Montmartre

Moulin Rouge et French Cancan une certaine histoire de la Vie parisienne

Le Moulin Rouge vu
par
Eugène Delâtre

Décembre 2020, Les Nautes de Paris ont choisi de vous raconter quelques moments de l’histoire du Moulin Rouge souvent associé aux fêtes de fin d’année.

L’établissement a ouvert le dimanche 6 octobre 1889, à Montmartre, au 90 boulevard de Clichy, Paris 18e.  

Au cinéma, il a inspiré les films :
-« La petite femme du Moulin rouge (1945) de l’argentin Bennito Perojo musique de Paul Misraki  avec Margarita Walmar en danseuse de Cancan. 
– « Moulin Rouge » (1952) de John Houston. Un biopic inspiré de la vie de Toulouse-Lautrec. 

1954, sur le Tournage du film « French Cancan » Jean Renoir briefant Jean Gabin
(Photo de Jean Marquis avec l’autorisation d’Isabelle Marquis-Baudoin)


-« French Cancan » 
(1954) de Jean Renoir avec Jean Gabin, Françoise Arnoul, Philippe Clay, Patachou, Edith Piaf. Cora Vaucaire chante la complainte de la Butte. 
-« Cancan « (1960) de Walter Lang avec Franck Sinatra, Shirley Mac Laine, Maurice Chevalier.

2001, film de Baz Luhrmann

Proche de nous citons :

-« Moulin Rouge » (2001) de Baz Luhrmann avec Nicole Kidman, un grand spectacle à l’américaine.
– « Minuit à Paris » (2011) de  Woodye Allen nous emmène au Moulin Rouge.

Il faut également citer, le clip de la chanson Marcia Baila (1984) des Rita Mitsouko qui a été tourné par Philippe Gautier, au Moulin Rouge.

Affiche de Toulouse-Lautrec

Le French Cancan a été immortalisé par Toulouse-Lautrec.

Il demeure étroitement lié au Moulin Rouge et à son histoire. Joseph Oller et son directeur Charles Zidler (décédé en 1897) ont choisi de créer à Montmartre, à l’emplacement de la Reine Blanche, le Moulin Rouge.

Ils vont proposer bal, divertissements et variétés, des spectacles dans la tradition du café-concert mais en plus extravagants.

Le décorateur est Willette. Il dessinera le moulin aux ailes éclairées à l’électricité. 

Les vedettes de l’époque hommes et femmes passeront sur sa scène d’été ou d’hiver.

le jardin, la scène d’été et l’éléphant (Musée de Montmartre).
L’écuyère Marville (Collection Gérard Jouhet)

Dans le jardin, on propose  des activités à la façon d’une fête foraine, des promenades à dos d’âne. Il y aura même, durant une courte période, des montagnes russes.

Dans le fond de la salle de bal, parallèle à la scène du jardin, on trouve le café-concert d’hiver avec des fauteuils et quelques loges.

L’immense salle de bal  avec galeries et promenoirs, des miroirs partout.

L’éléphant en stuc récupéré à l’exposition de 1889 complétera le décor jusqu’en 1906. Il accueillait dans son ventre des musiciens et des attractions intimistes réservées aux messieurs. On y assiste à des attractions comme le pétomane (1890-1894).

Carte postale réunissant la troupe en fin de chahut.

 Les premiers accords d’Orphée aux Enfers donnaient le signal du quadrille, du chahut, la danse contestataire des blanchisseuses.

La Goulue aimait vider les verres d’où son surnom.

French Cancan et Moulin Rouge

L’union parfaite de tous les publics. Le chahut réunissait toutes les danseuses de l’époque menées par La Goulue qui  faisait valser les chapeaux des messieurs du bout de son pied leste avec Valentin le Désossé, tous les deux immortalisés par Toulouse-Lautrec.

Citons, Nini Patte-en-l’air qui donnera des cours de Cancan, Rose Pompon, Grille d’Égout aux dents écartées, Jane Avril qui a eu une liaison avec Auguste Renoir et Toulouse-Lautrec. Les danseuses faisaient virevolter leurs robes et jupons, jambe en l’air, culottes fendues, jarretelles et bas noirs, cabrioles, roulades et grand écart donnaient à cette danse un parfum de scandale. Elle faisait frémir les messieurs et les dames venues s’encanailler. 

Bas noirs et dentelles

La Goulue partira en 1895 pour se mettre à son compte et son partenaire de quadrille Valentin Le Désossé fera ses adieux, le 29 décembre 1902.  Le café-concert est devenu Music-Hall.

Le lieu avait un goût de scandale qui séduisait. Son ambiance euphorique réunissait le bourgeois, l’aristocrate, la demi-mondaine, la femme élégante,  galante, la prostituée, le voyou, l’étudiant, les artistes, l’intellectuel, l’écrivain, le peintre. 

