Cinéma

Où en est la création sur les plateformes ? Que devient le cinéma d’auteur ? débat sous la Coupole de l’Institut

Discours l’accueil du secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard en compagnie de la présidente Astrid de La Forest

Pour son année de présidence à l’Académie des beaux-arts, Astrid de La Forest graveuse et peintre a initié un cycle de rencontres.  Le mercredi 9 février 2022, à l’Institut de France, l’Académie des beaux-arts proposait une première Rencontre de l’Académie avec deux collectionneurs pour le premier thème : « Collectionner : passion ou aventure ? » 
Le mercredi 11 mai avait lieu le second rendez-vous. La présidente, le secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard, des membres de l’Académie des beaux-arts et des professionnels du cinéma étaient réunis pour une table-ronde préparée avec le concours de Christine Gozlan, productrice et fondatrice de Thelma films, correspondante de l’Académie des beaux-arts sur le thème : 

Plateformes et cinéma d’auteur : Quel avenir ?

La présidente annonçait une troisième rencontre à propos d’architecture, de climat, de paysage.

« L’arrivée des plateformes de streaming et des nouvelles règles concernant la chronologie des médias remettent en question toute la filière du financement du cinéma. La pandémie a également accéléré une mutation qui semble aujourd’hui inexorable.

Quelle peut être alors la place du cinéma d’auteur dans ce nouvel environnement et quels sont les perspectives et le rôle des producteurs français ? Ainsi était engagée une réflexion sur les conditions de défense, dans ces circonstances, d’une exception culturelle française.»

Echanges entre Laure Adler et Agnès Jaoui

Le débat était animé par Laure Adler, journaliste, auteure, éditrice et productrice de radio et de télévision. Elle était amenée à souligner entre autres que si la durée des films à l’affiche dans les salles est de plus en plus courte, il en va de même pour le théâtre, certains spectacles ne sont montés que pour trois, deux, voire une unique représentation comme pour la dernière pièce de Matthias Langhoff.

Voici quelques idées abordées par les différents intervenants. Ont également été évoqués : le prix du cinéma, les jeunes, le cinéma en plein air, les cinéclubs, les cinémathèques, l’Europe face à l’Amérique …

Isabelle Madelaine, présidente de l’UPC

Isabelle Madelaine est productrice et présidente de l’Union des Producteurs de Cinéma (UPC) qui réunit 240 membres. Elle a abordé différentes questions financières et expliqué le financement du cinéma qui met les plateformes à contribution et signe l’exception culturelle française. De leur côté, préfinancés sur les recettes, les distributeurs doivent faire face aux nombreuses sorties, -actuellement 15 films chaque semaine- et obtenir que leur film soit placé mais aussi qu’il reste en salle le plus longtemps possible.

l’Académicienne Coline Serreau, actrice, scénariste, réalisatrice. Elle a reçu le César du meilleur scénario pour « La Crise » (1992). A ses côtés Marc Fitoussi

Coline Serreau, scénariste, réalisatrice, membre de l’Académie des beaux-arts, elle nous a rappelé la spécificité française, le droit d’auteur auquel elle préfère l’expression droit humain face au copyright anglo-saxon qui fait qu’aux États-Unis tout est achetable donc vendable. Elle pose la question : Pour qui fait-on des films ? On a besoin d’un temps long pour réaliser un film comme pour écrire un livre. Le cinéma est un art qui est dans l’immédiateté.

Le secrétaire perpétuel Laurent Petitgirard soulignait qu’il y a peu d’années,  « il y avait des acteurs, des vedettes qu’on ne voyait qu’au cinéma ». On les retrouve désormais sur les réseaux. Le musicien, compositeur et chef d’orchestre qu’il est, attirait notre attention sur la musique de film qui devrait être composée à partir de la lecture du scénario et non pas quand le film a été tourné. Et aux emprunts aux classiques transformés, il préférerait de vraies créations, sans oublier les droits liés à la musique de film.

Le réalisateur Cédric Klapisch tourne actuellement « Salade grecque« 

Cédric Klapisch, réalisateur, scénariste et producteur est attaché au cinéma en salle mais travaille aussi pour les plateformes ce qu’il expliquait dans une communication enregistrée en Grèce où il est actuellement. Le film reste un geste artistique à préserver, une expérience collective de l’audience comme en témoigne le succès de son dernier film « En Corps » (2h) l’histoire d’une grande danseuse classique. Le cinéma d’auteur offre une liberté narrative totale, face au travail collaboratif pour les plateformes, véritable sport d’équipe
Il tourne actuellement en alternance avec deux autres réalisateurs, une série écrite à 12 personnes, pour la plateforme d’Amazone. La série « Salade grecque »; huit épisodes de 52 minutes. Ils seront diffusés uniquement sur Prime vidéo, dans 240 pays. La série est en forme de suite à sa célèbre trilogie cinématographique, « L’Auberge espagnole » (2002), « Les poupées russes » (2005) et « Casse-tête chinois » (2013). Il participe à cette cohabitation qu’il accepte : « A partir du moment où il y a des obligations pour aider la création française. A partir du moment où les plateformes participent au financement de la création… » 

Agnès Jaoui, actrice, scénariste, réalisatrice et chanteuse

Agnès Jaoui, actrice, scénariste, réalisatrice a indiqué que pour un Cédric Klapisch, il y a tous les autres qui ne jouisse pas de la même liberté et doivent affronter des rapports de force liés aux enjeux financiers instaurés pour la réalisation des séries télévisées, l’impératif devient pour eux « l’accroche », dans les premières minutes face aux téléspectateurs zappeurs. Elle a souligné que les plateformes propriétaires des films qu’elles choisissent de produire deviennent en quelque sorte leur tombeau. Le boum des séries met en évidence que celles-ci sont addictives. De plus leur temps de réalisation est compressé (en moyenne 12 jours) par rapport à un film qui va demander un long temps d’écriture puis de réalisation. Et à sa sortie, il pourrait être obsolète.

Marc Fitoussi, réalisateur, scénariste, dialoguiste
L’Académicien Frédéric Mitterrand exploitant de cinéma, ancien ministre de la culture, producteur de télévision, réalisateur…

Rappel de Marc Fitoussi, scénariste et réalisateur de la série dix pour cent, le prix des places rebute et quand on sait que les plateformes offrent 3 mois d’essais gratuits…

Et le retour dans les salles ?

L’académicien et ancien ministre Frédéric Mitterrand également directeur de salles de cinéma d’art a témoigné de la captivité offerte par les plateformes qui permettent de voir des films qui ne seront visibles que sur leurs chaînes.
Mais il croit au retour en salles. Les conditions techniques sont au rendez-vous.
Les gens ont « la gueule de bois »… Ils vont retrouver « le désir de vivre ensemble ».
Une question subsiste le cinéma en salle va-t-il être abimé par les nouveaux formats ?

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