Le 13 novembre 20025, les Bouquinistes de Paris fêtaient les 475 ans de leur profession, à l’ombre de la statue équestre d’Henri IV celui qui a permis l’achèvement du Pont Neuf malgré les Guerres de religion.

Maires, élus, promeneurs de Paris, clients des Bouquinistes étaient invités par l’association Culturelle des Bouquinistes de Paris.

Les invités se sont succédés au micro, ravis de pouvoir témoigner leur soutien à cette profession qui passe des moments périlleux.


Emmanuel Guibert dessinateur, scénariste de bande dessinée, membre de l’Académie des beaux-arts a choisi d’évoquer une image des bouquinistes vue par Paul Verlaine.
Un large extrait du long poème Nocturne Parisien, (1866). En voici quelques vers :
« …Toi Seine tu n’a rien. Deux quais et voilà tout,
Deux quais crasseux, semés de l’un à l’autre bout
D’affreux bouquin moisis et d’une foule insigne
Qui fait dans l’eau des ronds et qui pêche à la ligne.… »

Merci pour ce moment de poésie.

Après l’information fausse qui les donnait comme inscrits avec les rives de la Seine au patrimoine mondial de l’Unesco en 1991, le président de l’association culturelle des Bouquinistes de Paris (ACBP) créée en 2009, Jérôme Callais a préparé le dossier et obtenu le label Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) en 2019.
Ce que tous les présents ont salué avec enthousiasme.

Ce label « englobe des pratiques et des savoirs dont chacun hérite en commun et qu’il s’efforce collectivement de faire vivre, recréer et transmettre. »
Ce dont ils nous ont fait la démonstration lors des Jeux Olympiques.

Ils ont posé, cette année leur candidature au Patrimoine immatériel de l’Unesco.
UN PEU D’HISTOIRE

En 1550 les premiers colporteurs s’installaient près de la Sainte Chapelle. Au 16e siècle, quelques vieux livres, saynettes, pamphlets étaient réunis dans des boîtes portées par le colporteur, soit au cou (le col) ou en bandoulière. Les ventes ne pouvaient se faire que dans le quartier de la Cité et de l’Université.

Vendus le long des quais, les bouquins vont l’être au XVIIe siècle sur le Pont Neuf le seul non bâti, voulu par Henri III sacré roi de France dès 1575. Une construction compliquée suivie par Henri IV pendant les guerres de religion. Henri IV qui l’avait testé à cheval. Il sera inauguré en 1607.
Les colporteurs vendaient les publications qui faisaient scandale. Ils n’avaient pas le droit de poser leurs boîtes et ne pourront plus installer d’étalage, ni être sur le Pont Neuf, dès 1649, à la demande des libraires qui redoutaient leur concurrence avec la construction du nouveau pont qui attirait tout Paris.

A PROPOS DE BOUQUIN, connaissez-vous UN BOUQUINEUR
En 1694 dans le Dictionnaire de l’Académie française, on peut lire : « On appelle un bouquin un vieux livre qui n’est pas estimé. Feuilleter de vieux bouquins. » et la définition de « Bouquiner : lire souvent de méchants livres. Il ne fait que bouquiner. » Pas encore de Bouquiniste.


1762, dans la quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie on trouve : « Bouquin : se dit d’un vieux livre dont on fait peu de cas. feuilleter de vieux bouquins. Bouquiner : Chercher de vieux livres dans les boutiques des libraires. Il ne fait que bouquiner. Il est du style familier. Bouquineur : Celui qui cherche de vieux livres. C’est un Bouquineur. Bouquiniste, celui qui vend ou achète de vieux livres, des Bouquins. »
Sous Napoléon 1er, ils s’installent sur les quais. Ils y sont autorisé en 1859. Haussmann tentera sans succès de les en chasser.
Depuis 1891, 156 bouquinistes ont officiellement le droit de laisser leurs marchandises la nuit. En 1900, ils sont 200, lors de l’Exposition Universelle. Avec le nouveau siècle, les boîtes installées sur les parapets des quais passent progressivement au vert Wagon -couleur choisie par la SNCF pour tous ses wagons à partir de 1938. Les boîtes sont aux dimensions requises sur le lieu de vente qui leur est concédé.
selon le Règlement publié au Bulletin Officiel de la Ville de Paris du 8 octobre 2019 :
« … Les boîtes installées par les bouquinistes devront être d’un modèle agréé par l’administration présentant un gabarit extérieur déterminé par les dimensions ci-après (ces dimensions
s’entendent boîtes fermées, couvercles compris) : Longueur : 2,00 m ; Largeur : 0,75 m ; Hauteur : côté Seine : 0,60 mètres ; côté quai : 0,35 mètres
Des dérogations pourront être admises pour les boîtes déjà installées. Toutefois, en cas de remplacement, les nouvelles boîtes devront être conformes à ces dimensions. … »

Leurs boîtes réservent toujours de belles surprises, des livres rares, devenus introuvables et séduisent les étrangers de passage. Elles figurent parmi les image de Paris qu’ils aiment emporter et qui voyagent dans le Monde. Un danger les guette, les concessions nouvelles qui vendent gadgets et souvenirs. Celles là oublient de plus en plus les livres et n’ont plus grand chose à voir avec le métier du bouquiniste. Elles renient en quelque sorte l’âme de cette profession prétextant sans doute la liberté d’exercer…

Les bouquinistes avaient été reçus par l’Académie des beaux-arts, le 23 septembre 2023 pour un premier contact.
Pour en savoir plus sur l’histoire du Pont Neuf voir ci-dessous une vidéo des Nautes de Paris.


