Livres et chroniques sur Paris

Claude Dubois :  » Visages, façons et coutumes du Paris populaire « 

Le journaliste, historien et linguiste, spécialiste du Paris populaire « mâtiné voyou », Claude Dubois nous offre ici une belle tranche de vie d’un Paris proche mais déjà lointain.

Vous aviez peut-être lu : Je me souviens de Paris (Parigramme, 2007). Cet ouvrage en reprend très largement le texte revu et complété par une iconographie qui nous projette le film d’un temps révolu.

Claude Dubois un narrateur qui a aimé ce Paris populaire dont il parle avec passion. (photo D. Germond)

On plonge dans un univers « d’hommes ». Des ouvriers en casquette portant fièrement leur blouse professionnelle. La tenue variait dans sa forme et sa couleur selon la corporation et la région d’origine. Au XIXe siècle, dès 7-8 ans, les enfants travaillaient eux aussi, de 6h du matin à 10h du soir. Côté femmes, leurs tenues indiquaient leur condition sociale. Celles-ci n’obtiendront le droit de vote qu’en 1944. Elles dépendaient donc des hommes auxquels elles donnaient leur salaire.

Une marchande du Carreau des Halles en 1953 (photo Robert Doisneau)

Au XIXe siècle et au début du XXe, les prostituées des fortifications étaient baptisées pierreuses, rôdeuses de barrière, elles étaient les plus pauvres, les plus mal vêtues. Les grisettes qui fréquentaient les bals portaient des robes indiennes, des bonnets, des bottines bon marché. Les lorettes, plus argentées car entretenues habitaient le bas de la rue des Martyrs. Elles ont eu des chapeaux de paille, des châles en cachemire.

La première guerre a démontré que les femmes pouvaient remplacer les hommes à tous les postes. Elles ont marqué des points, remplacé à tous les postes les hommes partis à la guerre. Les robes, les jupes ont raccourci offrant plus de liberté dans les mouvements.

Avec la seconde guerre mondiale, les Américains ont apporté un article de séduction pour toutes, les bas nylons. Ils pouvaient être stoppés et remaillés.

Un homme des Halles mangent quelques frites devant l’objectif d’André Zucca.

Les grands repas, les grands menus étaient réservés aux grands événements. La soupe de légumes était au rendez-vous du quotidien avec « la salade pour faire couler ». Le samedi ou le dimanche, le rosbeef ou le poulet se faisaient rôtir chez le boulanger. On allait parfois au restaurant manger le bifteck-frites-salade.

Les hommes buvaient du « Jaja », du Gévéor ou du Postillon. Le vin des Rochers était celui des contremaîtres. La boisson générait souvent « la chicore », « coups de boule et tartines » et « on se colleter, pour se colleter ».

Georges Carpentier à ses débuts

Pas de bon dimanche sans une bagarre inspirée de la savate, de la boxe française, de la boxe anglaise et du catch, mais surtout des performances des professionnels comme Carpentier ou Cerdan. Quant à la bricole pour ne pas avoir d’enfant, on sautait en marche, d’où l’expression « on envoyait l’enfant à la blanchisseuse ». La pilule n’arrivera qu’en 1966.

L’autre sport en vogue c’était le vélo, la « petite reine » avec les six jours du Vel d’hiv, et le Tour de France. L’auteur qui a beaucoup écrit sur la Bastoche et les voyous est également l’auteur avec le coureur cycliste Raphaël Geminiani de Mes 50 tours de France (éditions du Rocher, 2003).

 

A la Foire du Trône en 1941 (photo André Zucca)

Dans les années 1950, à côté des comédies musicales au Châtelet, comme en 1952 avec Georges Guétary dans  La route fleurie, les jeunes se retrouvaient à la fête foraine, au bal musette de la rue de Lappe comme leurs pères mais aussi dans les caves de saint Germain avec l’arrivée du Rock & Roll.

Pour l’auteur, le Paris populaire d’après la Révolution française, celui décrit par les écrivains a disparu. A Gavroche a succédé le Titi qui s’exprimait comme Mistinguett et Chevalier, Arletty et Gabin.

Cent cinquante ans d’histoire de la capitale sont évoqués ici jusqu’à la destruction des Halles dans les années 1970 et du Gaumont Palace de la place Clichy « Le cinéma des cinémas ».

Du Paris des voyous d’Auguste Le Breton, qui réunissait Auvergnats, Bourguignons, Normands, Picards, Bretons, Corses, Italiens, pieds-noirs… il reste encore quelques nostalgiques qui se retrouvent rue de Lappe, au Balajo le lundi après-midi, autour du fils de Jo Privat toujours à l’accordéon et Muriel au chant.

208 pages au format 20X28 cm, Broché avec Rabats ; 150 illustrations de Charles Marville, Eugène Atget, Brassaï, Édouard Boubat, Robert Doisneau, Jean Marquis, Gaston Paris, André Zucca… Direction éditoriale : François Besse ; Direction artistique et réalisation : Isabelle Chemin. Edition Parigramme/ Compagnie parisienne du livre, Paris, 2018. Prix : 25 €

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et son interview:

Commentaires

  • Maury jean" rel="external nofollow" class="url">Maury jean
    Comment posted on 3-15-2023 Reply

    Bjr j’adore vos reportages sur le bal a jo sur emile vacher félicitations

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