François Besse, le roi de « La cavale » face à celui qui scrute le « Grain de sable » Jacques Pradel

Mercredi 30 octobre 2019. Pour répondre à la question Le crime parfait existe-t-il ? L’audition contradictoire qui se tenait ce soir là au musée du Barreau de Paris réunissait deux invités différents de ceux rencontrés lors des précédentes soirées.

Me Emmanuel Pierrat avait invité le journaliste d’investigation, chroniqueur TV et radio Jacques Pradel face à lui l’homme qui s’était évadé de la prison de la Santé avec Jacques Mesrine, le roi de l’évasion François Besse. Ils étaient invités pour présenter leur dernier ouvrage.

Jacques Pradel présentait : Un grain de sable, (édition Michel Lafon, septembre 2019). le livre réunit une trentaine d’affaires. Il nous en a parlé de quelques unes d’entre elles ; notamment celle qui donne son titre au livre et se déroule en Sicile. Plusieurs crimes de sang auraient pu être des crimes parfaits sans le grain de sable qui a donné son titre à l’ouvrage et permis de démasquer des coupables.

Les animaux peuvent aussi jouer ce rôle comme un moustique qui a servi de pièce à conviction, un perroquet qui dénonçait le coupable où celui qui faisait revivre le dialogue qui précédait le crime. Pour Jacques Pradel, François Besse n’est pas un inconnu. Il l’a déjà invité dans ses émissions. Mais il n’appartient pas à cet ouvrage car ses crimes n’ont jamais été des crimes de sang, ce qui n’est pas le cas de Mesrine qui lui figure dans ce livre. François Besse nous signalait que lors de l’évasion de la Santé son arme était chargée à blanc. 

L’autre ouvrage présenté était donc celui de François Besse le spécialiste de l’évasion : Cavales, de Mesrine à la liberté, l’histoire vraie du roi de l’évasion (Plon, avril 2019). Il a passé vingt ans en prison et autant en cavales. Il s’est évadé sept fois dont une avec Mesrine. Il a choisi de raconter lui-même sa vie en prison et porte un regard critique sur la justice, le système judiciaire et l’univers carcéral.

Tout a commencé pour lui en 1971 par le refus du verdict qui le donnait coupable à la suite d’une affaire où il n’avait joué aucun rôle. Mais il avait hébergé un ami d’enfance qui lui était directement impliqué. Condamné à sept ans, il est alors incarcéré à Gradignan d’où il s’évade. Repris à plusieurs reprises, il s’évadera à chaque fois, sept évasions au total qui semblaient n’étonner personne dans le milieu carcéral ce qu’à pu constater Maître Etienne Madranges qui l’a rencontré à Gradignan.

En 1978, il est en quartier de QHS (quartier de haute sécurité) où il va rencontrer Jacques Mesrine. Ils s’évaderont ensemble de la Santé. Condamné quatre fois à la réclusion criminelle à perpétuité et une fois à la peine de mort par contumace. Il est libre depuis 2006. En vingt ans d’incarcération, il a eu tout le temps d’analyser notre système judiciaire, d’en connaître les failles et les dysfonctionnements sur lesquels il pose le doigt. Il raconte son parcours, sa découverte de la philosophie. Une révélation pour lui qui lui a fait réorienter sa vie après la lecture de Spinoza qui défend notamment la liberté de philosopher. Aujourd’hui, il assume pleinement ses erreurs, son passé, sans se chercher d’excuse.

Dans la vidéo qui suit vous ferez plus amples connaissance avec les deux invités que Me Emmanuel Pierrat