Chanson

A L’Européen, ouvert depuis 1872, le spectacle continue

Ce programme de L’Européen montre
le succès du Café Concert, en 1860.
(Doc. D. Cravic)

Les Nautes de Paris se penchent aujourd’hui sur l’histoire d’une salle de concert qui aurait pu disparaître.

Après la Commune de 1871 qui a partagé les Parisiens, les habitants ont repris leurs habitudes et ont une forte envie de distractions. Ils ont retrouvé les cafés-concerts également appelés café chantant.

Le quartier de l’Europe a été créé en 1820, entre la rue saint Lazare et le mur des fermiers généraux, les rues de Clichy, de Courcelles, du Rocher.

De nouvelles rues aux noms des capitales européennes ont été ouvertes.

1872, place Clichy, où débute la rue Biot, le Concert européen est inauguré.

La salle peut accueillir 600 personnes et rapidement devient L’Européen.

On s’y rend pour découvrir de nouveaux talents, des débutantes. 

La salle de la rue Biot ouverte en 1872
« Veux-tu grimper », une revue de 1901

Le chef d’orchestre est Hervé Christiné. Il écrira des chansons pour les artistes qui s’y produisent comme Harry Fragson qui dans les années 1900 s’accompagne au piano.

Pour Mayol, il arrangera entre autres « Viens Poupoule ». 

Jeanne Bloch y fait ses débuts en 1880. A 22 ans, elle passait en soirée également au Parisiana, à la Cigale et à la Scala.

En décembre 1905, elle reviendra à L’Européen pour y interpréter des pièces réalistes, des fantaisies humoristiques des revues et en 1909, « Cocorico » revue de Chanteclaire qui a été montée au Bataclan en 1908. La salle a fermé pour travaux et le spectacle continuait à L’Européen.

Polaire sera Claudine à l’école pour Willy

Chacune son style

Yvette Guilbert chantera
des chansons légères.
(partition: Le temps des chansons)

Polaire, fait un tour de chant en septembre 1890, à l’Européen. Elle a 14 ans. Elle va installer sa gestuelle et chanter sans corset, taille mince, cheveux libres.

Yvette Guilbert dans sa robe vert-amande et ses longs gants noirs a été ressuscitée à l’Européen par Nathalie Jolie, en octobre 2011, pour le spectacle « Je ne sais quoi » à partir des chansons de l’artiste et de sa correspondance avec Freud qui l’avait découverte sur scène, à Paris en 1889.

 Damia, chanteuse réaliste du Caf’Conc, se produisait en fourreau noir, dans les années 1910. 

En 1926, Berthe Sylva chantait « les roses blanches », créées par Mary Ketty (paroles de Léon Raiter), rendues populaires en passant à la radio tout comme, « on n’a pas tous les jours vingt ans ». Dans les années 1930, à Paris, on va l’écouter au concert Pacra, au Bataclan, à L’Européen.


Bruno Coquatrix directeur de L’Européen

Programme de L’Européen

Mais aussi de Bobino, de l’Etoile jusque dans les années 1960.

Il fait revêtir à Edith Piaf sa petite robe noire, après l’assassinat de son mentor Louis Leplée.

Boudée par le monde du spectacle, elle passe alors à l’Européen au printemps de 1936.

Elle enregistre ses premières chansons chez Polydor de 1935 à 1946. Elle a commencé à écrire avec Marguerite Monnot.

En 1952, Coquatrix reprend la Comédie-Caumartin puis l’Olympia qui ouvrira en 1954 et où elle passera pour la dernière fois en 1961.

En 1953-1954, la comédienne et chanteuse Suzy Delair (dans des costumes de Paulette Coquatrix), tient le rôle d’une plumassière dans l’opérette « La Mobilette ». 

Succès des années 1950 de Roger Nicolas
1000 représentations

Du côté des hommes 

D’une scène à l’autre, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les artistes courent le cacheton. Ils multiplient les passages.

 Paul Dalbret est passé au Trianon dans une revue avec Mistinguett. Il est l’auteur du grand succès populaire de l’époque, « la Valse chaloupée » sur laquelle a dansé Mistinguett avec Max Dearley puis Maurice Chevalier.

2000 représentations

Amuseurs et fantaisistes  

Vers 1903, sont annoncés au concert Européen, Georgius et Mayol. Celui-ci soignait son allure avec un brin de muguet à la boutonnière. Le succès grandissant, il aura en 1910 sa propre salle, le concert Mayol

André Claveau chantera dans les années 1950 « Cerisier rose et pommier blanc » sur une musique de Louisguy. Il écrira également la musique de « La Vie en Rose » écrit en 1945 par Edith Piaf qui l’enregistre en octobre 1946.

