Aujourd’hui 30 novembre 2021, Les Nautes de Paris ont choisi de rendre hommage à cette femme terriblement humaine et libre qui entre au Panthéon.
Née en 1906 à Saint Louis dans le Missouri, Fréda Joséphine McDonald, après un premier mariage à 12 ans devient officiellement Mme Baker de 16 ans à 19 ans.
L’artiste Joséphine Baker
Paris la découvre dans la Revue Nègre en 1925, au Théâtre des Champs-Elysées.
Son humour, son assurance, sa silhouette, elle danse nue avec une ceinture de bananes en roulant les yeux et gonflant les joues. Elle fait craquer Cocteau et les Surréalistes.
Son léopard fascine ou inquiète.
Une femme libre
Elle a eu des amants et amantes, des partenaires, des amies et amis ainsi que des maris. Pépito Abatino, sera un temps son impresario.
Dès 1926, ils ouvrent ensemble une boîte de nuit, 40 rue Fontaine.
Epousé en 1937, Jean Lion fait d’elle une française.
Ils s’installent aux Milandes. Il est juif. Il quitte la France. Joséphine s’engage.
La Résistante, l’Espionne
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle devient une informatrice du service de contre-espionnage recrutée par le capitaine Jacques Abtey qui sera « son secrétaire ». Elle a son brevet de pilote, et dépendra de l’armée de l’Air.
Les informations qu’elles collectent sont écrites à l’encre sympathique sur ses partitions et les microfilms sont cachés dans ses sous-vêtements.
Elle a d’abord appartenu aux infirmières secouristes de l’air mobilisées par la Croix Rouge. En Afrique du Nord, elle travaillera pour la France Libre du Général de Gaulle, croulant sous les invitations et les informations.
Elle passera dix neuf mois à la clinique. Elle donnera cependant de nombreux galas au profit de la Résistance et remplira plusieurs missions, notamment au Maroc.
Elle a retrouvé, en Afrique du Nord, une armée américaine pratiquant toujours la ségrégation raciale contre laquelle elle lutte avec acharnement.
En 1944 en Algérie, elle est sous-lieutenant dans l’armée de l’Air et rentre en France avec ce grade.
La France avait découvert le jazz, à la Libération en 1918, avec les noirs américains venus se battre pendant la première guerre mondial.
La tribu Arc-en-ciel
Joséphine, va épouser le musicien Jo Bouillon en 1947. Ils achètent le château des Milandes où ils veulent créer un parc de loisirs, un village universel.
Dans les années 1950 lors de sa tournée aux Etats-Unis, elle se mobilise, encore et encore, contre le racisme pour que son public soit blanc et noir.
Ne pouvant plus avoir d’enfant, elle va en adopter douze, créant la tribu Arc-en-Ciel, unissant couleurs de peaux et religions. Ils vivent ensemble aux Milandes, jusqu’en 1969. La première adoption a eu lieu au Japon, en 1954.
Le 28 août 1963, elle est aux côtés de Martin Luther King lors de la grande marche pour les droits civiques des noirs.
En France, les concerts ne suffisent plus à faire vivre sa tribu, ses amis se mobilisent. La Princesse Grace de Monaco vole à son secours et la soutiendra jusqu’au bout. Elle meurt d’une hémoragie cérébrale à l’hôpital La Pitié Salpêtrière, le 11 avril 1975.
Elle est enterré à Monaco. C’est un cénotaphe qui entrera au Panthéon.
Joséphine Baker la star noire française, résistante, militante, combattante, féministe, femme libre entre seule au Panthéon.
Elle rejoint la 1ère femme présidente du parlement européen, l’Académicienne Simone Veil qui est accompagnée par son mari (2017) ; Deux résistantes l’ethnologue Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz entrées ensemble en 2015 ; le couple de chimistes et physiciens Marie et Pierre Curie réunis en 1995. Une première femme entrait au Panthéon en 1907, Sophie Berthelot. Elle accompagnait son mari le chimiste Berthelot.
Documentation : Delcampe.fr/Simari28 et Les Nautes de Paris.
Pour ceux qui s’intéressent à sa période de guerre, à lire :
Joséphine Baker contre Hitler ; la star noire de la France Libre, par Charles Onana (éditions Duboiris)