Montmartre

Otto Freundlich est au Musée de Montmartre jusqu’en septembre


Ascension, 1929, bronze,
(Donation Freundlich – Musée de Pontoise)

Dans les jardins du Musée de Montmartre près du bassin une grande sculpture a été installée. Il s’agit d’Ascension  (1929) de l’artiste allemand Otto Freundlich. Précurseur de l’art non-figuratif, pionnier de l’abstraction.

Il a séjourné au Bateau-Lavoir. Il a été le voisin de Picasso, en 1908. Il a eu un atelier 55 rue des Abbesses à Montmartre, sans doute en 1911, où il a réalisé sa première œuvre abstraite Composition.  En 1912¸ il est au 17 rue Boissonade, à Montparnasse. Il se joint aux Allemands qui fréquentent le Dôme…

Masque d’homme, 1911, Bronze, (Musée de Pontoise). L’homme, l’humain sera toujours au coeur de son oeuvre.

Depuis 1969, aucune exposition ne lui avait été consacrée d’où le choix de l’équipe du Musée de Montmartre de présenter une exposition monographique, un parcours chronologique en huit sections.

La scénographie de l’atelier Maciej Fiszer réunit près de 80 œuvres – sculptures, peintures  vitraux, mosaïques, œuvres graphiques ainsi que de nombreux documents conservés à l’IMEC (Institut Mémoire de l’Edition  Contemporaine), des écrits mais aussi des lettres d’amis, des papiers officiels, des articles. 

Saskia Ooms, responsable de la conservation du Musée de Montmartre

Le commissariat de l’exposition (notre photo d’ouverture de cet article) a été assuré d’une part par la responsable de la conservation du Musée de Montmartre, Saskia Ooms

Christophe Duvivier directeur des musées de Pontoise

Et d’autre part, par un spécialiste de l’art abstrait le directeur du musée Tavet-Delacour de Pontoise, Christophe Duvivier qui veille et promeut, depuis 1968, la donation Freundlich du fonds de son dernier atelier, 38 rue Henri Barbusse. 

A Florence en 1905 et 1907, il a découvert la sculpture. A Montmartre a pris forme son œuvre qui va être tournée vers l’abstraction car il a partagé « les intentions des cubistes de la première heure » a écrit  le critique d’art Maurice Raynal. 

Arrivé à Paris en 1908, il va résider quelques mois au Bateau-Lavoir. Il aura pour voisin Picasso. Il y reviendra en 1909. Il fera des allers retours en Allemagne. Il aura un atelier au 55 rue des Abbesses. En 1912, il s’installe à Montparnasse, 17 rue Boissonade.

Détail de son vitrail la femme allongée de 1924 (Donation Freundlich – Musée de Pontoise)

Peintre et  sculpteur, il a également travaillé sur les vitraux. Il a découvert dans l’atelier de restauration de la Cathédrale de Chartres durant 5 mois, de mars à juillet 1914, cette technique délicate qui  assemble des fragments de lumière dans un plan. Le concept composition de décomposition va être à la base de sa construction artistique. 

Deux vitraux conçus en 1938 et 1941, réalisés par son atelier de façon posthume en 1955, ils sont montrés dans une chapelle de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre (Donation Freundlich -Musée de Pontoise)

Dans ses œuvres de la période 1919-1928, l’humain est présent dans ses créations, formes de visage stéréotypées, bouche, œil qui devient cercle, réminiscence de « l’œil cosmique ». Il conçoit un langage expressionniste abstrait. Il séjournera en 1930, à Auvers-sur-Oise. 

La Rosace I, 1938, tempera sur papier marouflé sur toile, 208x202cm (Donation Freundlich-Musée de Pontoise )

Dans les années 30-33, il va construire ses toiles comme il le ferait pour un mur. Il organise ses œuvres en sous-ensembles chromatiques autonomes. 

Après 1935, il va rompre ces sous-ensembles homogènes « en utilisant les possibilités qu’il a découvert dans la syntaxe produite par les lignes résultant de la juxtaposition des éléments pour organiser des circulations visuelles de plus en plus complexes. Pour cela, il va utiliser une forme en demi-ogive… constituée de deux droites et d’une courbe… »

1938,Triptyque en mosaïque (Donation Freundlich – Musée de Pontoise). Elle est à la même échelle que la tempera monumentale Hommage aux peuples de couleur (1935). Le carton préparatoire pour la mosaïque est au centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle, Paris.

1935, ses œuvres entrées dans les collections allemandes, à l’occasion d’exposition dans son pays, où il avait un atelier, avaient déjà été attaquées lors de sa première exposition de 1922, à Dusseldorf. Elles vont figurer dans l’exposition itinérante organisée par les nazis, de 1937 à 1941 : « L’art dégénéré » (Entartet Kunst) et seront détruites. Sa sculpture baptisée :  « la Grande tête » fera la couverture du catalogue rebaptisée : « le Nouvel Homme » comme « archétype de l’art juif et bolchevique créé par des exilés. » En réaction, il va réaliser l’ « Hommage aux peuples de couleurs », une gouache monumentale contre le racisme et la xénophobie qui entrera à la suite d’une souscription, à laquelle participera pour une large part Picasso, dans les collections du Musée d’art moderne alors dirigé par Jean Cassou qui sera révoqué en 1940.

Son autoportrait, 1923, gouache sur papier (collection particulière)
Portrait d’Otto Freundlich, anonyme vers 1925 (archives Musée de Pontoise)

L’artiste est avant tout un humaniste universaliste. Il sera emprisonné en Allemagne en tant que juif, en France comme Allemand puis comme juif allemand.

Il est mort en camp de concentration en 1943.

Son nom figure sur le Mur des noms au Mémorial de la Shoa. Composition 1919, figure dans l’exposition : Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940 au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, du 2 avril au 23 août 2020.

Pour en savoir davantage sur l’homme et son œuvre, la lecture du catalogue bilingue (français –anglais) édité par le Musée de Montmartre – Jardins Renoir et Les Editions Hazan : Otto Freundlich, 1878 – 1943. la révélation de l’abstraction, s’impose.
Prix : 19,95 €

A suivre en vidéo, quelques images de l’exposition du Musée de Montmartre,
12 rue Cortot.

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