contestation étudiante.
Puis il prolongera ces travaux d’impression artistiques et engagés dans son propre atelier.
Les années 1970, sont marquées par les cylindres qui s’allongent et deviennent totems. Ces créations se multiplient à l’étranger, au Japon, en Amérique du Sud, en Allemagne, au Portugal, pour la biennale de Venise…
Moment magique, les vingt colonnes du péristyle du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, vont revêtir de manière éphémère des gaines de couleurs (1974).
La ligne serpentine, les formes courbes, occupent les années 2000.
Il a observé le travail de ses contemporains, de ceux qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire de l’art, ainsi que le travail de ses amis comme Eduardo Arroyo, décédé en 2018.
Comme d’autres artistes du XXe siècle, il appartient à ce courant de touche-à-tout, qui a pratiqué le décloisonnement des arts.
La dernière salle de l’exposition réunit quelques curiosités. Un superbe portrait nous accueille avec de nombreux détails voulus par Guy et Anne-Marie de Rougemont. Il est signé par Vincent Bioulès, co-fondateur du groupe Supports/Surfaces.
C’est aussi dans cette salle que vous retrouverez l’épée de l’Académicien qui était Commandeur des arts et lettres.
La poignée est gravée selon un détail du parvis Bellechasse du Musée d’Orsay. La poignée s’ouvre sur une boîte d’aquarelle. A l’intérieur du couvercle est gravé l’ex-libris dessiné par son père. Il porte la devise de sa famille « Age quod agis » qui engage à toujours faire correctement ce que l’on fait.
Quel homme était-il ? Adrien Goetz qui l’a connu souligne : » une personnalité double, courtois et blagueur. Un grand seigneur à l’ancienne… Lors de l’hommage aux disparus son attitude respectueuse dans son habit, lui faisait une silhouette 1er Empire. » Il était Fils d’officier, petit-fils d’un général d’Empire, peintre des batailles napoléoniennes…
N.B. La succession de l’artiste est représentée par la Galerie Ketabi Bourdet.
*Du 13 juillet au 29 septembre 2024, Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts, Palais de L’Institut de France, 27 quai de Conti, Paris VIe. Du mardi au dimanche, de 11h à 18h. Entrée libre et gratuite.