Colette, une momie réveillée d’un baiser par Missy l’égyptologue.

Vous avez dit scandale ?  9 février 1893, Cléopâtre et ses deux servantes nues ouvrent le défilé du bal des Quat’z’art. Le président de la ligue de la Morale y voit une orgie. Après des  journées de protestation au Quartier latin, l’affaire se termine par une simple amende. Ce bal s’y tiendra jusqu’en 1900. 3 janvier 1907, Colette drapée dans des voiles était  l’héroïne du mimodrame « Rêve d’Egypte ». Son amie Missy, Mathilde de Morny, marquise de Belbeuf jouait « Yssim » l’égyptologue qui réveillait la momie Colette d’un baiser. La pièce est interdite. Février 1926, une jeune girl du quadrille de la revue Mistinguett a séduit Earl Leslie le compagnon de la Miss qui l’a mise à l’amende. Après un échange houleux, elle est mise à la porte. Sous le nom de Viviane Romance, elle trouvera un créneau au cinéma dans le rôle de vamp des faubourgs.

1903, article de Paris qui chante pour la revue Tu Marches?

1902, les travaux du métro sont terminés, la station Place Blanche est inaugurée. Des terrains vont être rachetés. Le Moulin-Rouge est loué à une société qui en profite  pour faire des transformations. L’accent va progressivement être mis sur les revues; d’un acte elles passent à deux. Celles-ci chantonnent les faits de la petite et de la grande histoire. Des tableaux effleurent les événements. Une commère et un compère commentent par allusions et avec des calembours pas toujours évidents.  La  revue de Music-Hall va prendre un virage. Elle est devenue une féerie. La jolie gommeuse qui souvent chantait « d’une voix de vinaigrette» est devenue la commère, les ingénues ont cédé la place aux girls, les tours de chants et/ou attractions sont encore proposés en lever de rideau. 1906, Oller a fait de nouveaux travaux. «  Toutes les parties sont de plain-pied, le nouveau Moulin Rouge semble agrandi du double avec un éclairage ingénieux de la façade et de vastes promenoirs

Gesmar le protégé de Mistinguett lui dessinera ses costumes, ses décors et ses affiches au Moulin Rouge.

1907première apparition de Mistinguett au Moulin Rouge pour la création de la valse chaloupée avec Max Dearly, et la Revue de la Femme.

1915, Le Moulin Rouge est détruit par un incendie. Il sera  reconstruit dans les années 1920. Le rideau de fer de la scène a protégé les costumes, les décors et les loges.
Le Tabarin (rue Victor Massé) accueillera la troupe, jusqu’à la réouverture du Moulin Rouge. 

1923, Francis Salabert est propriétaire des  murs. 1924, les Hoffmann Girls venues des Etats-Unis sont à Paris pour la revue New York-Montmartre. 1925-1929, c’est la grande période de la Miss.

Sa doublure Florelle fera une tournée en Amérique du Sud avec la revue « ça c’est  Paris ».

1928, Mistinguett fait monter sur scène Jean Gabin. A la fin de la seconde guerre mondiale, Edith Piaf à son tour guidera Yves Montand.

1929, Mistinguett se retire. Le théâtre de 1500 places va devenir un cinéma avec des attractions en première partie. L’ancienne salle de bal subsiste. Les Black Birds de Lew Leslie s’y produisent avec Adelaide Hall en vedette.

1937, La revue du Cotton Club est sur scène ainsi que l’orchestre de Ray Ventura, avant guerre. Pendant la guerre, le dancing devient le Robinson Moulin-Rouge.

Encore quelques dates :

Affiche de Xavier Sager (Collection Gérard Jouhet)

1951, Jo France du Balajo le rachète et réintroduit, attractions, soirées dansantes et French Cancan. 

1952, tour de chant d’Annie Cordy.

 1953, pour le bal des petits lits blancs Joséphine Baker chante j’ai deux amours en présence du président Vincent Auriol. 

1954, Line Renaud interprète les chansons de Loulou Gasté. Elle y a fêté ses 90 ans en juillet 2018. 

1957, la troupe des Doris Girls de Doris Haug fait ses débuts.

1962, Jacky Clérico installe un aquarium et depuis  l’histoire continue toujours avec le French Cancan.

Le Moulin Rouge a toujours au programme
une « Féerie ».

Pour en savoir plus :
Le Moulin Rouge, Jacques Pessis et Jacques Crépineau (éditions de La Martinière, 2002)
Le café-concert, 1848-1914, de François Caradec et Alain Weill (Fayard, 2007)

Pour compléter cette évocation voici une vidéo :

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