Nous partons pour une visite dans des mondes animés par des rebelles qui se ressemblent mais qui sont si différents, d’un siècle à l’autre.
Alors qu’est ce que c’est qu’être Bohème ? Être totalement libre, créatif, imaginatif, transgressif, farceur, différent dans le fond et la forme, aimant faire la fête avec ses amis, rire, chanter, se travestir, explorer les paradis artificiels…
Avec le livre « Paris Bohème, 1830-1960 » de Bernard Matot, nous embarquons pour l’univers des Romantiques, des Maudits, des Funestes, des Zutistes, des Hydropathes, des Incohérents, des Fumistes, des Dadaistes, des Existentialistes… à Montmartre, Montparnasse ou Saint-Germain-des-Prés, la Bohème parisienne attirait les étrangers de toute la planète, notamment les Russes et les Américains.
Vagabond du Moyen-Âge, bohémien, poète, amuseur, marginal, ils inspirent le Bohème. Héritier de François Villon et de Pierre-Jean de Béranger nous le retrouvons en chef de file, en animateur tel Rodolphe Salis et son Chat noir, Aristide Bruant au Mirliton, Frédé au Lapin à Gill, devenu Agile, avec Mac Orlan et l’artiste peintre l’âne Lolo.
Le bohème se démarque par ses vêtements. En 1830, Théophile Gautier avec son gilet rouge se fait remarquer lors de la bataille d’Hernani à la Comédie française.
Le Bohème est artiste, étudiant, boit, fume, expérimente, aime le chahut. Il est « sublime et lamentable », écrit Alphonse Allais.
Il habite une mansarde au quartier latin, un atelier d’artiste à Montmartre, à Montparnasse. Un petit pavillon sans confort impasse Florimont, un logis pour Brassens où il écrit ses premières chansons.
Un hôtel à Saint-Germain, La Louisiane, ouvert depuis 1823, a marqué les esprits. Verlaine et Rimbaud y sont passés.
Cet hôtel a inspiré nos réalisateurs Jean-Luc Godard, François Truffaut, Agnès Varda. Y ont vécu, entre autres, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir. Albert Camus y répétait sa pièce huis clos en 1944, Juliette Gréco y invitait le musicien Miles Miller.
Le Bohème partage le gite et le couvert. Sans le sou, il vit et mange à crédit; à Montparnasse, à la Crémerie de Charlotte Caron dont Mucha a décoré la façade ; chez Marie Vassilieff, boulevard Brune, à partir de 1913.
Succès, argent, il les partage comme Toulouse Lautrec, l’aristocrate.
Les femmes cherchent leur liberté dans la Bohème. Déesses nues de défilé, de bal masqué, du célèbre bal des Quat’z’Arts, elles veulent sortir du rôle qu’avaient les grisettes, les polkeuses.
Les Lorettes s’effacent, deviennent muses quand elles tiennent un salon comme celui de l’artiste Nina de Villard peinte par Edouard Manet (1873) et mécène de Charles Cros.
Les modèles telles Kiki de Montparnasse s’affranchissent, pour influencer à leur tour.
Et un jour, Simone de Beauvoir publie le Deuxième Sexe (1949).
128 pages, au format 20×28 cm, broché avec rabats, 150 photos et documents. Direction éditoriale : François Besse ; suivi éditorial : Mathilde Kressmann ; relecture : Marine Bastide et Fabienne Texier-Pinson ; direction artistique et réalisation : Isabelle Chemin ; photogravure : Fotimprim, Paris (Edité par Parigramme/Compagnie parisienne du livre, Paris, 2021).
Prix: 19 ,90 €