Les Nautes de Paris sont allés découvrir dans la vallée de la Roume, à Puig del Mas (Banyuls, Pyrénées-Orientales), la Métairie familiale d’Aristide Maillol (1861-1944), à cinq kilomètres de Banyuls. Elle lui servait d’atelier. Elle est devenue le Musée Maillol Banyuls.
Après être passés au-dessus de la rivière qui descend des Albères, nous avons suivi un petit chemin forestier de montagne le long du ruisseau de Baillaury, à sec durant l’été. Tout au bout, la Métairie, l’atelier où Aristide Maillol aimait passer les hivers plus doux que ceux de la Capitale, au plus près de la nature, sans aucun confort… Installé au pied des montagnes toutes proches de la frontière Espagnole, pour s’y ressourcer, travailler.

Ici naîtront les idées de ses créations monumentales liées à sa région catalane, notamment : Méditerranée, la Montagne, la Rivière, l’Air…

Harmonie est son dernier projet préparé ici, entre 1940 et 1944, avec sa muse Dina Vierny.
Le Musée Maillol de Banyuls-sur-Mer présente jusqu’au 2 novembre 2025, l’exposition consacrée à « Harmonie, l’œuvre ultime » en relation avec l’exposition « Maillol-Picasso. Défier l’idéal classique » présentée au Musée Hyacinthe Rigaud à Perpignan, jusqu’au 31 décembre 2025.

Elle aurait pu devenir Rose « Les bras devaient être ajoutés, la main droite devant soutenir le sein, doigts entrouverts, laissant apparaître le mamelon… » Maillol expliquait à John Rewald venu en visite en 1941 : « Elle sera comme le symbole d’une rose… et le sein qu’elle offre comme un fleur. »

Mais ce sera Harmonie, un projet de sculpture de la taille de son modèle. Elle a connu plusieurs étapes, plusieurs versions sans cesse retravaillées car elles ne le satisfaisaient pas.

Il reprenait sans cesse, une courbe, une épaule… le visage… mais tout a commencé par le buste comme à chaque fois.

Les dessins préparatoires, lithographies, sanguines, les états sculptés, les quatre figures en pied conservées dont celle de Banyuls, des photos nous font mieux appréhender l’Harmonie recherchée par son créateur dans cette période tourmentée.
Dès septembre 1939, il a quitté Paris pour Banyuls-sur-Mer et sa maison familiale, « La maison rose » (quartier du Cap d’Osna). Il a aménagé un petit atelier au ras du jardin. Il se rend à pied à la Métairie pour y travailler. 1940, Dina Vierny qui est juive l’a rejoint. Fort de sa présence, il va préparer une nouvelle sculpture. Il travaillera avec elle à la « Maison rose » et à la Métairie.

Il peint, il dessine, il sculpte.
Mais sa muse se déplace souvent car elle fait de la Résistance et appartient à un réseau qui exfiltre des fugitifs. Elle leur fait passer, de nuit, la frontière par la montagne.
A Paris, elle sera arrêtée deux fois, fin 1940 et début 1941. Puis en 1943, elle est emprisonnée à Fresnes. La visite que rend le sculpteur Nazi Arno Breker à Maillol à Banyuls sera alors l’opportunité pour ce dernier de faire libérer sa muse.
il sait qu’elle fait de la Résistance, elle le lui a dit. Il l’a peinte dans la robe rouge qu’elle mettait pour aller à ses rendez-vous. Il a mis un lieu à sa disposition pour ses transfuges. Il lui a indiqué des sentiers de contrebandiers ; un chemin sûr pour gagner l’Espagne.
1944, sans nouvelle, il la croit arrêtée, se rend chez Raoul Dufy qui vient d’arriver à Vernet. Il est victime d’un accident de voiture et mourra des suites de ses blessures.

Dina Vierny lui avait été présentée en 1934. Maillol ne faisait plus poser son épouse Clotilde qui a été son premier modèle. Il l’avait découverte alors qu’elle travaillait dans son atelier de tissage à la réalisation de ses tapisseries. Ils s’étaient mariés en 1896. Il cherchait de nouveaux modèles quand il a rencontré celle qui sera durant dix ans sa muse.

L’architecte Jean-Claude Dondel avait remarqué la ressemblance du visage de la jeune fille avec celui de ses statues. Elle avait 15 ans, il avait 73 ans.
Elle va devenir son modèle, durant dix ans, posant 3h par jour. Elle deviendra sa collaboratrice, répertoriant ses œuvres. Il la considérait comme sa fille, il en a fait son exécutrice testamentaire. En 1964, elle fera installer sous l’égide d’André Malraux 18 de ses statues dans le jardin des Tuileries. Après le décès de Lucien Maillol, le fils du sculpteur, en 1972, elle est devenue sa légataire universelle. En 1983, la Fondation Dina Vierny est créée. Elle va sauver la Métairie et y inaugurer le Musée Maillol de Banyuls en 1994. En 1995, elle ouvre le Musée Maillol de Paris. Ses fils et maintenant ses petits-fils gèrent la Fondation Dina Vierny, les deux musées, son œuvre.



On retrouve notamment deux tableaux qui rappellent son admiration pour Gauguin :

Des ouvrages sur Aristide Maillol et Dina Vierny sont en vente au musée. Le catalogue de l’exposition Maillol-Picasso vendu au Musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan apporte un nouvel éclairage sur l’art du sculpteur.
N.B. Le musée de Banyuls est ouvert toute l’année, sauf lundi et jours fériés, du 1er octobre au 30 avril de 10h à 12h puis de 14h à 17h ; du 2 mai au 30 septembre de 10h-à 14h et de 14h à 18h.

Visite au Musée Maillol de Banyuls, septembre 2025

