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Impressions d’enfance à retrouver à Auvers-Sur-Oise

Le musée Daubigny accueille deux peintres-graveurs qui étaient en relation avec les artistes qui venaient peindre à Auvers-sur-Oise et étudier la gravure dans l’imprimerie Delâtre, à Montmartre.

Nous vous emmenons aujourd’hui à Auvers-sur-Oise, au village des impressionnistes. Vincent Van Gogh y a vécu ses derniers jours. Le Musée Daubigny propose une exposition qui nous fait remonter au temps de l’enfance, fin XIXe siècle, du 2 avril au 18 septembre 2022. 

Deux Montmartrois qui ont travaillé ensemble.

Une collectionneuse Hélène Koehl parente d’Alfredo Müller et un collectionneur Gérard Jouhet spécialiste de la famille Delâtre, membre de l’Association des Amis du Musée Daubigny et du Musée de Montmartre, secrétaire de l’association des Amateurs d’Estampes nous offrent un parcours à livre ouvert sur deux peintres-graveurs de Montmartre Eugène Delâtre et Alfredo Müller sur le thème «  Impressions d’enfance ».

Eugène Delâtre, sur les fortifications (vers 1898). Eau-forte, pointe sèche, roulette et aquatinte en couleurs (Coll. G.J.). Le rendez-vous des Parisiens, le dimanche. On voit la frontière entre Paris et la banlieue.

Observateurs, attentifs, ils nous restituent les activités et loisirs des enfants à l’époque où Montmartre était encore un village.

Eugène Delâtre : Les Pommiers (1902)
Eau-forte et aquatinte (Coll. G.J. – Photo D. Germond)
Eugène Delâtre, Marcel 1894
Eau-Forte et aquatinte en couleurs (Coll. G.J.)

Pour le collectionneur Montmartrois Gérard Jouhet la  première rencontre avec Eugène Delâtre a eu lieu avec « La Montmartroise », une première gravure signée suivie des « Pommiers », ci-dessus, présentée dans l’exposition.

Gérard Jouhet attire notre attention sur la finesse des détails.
 » On voit l’aquarelliste qui se cache derrière l’imprimeur. »
(Photo D. Germond)

D’acquisition en acquisition, il s’est penché sur ce fils qui a appris la gravure et l’impression avec son père Auguste (1822-1907), le partenaire et l’ami des Impressionnistes devenus aussi ses amis, et l’aquarelle avec John Lewis Brown.

Eugène Delâtre, Petites filles pêchant (Vers 1893)
Eau-forte et aquatinte en couleurs (Coll. G.J.). On voit un petit poisson dans le coin gauche.
Gen Paul, Paulette (1928) ; Eau-forte, pointe sèche et aquatinte (Coll. G.J.)

 Eugène Delâtre (1864-1938) peintre-graveur est  imprimeur et  aquarelliste. Il a rejoint son père en 1889 et lui succédera en 1907.

Menant des recherches sur l’eau-forte en couleurs avec son ami Charles Maurin, ils ré-expérimentent la technique complexe dite « au repérage ».

Il va mettre au point une technique de mise en couleurs douces et nuancées des gravures, en cette fin de XIXe siècle.

Tous les artistes de l’époque se retrouvent dans son imprimerie de la rue Lepic.

Certains sont évoqués ici comme Charles Maurin, Gen Paul, Francisque Poulbot, Théophile Alexandre Steinlen auquel est consacré en parallèle une exposition au château d’Auvers aux mêmes dates…


Eugène Delâtre mettra au point un modèle de petite presse taille-douce qui a eu un franc succès auprès des artistes, comme Pissarro qui en fit l’acquisition ou encore le Docteur Gachet pour sa maison d’Auvers-sur-Oise où il reçut Vincent Van Gogh.

Pour l’exposition, il a choisi de présenter sur le thème retenu différents états et techniques de plusieurs gravures.

Il nous invite à une rencontre avec ses filles Eugénie et Pauline, son fils Marcel et les enfants de la Butte. Du portrait des deux soeurs Eugénie et Pauline dans leurs manteaux d’hiver, toutes les gravures connues sont différentes. On peut voir ici un petit portrait en bas à gauche plus net sur l’un des deux tirages figurant dans l’exposition.

Eugène Delâtre, Deux petites filles ou Les deux soeurs (1894) ; Eau-forte et aquatinte en couleurs (Coll. G.J.).
Gérard Jouhet a choisi cette lithographie d’un enfant Au Luxembourg de Louis Abel-Truchet dans laquelle il se retrouve enfant jouant avec son propre bateau (coll. G.J.)

De son côté, Hélène Koehl est une petite nièce d’Alfredo Müller (1869-1939) qui était le frère aîné de sa grand-mère. Il n’a pas eu d’enfant, mais quatre sœurs et deux frères dont les enfants n’ont pas cherché à collectionner l’œuvre et la faire connaître. 

Elle s’attache à faire redécouvrir son parent, devenu français en 1910, qui a vécu entre l’Italie et la France.

Hélène Koehl attire notre attention sur les mains en mouvement des pianistes, vues par Alfredo Müller. (Photo D. Germond)

L’association des Amis d’Alfredo Müller a été créée en 2010 avec pour objectif premier, la publication des catalogues raisonnés de l’œuvre sur papier qui sera publiée en 2014 et de la peinture éditée en 2017. 

Devenue la présidente de cette association, elle a choisi, parallèlement aux œuvres détenues par des collectionneurs et/ou conservées dans des musées, de réunir un ensemble conséquent, au fil des ventes aux enchères et des informations transmises par leurs contacts et de participer à des expositions.

Alfredo Müller, La Sonate (1899) ; Eau-forte et aquatinte en couleurs imprimée sur vélin (Coll. H. Koehl)

A partir de 1896 installé à Montmartre, il  pratique la gravure en taille douce dans l’atelier d’Eugène Delâtre en compagnie de Francis Jourdain et Jacques Villon, de son ami et soutien Théophile Alexandre Steinlen, du peintre graveur suisse Richard Ranft.

Il s’applique à l’art de l’estampe en couleurs avec la technique dite « de la poupée » qui évite l’utilisation de plusieurs plaques.

Alfredo Müller, Les Lampions (1897) ; Eau-forte et aquatinte en couleurs (Coll. H. Koehl)

Colette la fille de Théophile Alexandre Steinlen son ami et voisin, rue Caulaincourt, a été son modèle favori  de 1897 à 1902.

Elle apprenait notamment le piano avec sa compagne Madeleine.

Il se sont mariés en 1908 à la mairie du XVIIIe avec pour témoins, Stéphanie Nantas, Egisto Fabbri, Erik Satie et Jules Depaquit (antigrattecieliste, il sera le premier maire de la Commune libre de Montmartre fondée, le 11 avril 1920). 

Pour en savoir plus sur les artistes et les experts qui ont sorti toutes ces oeuvres de leur collection, le catalogue : Impressions d’Enfance ; Eugène Delâtre, Alfredo Müller ; vous en apprendra davantage. (Prix : 15 euros)

Merci à Gérard Jouhet qui nous a permis de réunir les visuels présentés dans cet article et que vous pourrez découvrir et détailler sur place.


Le musée est fermé le lundi, ouvert jusqu’en juin et en septembre, du mardi au vendredi de 14h à 17h30. Samedi, dimanche et jours fériés de 10h30 à 12h30 et de 14h à 17h30, ces derniers horaires sont les même pour juillet et août. Prix d’entrée : 5 euros

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