Chansons de Montmartre

Au Musée de Montmartre, la collection Weisman & Michel se dévoile

La collection Weisman & Michel qui réunit des oeuvres de nombreux artistes Montmartrois des années 1880-1916, de la fin de siècle à la Belle Epoque, est en dépôt au Musée Montmartre – Jardins Renoir. Phillip Dennis Cate, directeur émérite du Zimmerli Art Museum of New Jersey en est le conservateur.

Adolphe Willette, Chat sur une demi-lune, maquette, 1882.Encre sur carton, 57x52cm – Photographie@Stephane Pons

Nous avons pu à l’occasion d’expositions thématiques déjà présentées découvrir quelques unes de ces oeuvres. Aujourd’hui, les deux collectionneurs américains David E. Weisman et Jacqueline E. Michel ont décidé de présenter toute la collection soit plus de 150 pièces comprenant des illustrations pour la presse et l’édition, des peintures, des gravures, des dessins, des affiches et des grands formats comme Une paire d’amis (femme et chat noir) d’Adolphe Willette, une huile sur toile de plus de 1,6 m de haut.

Ils mettent sur le devant de la scène de nombreux artistes dont certains sont tombés dans l’oubli. ils sont réunis ici autour de trois d’entre eux, leurs préférés, Théophile Alexandre Steinlen, Henri-Gabriel Ibels et Suzanne Valadon.

Au fil de la scénographie d’Ignasi Cristia nous retrouverons, au centre de la vie nocturne, Rodolphe Salis avec son Chat Noir. Cet animateur qui pratiquait l’humour fumiste déclarait, en 1884 : « Qu’est ce que Montmartre ? – Rien ! Que doit-il être ? Tout. »

Photomontage de l’intérieur du Chat Noir avec quatre affiches de Chéret, publié dans Le Figaro illustré, juin 1896. Sur la photo entre autres Jean Rictus, Rodolphe Salis, Louise France, Madame Salis et Henri Rivière. (Collection privée, photographie@Dennis Cate).

Les murs du cabaret étaient couverts de créations d’artistes, des affiches, des peintures, des dessins qui trouvaient là un lieu d’exposition, ce que proposeront également les autres cabarets à ces artistes sans le sou. 

De courts spectacles étaient proposés avec des monologues, des poèmes,des saynètes, et/ou des chansons d’Aristide Bruant, Paul Delmet, Gaston Maquis, Paul Marinier et d’autres interprétées par des chanteuses comme Polaire ou la célèbre Yvette Guilbert… 

Albert Guillaume – Une femme qui passe, de l’album « Tristes et Gaies« , crayon et aquarelle, vers 1900

Les peintres notamment Henri-Gabriel Ibels illustrent des partitions. On pourra aussi découvrir dans une des salles les aquarelles de l’album d’Albert Guillaume « Tristes et Gaies », qui met en lumière la prostitution à travers les titres des chansons illustrées. En effet en cette fin du XIXe début XXe siècle l’épidémie de syphilis a touché les artistes, les écrivains, Baudelaire, Jules de Goncourt, Guy de Maupassant, Henri de Toulouse Lautrec, Georges Seurat, Paul Gauguin. On se soignait alors à l’arsenic et au cyanure! L’ambigüité de la femme à l’éventail est donc un thème récurrent. Mais c’est Eugène Delâtre avec « La mort vêtue de fourrure » (collection Gérard Jouhet) qui appuie le doigt sur l’issue fatale. 

Suzanne Valadon (1865-1938) L’Acrobate ou La Roue, 1916. Huile sur toile, 38×46,2 Photographie @Stephane Pons

Durant de nombreuses années Berthe Morissot et Mary Cassatt ont occupé le devant de la scène avant qu’on ne redécouvre Suzanne Valadon (Marie-Clémentine). Elle est au cœur de la collection. Jacqueline E Michel l’a découverte au National Museum of Women in the Arts (Washington DC) et s’est concentrée sur l’acquisition des œuvres de toute sa carrière. Le modèle était devenu peintre. La locataire du 12 avenue Cortot avait appris la technique en observant les artistes pour lesquels elle avait posé Jean-Jacques Henner, Pierre Puvis de Chavannes, Pierre Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, Amedeo Modigliani. Mais c’est Degas qui sera son parrain et l’initiera à la gravure taille-douce et au vernis mou.

Théophile Alexandre Steinlen, La Goulue et Valentin le Désossé dansant au Moulin-Rouge, 1895. Crayon et gouache sur papier, 23,5X50cm. Photographie@Christopher Fay

Montmartre, ses rues, ses places, ses spectacles comme le cirque qui a été une large source d’inspiration, ses lieux où on fait la fête et où on danse tout est réuni ici.


Le Musée de Montmartre- Jardins Renoir, 12 rue Cortot est ouvert tous les jours de 10h à 18h, d’octobre à mars. Prix d’entrée : 12 €
Et pour prolonger la visite et compléter les informations fournies, à lire : Collection Weisman & Michel, fin de siècle – Belle époque (1880-1916) une édition bilingue français-anglais, co-éditée par Musée de Montmartre-jardins Renoir et Hazan éditions, avec une préface de Geneviève Rossillon, présidente du Musée de Montmartre. 197 illustrations, 224 pages. Prix : 24,95€

A suivre en vidéo, la présentation par la directrice du Musée Fanny de Lépinau de l’exposition en présence de David E. Weisman

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