Bande dessinée

Académie des beaux-arts : Catherine Meurisse occupe le 1er fauteuil dessin

Le 30 novembre 2022 est « Historique », ainsi que le déclare Adrien Goetz qui prononçait, enthousiaste et plein d’humour, le discours d’installation de Catherine Meurisse, «  avec vous la bande dessinée, la caricature, le dessin de presse, entrent à l’Académie des beaux-arts. Ils auront attendus plus longtemps que le cinéma (1975 ndlr) et la photographie (2007 ndlr) »

Adrien Goetz membre libre de l’Académie des beaux-arts évoquera Daumier, Gustave Doré… des prédécesseurs… les passerelles entre ces artistes et nos contemporains de la BD.
Catherine Meurisse, avant de revêtir son costume d’Académicienne.

En effet, Catherine Meurisse avait été élue, le 15 janvier 2020, dans la section de peinture au fauteuil d’Arnaud d’Hauterives.

Elle avait été sollicitée pour dit-elle : « faire entrer par effraction la bande dessinée sous la Coupole de l’Institut (…) Joie des uns de voir entrer le 9e art dans la bergerie, terreur des autres de l’imaginer se figer dans le palais. » Elue dans la section peinture, elle commentait son intrusion, vue de l’intérieur : «  elle ne tient pas en place… la voilà qui rejoint officiellement la section gravure et dessin. Où s’arrêtera-t-elle ? »

 En effet le 19 octobre 2022, une nouvelle section de « gravure et dessin » a été créée avec deux fauteuils pour le dessin. Catherine Meurisse a quitté la section peinture pour occuper le premier fauteuil du dessin.  

Les graveurs, faute de candidats, n’occupent que trois fauteuils : Pierre Colin, installé en décembre 2021 ; Astrid de La Forest, présidente de l’année 2022, installée en juillet 2018 et Erik Desmazières, en octobre 2009.

L’Académicienne vient de s’asseoir dans son fauteuil.

La nouvelle et jeune Académicienne, elle est née en 1980, a toujours dessiné sans jamais « poser le crayon

N’ayant pas de prédécesseur dans son fauteuil nouvellement créé, son discours évoquait pour nous les origines de la bande dessinée que certains font remonter à la préhistoire.  Mais c’est le Suisse Rodolphe Töpffer aimé de Goethe et source d’inspiration de Tolstoï, qui fait figure de pionnier. Evocation chronologique de cette « patrie perdue de l’enfance », un genre dédié aux enfants qui a conquis les adultes dans les années 1960.

La célèbre Bécassine en habit vert, évoquée par Adrien Goetz, est entrée à l’Académie sous le crayon de Catherine Meurisse.
Un discours plein d’émotion

Elle a évoqué les grands noms du genre et elle a mis en lumière que l’enfant lecteur qui « savait à peine lire, innocent sur sa trottinette a grandi. A la fin, essoufflé, ahuri, il est adulte, cadre supérieur, un attaché case à la main, une cravate au cou, un œil rivé sur le cours de la bourse, la trottinette toujours aux pieds. Il ne s’est pas rendu compte qu’il avait grandi. »

Dans le paysage s’étaient installées les éditions du Square avec l’écurie d’Hara Kiri (1960-1989) puis celle de Charlie Hebdo (1970-1982), cette dernière se reconstituait en 1992. Ces dessinateurs, elle les a connus, ils ont été ses amis.

Leur liberté totale de penser la politique, le sexe, l’amour, la religion, l’absurdité de la vie s’est heurtée de plein fouet à « l’obscurantisme, le carnage », le 7 janvier 2015.

Sortir du chaos qui a vu disparaître ses amis en lui opposant la beauté afin de renaître (2016)… retrouver la légèreté en dessinant.

Leur « liberté de ton m’inspire encore » dit-elle. Mais, cette date a modifié sa perception du monde. Elle a renoncé au dessin de presse qu’elle avait partagé pendant 10 ans avec les disparus.

« Le cœur a ses chagrins que la bande dessinée transforme » (la légèreté).

Les expériences graphiques se sont multipliées, sont sorties des cases. Elles explorent  tous les formats, le roman mais aussi les fresques jusque sur les murs des musées établissant le lien qui mène de la peinture à la gravure.  Avec son Delacroix (élu à l’Académie à la huitième tentative), d’après le texte d’Alexandre Dumas, du Louvre à l’Institut, la jeune académicienne a créé un pont entre les arts. Cela se confirme avec cette installation arrivée en droite ligne par le pont des arts.

Avec son ami Blutch
La remise de l’épée
L’Académicienne présente son épée.

Sur l’épée du XVIIIe siècle confiée à Arthus Bertrand est gravé un renard dans les myosotis et les pensées. L’animal est l’emblème de l’humour et de la satire. Il l’accompagne depuis ses premiers dessins. Sont réunies sur une agate dont les veines vertes figurent l’encre, quatre plumes de dessinateurs, celles de Quentin Blake, de Claire Bretécher, de Luz et… de Blutch venu lui remettre son épée. Il a souligné que les auteurs de BD ne sont « ni écrivains ni plasticiens… ils voyagent en dehors des routes… »

Sur le perron de la Coupole avec la présidente et le secrétaire perpétuel
Astrid de La Forest, Michaël Levinas, Catherine Meurisse, Adrien Goetz
Une épée qui illustre sa profession et témoigne de ses amitiés, avec Daphné Roulier et Antoine de Caunes.
Explications, précisions pour Jacques Rougerie
Les personnalités se pressent pour découvrir la nouvelle épée.
Ici Jean-Michel Ribes.

Pour mieux connaître son parcours, son univers et les siens, il faut écouter les discours de cette installation. Ils sont à retrouver sur le site de l’Académie des beaux-arts, rubrique Actualités.

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