S’y enchaîneront revues, concerts, opérettes avec Tino Rossi.

Et dans les années 1950, Roger Nicolas avec « Bidule » et « Mon P’tit Pote », de Marc Cab et Jean Valmy y fêtera la 1000e et la 2000e

La salle s’arrondit et rebondit

Durant les années soixante, la salle va prendre sa nouvelle forme en rond et s’oriente vers le théâtre. Elle devient Le Théâtre en rond, de 1977 à 1983. La nouvelle programmation ne trouve pas son public. Abandonnée, fermée, squattée, on dit même qu’elle va abriter à l’étage un hôtel de passe. La salle s’achemine vers un projet de parking en 1987. 

Pour son Film La bande des quatre Jacques Rivette transformera la salle.

Anne et Philippe Hourdé qui ont créé en 1979, l’ESAT, rue Dulong, une prépa pour les écoles d’art cherche un espace plus grand. Ils vont sauver L’Européen. Ils l’achètent avec l’hôtel attenant en 1987. Ils unissent école et théâtre. Jacques Rivette qui cherche alors une salle pour tourner le film « La bande des quatre » avec Bulle Ogier, va y faire quelques aménagements. Il modifie la scène, supprime quelques gradins circulaires et lui donne l’allure que nous lui connaissons avec ses murs et ses fauteuils rouges. 

Aujourd’hui encore, les sièges entourent la scène à 210°, sans angles morts.

L’aventure continue, tour d’horizon non exhaustif

Sa façade, de nos jours, inspire les artistes de l’art de la rue.
Les Elles en concert en 2001

Thomas et Julien Hourdé, succéderont à leur père, en 2009.

Ils veillent à l’union entre la formation avec l’Ecole Hourdé (architecture intérieure, scénographie, décors de cinéma) et les spectacles avec le Théâtre de L’Européen.

Ils ont confié la partie spectacle à une société innovante qui assure la gestion et la programmation de la salle.

Julien Hourdé directeur de Hourdé Ecole supérieure des Arts et Techniques présente l’établissement professionnel comme une :

«   Véritable plateforme expérimentale et pluridisciplinaire, l’École Hourdé tire, en partie, ses structures originelles de l’école du Bauhaus. Elle est un tremplin vers le monde professionnel.
Le mot d’ordre est d’accompagner chacune et chacun dans sa singularité et sa personnalité.». 

Côté spectacles

Billet de l’Européen pour Marianne James et Robert Charlebois

En 2002, Julien Clerc dans le cadre de sa tournée des salles parisiennes «  Julien Déménage » passera à l’Européen. En 2005, Maxime Leforestier y chante Brassens. Le québécois Robert Charlebois a chaque retour en France passe par l’Européen (2003, 2012).

Pierre Barouh  a créé en 1966, le label Saravah, pour éditer ses chansons pour le film de Claude Lelouche : « Un homme et une femme ». En mai 2008, il y invitait ses amis, musiciens et chanteurs, pour la réédition en coffret de l’intégralité de ses débuts chez AZ (1962-1965).  

Dominique Cravic
Claire Elzière

Nouvelle soirée à L’Européen en mai 2015, à laquelle participaient, entre autres, Dominique Cravic et Claire Elzière.

Le musicien Dominique Cravic, auteur, compositeur, interprète, connait bien cette scène. Il y est passé, avec son groupe Les Primitifs du Futur (créé en 1986) aux influences métissées.

Guitariste, il a accompagné : Henri Salvador lors d’enregistrement (Jardin d’hiver) et sur scène ainsi qu’Olivia Ruiz, Georges Moustaki, Pierre Barouh … Ainsi que Claire Elzière (label Saravah) qui chante Pierre Louki et connait bien la scène de l’Européen.

 Car qui dit sortie de disque dit concert pour la promotion. Cette salle intimiste séduit. L’artiste y est au plus près des spectateurs.

Yannick Noah y a présenté son onzième album, fin 2019.

Vincent Delerme en 2022 à L’Européen

Vincent Delerme vient d’y fêter en 2022, les 20 ans de son premier album qu’il y avait présenté le 30 avril 2002. Calogero y était en concert en juin 2022.

La salle de spectacles a ses fidèles entre concerts et humoristes, one man show, Impro avec Michèle LaroqueBlanche GardinKheironMorgane CadignanOlivier de Benoist

L’Aventure se poursuit… L’école enseigne les recettes du succès.

L’Européen depuis 1872

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