Beaux-Arts

« Les Italiens » de Bruno Barbey, l’hommage de l’Académie des beaux-arts au photographe

A l’heure où s’ouvrait à Paris, l’exposition-hommage à Bruno Barbey « Les Italiens » en noir et blanc, le Chengdu Contemporary Image Museum en Chine présentait des photographies de la Chine en couleurs prises lors de ses voyages successifs, de 1973 à 2020. 

Les Italiens, » Il n’ont aucun complexe vis à vis de la photo« 

Au Pavillon Comtesse de Caen, Palais de l’Institut de France, l’Académie des beaux-arts rend hommage à Bruno Barbey (1941-2020), du 11 mai au 2 juillet 2023. L’académicien occupait le fauteuil n°3 de la section de photographie créée en 2005. Il avait été élu en 2016 avec Sebastiao Salgado et Jean Gaumy. 

Caroline Thiénot-Barbey veille sur l’oeuvre du photographe et les expositions qui lui sont consacrées.

L’exposition « Les Italiens » réunit des photographies sélectionnées par l’artiste, une soixantaine, peu de temps avant sa disparition.  

Celles-ci, 1963-1966, sont toutes regroupées dans l’édition publiée par Delpire & co, en 2022, avec une préface de Giosué Calaciura.

Le commissariat a été assuré par Caroline Thiénot-Barbey qui veille sur son œuvre et Jean-Luc Monterosso, correspondant de l’Académie. Caroline Thiénot-Barbey a choisi de projeter un film complément de l’exposition, pour la période 1962-1964, sur une musique de Nino Rota, réalisé au démontage de l’exposition, à la Maison européenne de la Photographie « Il fallait garder un souvenir, le livre n’était pas encore sorti. On y entend ses commentaires… »

Une inspiration venue du cinéma

Avec deux autres lycéens Barbet Schroeder et Eric Rohmer comme lui à Henri-IV (Paris Ve), il a fréquenté le cinéma Le Champollion (rue des Ecoles) et la Cinémathèque.

Il a découvert les films italiens néo-réalistes, comme Voyage en Italie (1954) de Roberto Rossellini, le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica ; les films de Federico Fellini, de Lucchino Visconti, ainsi que ceux de Pasolini.

Des photos sélectionnées peu de temps avant son décès.
Une famille sur une Vespa, pour la question favorite du photographe :
« Combien d’enfants? » 

Fasciné par cette Italie d’après-guerre, qu’il découvre dès 1962, il saisit des portraits sur le vif, mendiants, aristocrates, prostituées, mafieux, religieuses, marins, militaires, enfants, couples…

Il fait de courts voyages en Italie alors qu’il étudie la photo à Vevey, en Suisse. Les villes se succèdent Rome, Milan, Naples, la Sicile, Palerme, Cagliari, la Sardaigne, Les Abruzzes, Venise. Il y passera plusieurs semaines, à plusieurs reprises jusqu’en 1966. 

Il saisit les Italiens dans leur quotidien, de tous milieux sans compassion, sans prise de vue sordide.

Il capture selon son expression « le théâtre de la rue » car « ils n’ont aucun complexe vis-à-vis de la photo ». Son œil fixe ainsi selon son expression : « la beauté, l’humain, le positif ». 

Une vitrine réunit quelques uns de ses livres.

Derrière ces photos, un projet qu’il a présenté à Robert Delpire.

Il n’aboutira pas dans l’immédiat.

Il prépare un reportage pour un livre dans l’esprit de celui de Robert Frank Les Américains (1958) et Les Allemands (1962) de René Burri. 

Les photos des Italiens seront éditées pour la première fois en 2002 avec un texte de Tahar Ben Jelloun. Un beau livre publié par La Martinière. 

Du côté de la technique

Pendant deux ans, Delpire suivra le projet donnant un très léger coup de pouce financier. Pour le reste, Bruno Barbey s’autofinançait.

Photos « vintage » à partir de films de cinéma convertis en films photo.

Il trouvait quelques trucs et astuces comme « reconvertir des films de cinéma de 120 mètres en rouleaux de 35 millimètres. Il coupait les longueurs nécessaires et les insérait, la partie la plus délicate, dans des cassettes vides récupérées. Il assurait ensuite le développement de ses films, les planches-contacts et les tirages.»

Vous pourrez voir dans l’exposition des tirages vintage nés de ce process.

Caroline Thiénot-Barbey raconte des anecdotes, parle technique.

Bénéfice de ce reportage : « soutenu par Robert Delpire, il lui a permis de rencontrer Marc Riboud et Henri Cartier Bresson et d’être ainsi coopté à l’agence Magnum dès 25 ans. » Il sera président de Magnum international de 1992 à 1995.

Il est passé à la couleur à l’occasion de son premier travail pour le magazine Vogue, au Brésil en 1966. Il a pratiqué le numérique à partir de 2007.

Jean-Luc Monterosso était en Chine pour l’installation de l’exposition consacrée au photographe.

Il suivait les dernières évolutions de la prise de vue photographique, et lors de son installation à l’Académie des beaux-arts, il témoignait d’une vive inquiétude : « l’amélioration constante de la qualité technique des prises de vue, indépendamment de la compétence de l’utilisateur, s’est traduite par la prise de milliards de photos que presque personne ne regarde et qui finissent oubliées et abandonnées comme les emballages en plastique dans l’Océan Pacifique. »

En ce qui concerne ce grand reporter, ses photos poursuivent leur chemin. Elles partent sans cesse à la rencontre de nouveaux publics.

Après cette exposition d’autres sont à venir dans le monde, notamment à Milan pour les Italiens mais aussi au Brésil, au Chili, à Varsovie, en Pologne… car il a parcouru le monde et suivi son actualité…

L’Exposition est à découvrir au Pavillon Comtesse de Caen, Palais de l’Institut de France, jusqu’au 2 juillet. Elle est ouverte du mardi au dimanche de 11h à 18h, entrée libre et gratuite.

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