Exposition

Au MAHHSA : « Écrire l’Image » réunit des œuvres d’art, objets d’histoire, supports de texte

Le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne (MAHHSA) présente, du 12 janvier au 7 avril 2024, une exposition d’œuvres d’artistes-patients ouverte au grand public.

Anne-Marie Dubois la conservatrice et commissaire générale de l’exposition nous montre, dans la partie Inventions, une œuvre anonyme de 1889 présentée lors de lexposition internationale organisée à l’hôpital Sainte-Anne, en 1950. Un Auto-locomoteur aérien à grande vitesse pour migrer un mois, réalisé au crayon graphite, encre noire et crayon de couleur sur papier.

La collection compte actuellement 1800 œuvres et comporte un dixième d’œuvres textuelles. Elle continue à s’enrichir par des dons de psychiatres, d’institutions, de familles de patients et d’artistes. 1946, l’hôpital Sainte-Anne présentait une première exposition d’œuvres de malades mentaux. 1950, la première exposition internationale d’Art Psychopathologique y est organisée.

Marcel de Valoy (Marcel Lonjon dit) film pour Alain (Resnais), 1948, dessins à l’encre de chine, pages d’un cahier présentées lors de l’exposition internationale de 1950.

1954, le docteur Robert Volmat crée, à l’hôpital Sainte-Anne, un atelier de thérapeutique collective par l’Art, destiné aux patients.

Créations en atelier, à la gouache, à l’hôpital Sainte-Anne dans les années 1960-1970
12 octobre 1967, André Petit gouache sur papier

L’artiste-patient André Petit a réalisé, le 12 octobre 1967, une « Spirale obsessionnelle carrée dessinée pour emmerder les psychiatres. »

En avril 1967, Simone Mitais à la gouache, elle aussi en vert, écrivait :  » Je suis fragile « . Le 3 octobre 1967, elle affirmait et démontrait :  » j’ai perdu la Boussole.  » et le 13 juin 1968 : «  la fleur du BONHEUR PLEURE. « 

Solange Germain, le 15 janvier 1970, peint :  » Une fleur qui saigne. « 

Alors que le 12 octobre 1967, André Petit exprimait à la gouache noire :  » LE LAID ABSOLU « , souligné de trois traits.

Une présentation en deux parties de l’exposition, l’écrit image et l’image écrite

Série réalisée par Josome Hodinos (Joseph Ernest Ménétrier dit) artiste graveur. chacune de ces Médailles est accompagnée d’un texte très précis sur la manière de lire l’image. (dépôt collection Paul Sérieux)

L’exposition : Écrire l’image, réunit des objets d’art mais aussi des objets historiques attachés à des écrits de près de vingt artistes dont ceux de Josome Hodinos présentés pour la première fois.

Des écrits témoignages d’époque, de savoirs, de cultures, de mémoires…
Les écrits des Vies hospitalières, les lettres de patients sont autant de récits qui nous ramènent à un moment de leur histoire, de l’actualité, de la vie à l’hôpital.

Une première salle est consacrée à l’écrit, des objets d’histoire réunis sous les intitulés :  

Vies hospitalières, Écrit-objet, Poésies et récits d’invention ainsi que Du texte à l’œuvre.

Sont ainsi accrochées un total de 140 œuvres de début 1900, des années 1920, 1950, 1960.

A noter les travaux, écrits, récits et images de Maurice Blin, Auguste Millet, Claude Brun pour les plus connus, ainsi que ceux de la danseuse Amy Wilde.

René Héroult qui était ingénieur s’est penché sur Les bureaux et entrepôts de la Samaritaine, 15 avril 1948. Il nous propose une mise en page qui unit du texte à l’image sans lequel des éléments nous manqueraient pour comprendre.

L’image, support de texte(s) se décline, dans la seconde salle, en Mises en page, Inventions, La couleur des mots, Au verso.

Un accrochage qui permet de voir les rectos comme les versos

Recto verso, ces écrits qui sont rarement présentés, le sont ici.

(En Haut) Maurice Blin N.B.Q. (Notre Blin Quotidien), 10 décembre 1951 sur papier cartonné, Asile Sainte-Anne.
(En Bas) René Héroult, Les Cloportes 1948; à Monsieur le Docteur, remarques par René Héroult. Deux dates, Lisieux, 1915 ; Sainte-Anne, 1948. Au dos des chiffres et des notes au crayon.

Les supports des dessins et peintures réservent des surprises au verso. Ce que nous donnent à voir l’exposition.

Plusieurs versos de Claude Brun ainsi que de René Héroult, Dulac (ci-dessus), Maurice Blin, Alfred Passaqui sont à découvrir dans la partie consacrée à l’image.

Auguste Millet, Mistigris et Quinola, oeuvre lyrique en cahier, vers 1928. Don de la famille Berger-Thollot d’Yzeron-Rhône en 2019.

Le cahier de l’œuvre lyrique d’Auguste Millet se feuillette sur écran. Il s’agit de la partition de Mistigris et Quinola. L’auteur précise :  » Grand récit lyrique d’Hogier-Polignac  » et invite :  » L’on fait cercle autour du valet Hogier…  » 

Trois expositions consacrées aux écrits ont précédé celle-ci : La couleur des mots : l’écriture dans la peinture 1 et 2 (2007-2008) et Du visible à l’illisible (2013).

Appel au Mécénat, l’œuvre devrait être présentée au printemps 2024.

L’écrit œuvre d’art, à lire ou à voir, demeure le thème retenu pour les deux années qui viennent.

Déjà se prépare la présentation d’une œuvre monumentale en cours de restauration.

Elle est entrée à l’inventaire du MAHHSA, en décembre 2021 : le Plancher de Jeannot, réalisé par un jeune paysan béarnais.

Ce morceau de parquet de 15 mètres carrés est entièrement gravé de 80 lignes écrites en lettres capitales et poinçonnées.

Dans un premier temps, son histoire sera présentée dans « une perspective scientifique et didactique ».

Lors de sa deuxième présentation, des œuvres d’art contemporain seront « choisies pour leur résonance et leur correspondance avec sa forme et les différents sens qui peuvent lui être imaginés. »

Un lieu patrimonial, Musée de France depuis 2016. Ses salles d’expositions temporaires mettent en scène les œuvres de manière plaisante avec une agréable mise en lumière.

Le MAHHSA est 1 rue Cabanis, Paris 14e, Métro Glacière. Exposition à découvrir du mercredi au dimanche 13h-18h, entrée 5 €. Visite de groupe possible, pour se renseigner : musee@mahhsa.fr

Un catalogue indispensable avec une chronologie, des éléments biographiques et de nombreuses précisions ; rédaction : Anne-Marie Dubois, Margaux Pisteur, Kaithleen Touplain ; photographies : Dominique Baliko ; conception graphique : Mathilde Dubois ; relecture et correction : Océane Deruaz.
112 pages, 105 illustrations au format 17×24 cm (imprimé par Graphius, Belgique, décembre 2023). Prix : 20 euros

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