Juin 2025. Nous étions venus en mars, à Montmartre sur le site de la Cité internationale des arts, découvrir les nouveaux résidents sélectionnés par l’Académie des beaux-arts en partenariat avec la Cité internationale des arts. Le site accueille également des résidents d’Art Explora.
L’ensemble des résidents soutenus par l’Académie des beaux-arts accueillis sur le site du Marais ou sur celui de Montmartre participaient aux Ateliers ouverts à l’occasion des rencontres de Montmartre, les 20, 21 et 22 juin derniers.
Nous avons ainsi pu découvrir le talentueux danseur et chorégraphe sénégalais Babacar Mané. Il présentait des photos de son corps en mouvement « un corps sans tabou » pour illustrer son travail de recherche qui s’accompagne de compositions musicales.
Nous avons tout particulièrement aimé le travail de sculpture et céramique de Damien Fragnon (né en 1987) qui a franchi une nouvelle étape, exploré de nouvelles pistes.
Une grande toile murale nous attendait réunissant des détails de toutes les sculptures réalisées.
De nouvelles couleurs sont venues élargir son domaine de réflexion.
Son univers, c’est la céramique et les sculptures rocailleuses. Il collecte des minéraux et des roches des régions où il séjourne pour réaliser ses émaux. Il aime la cuisson au feu de bois. Il a trouvé un professionnel, à proximité à Montmartre, qui mettait son four à sa disposition, pour les petites pièces. Il pouvait ainsi « maîtriser les matières chimiques toxiques pour la fabrication des émaux, ce qui est extrêmement important pour moi, » soulignait-il.
Pour la cuisson de ses grandes pièces, pas de four à proximité. Il lui fallait trouver une solution. L’Académicien Jean-Michel Othoniel a mis à sa disposition le four de la Villa Dufraine, à Chars (Val d’Oise) où il a pu résider durant un mois, réaliser et mener à leur terme la cuisson de ses plus grandes pièces de 50 cm : 5 grandes cuissons, 2 cuissons d’émaux et des cuissons multiples. Toutes les préparations avaient été faites à Montmartre.
Il avait étudié les spécificités du bassin parisien. Ainsi à son arrivée, il était à la recherche de sable clair, pas de glaise mais des marnes bleues. Il a trouvé du bleu de cuivre en bordure d’île de France, un nouveau rose, un noir soutenu, un blanc de Zirconium.
Durant ses premiers mois de résidence, il a utilisé la végétation du site, ses fleurs, des plantes en queue de cochon, des roses de damas, des tulipes, des ronces… mais il y a ajouté des fleurs de Giverny, du sable de Fontainebleau. Il a acheté des pierres, des agates pour les piler et obtenir de nouveaux marrons.
Il est en recherche permanente afin d’élaborer la recette dont le résultat correspondra à son attente, le séduira et qu’il pourra inscrire soigneusement dans son cahier de notes véritable manuel de formules utilisées au gré du temps.
Il rédige les actions qu’il conduit, ses expérimentations depuis ses premières résidences en 2015. La ville de Sète lui a attribué un atelier en 2021. Parmi les céramiques sètoises certaines ont été mises dans l’eau de mer pour juger de l’action des éléments. A Montmartre, certaines réalisations ont un double qui ira dans le sol afin de pouvoir étudier le rôle de la nature sur ces créations issues d’éléments collectés dans la Nature.
Sa collecte de matériaux est au centre de son travail. Elle y joue un rôle déterminant. Il a l’âme d’un géologue. Il a la fibre scientifique.
Grand prix de la céramique européenne à Bruxelles 2024, d’autres prix l’attendent c’est certain pour les années à venir… les Abattoirs à Toulouse…
