Livres et chroniques sur Paris

Sade, le retour : Les 120 journées de Sodome ou l’école du libertinage

Pour les deux cents ans de la mort du divin Marquis, le manuscrit hors norme, le roman sulfureux à nul autre pareil  : Les 120 journées de Sodome qui était en Suisse a fait son retour en France, le 25 mars dernier, après plus de trente ans de procédures et de querelles juridiques. Le Musée des Lettres et Manuscrits (Paris) le présentera au public, en septembre prochain.

Emprisonné a diverses reprises, le libertin, le débauché, l’écrivain Donatien Alphonse François de Sade cumule plus de 26 ans d’incarcération. Lors de son séjour à la Bastille en 1785, il va entreprendre de recopier d’une écriture minuscule, Les 120 journées de Sodome ou l’école du libertinage sur 33 feuillets recto verso qui réunis bout à bout formeront un rouleau de 11,2 cm x 12 mètres de long. Le texte sera mis dans un étui de cuir qu’il va garder caché entre les pierres de sa cellule.

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419Mais, les 3 et 4 juillet 1789, la Révolution est en marche. Il est transféré à Charenton sans avoir pu emporter son précieux manuscrit. Il pense alors qu’il est définitivement perdu. Arnoux de Saint-Maximin le trouve et le monnaye auprès de la  famille des marquis de Villeneuve-Trans, apparentée aux Sade qui le conserveront  durant trois générations. Il sera vendu à la fin du XIXe siècle à Iwan Bloch, un psychiatre berlinois qui publiera sous le nom de Eugène Duhren une première version du roman. La famille de Noailles rachètera le manuscrit et une édition limitée sera, alors, publiée en souscription  par Maurice Heine (1931-1935). En 1948, Jean-Jacques Pauvert se lance dans une publication clandestine des Cent vingt journées... suivie en 1952, d’un projet de commercialisation des œuvres complètes du Marquis, mais la censure le rattrapera en 1956…

En 2014, les éditions Gallimard ont inscrit Sade à leur programme éditorial, notamment sa correspondance, en cette année de commémoration des 200 ans de sa mort.

Emprunté  à la famille de Noailles par Jean Grouet, le manuscrit est vendu en 1982, à un collectionneur suisse Gérard Nordmann pour la somme de 300 000 francs. Les Noailles vont poursuivre l’acquéreur, puis ses héritiers car le collectionneur est décèdé en 1992. De son côté l’héritier des Noailles, Carlo Perrone maintient les poursuites engagées, en effet, le tribunal fédéral Suisse a jugé, en 1998, légale cette acquisition. 2004, le rouleau va être exposé sur le territoire helvétique, à la fondation Bodmer de Coligny, près de Genève ; mais, il ne peut toujours pas rentrer en France.

Hugues de Sade et Thibault de Sade présents pour la présentation à la presse ont souligné « il y a toujours eu une chape de plomb autour du Marquis dans la famille… »

Hugues de Sade et Thibault de Sade présents pour la présentation à la presse du célèbre manuscrit ont souligné « il y a toujours eu une chape de plomb autour du Marquis dans la famille… »

Le retour  en France du célèbre manuscrit a été négocié et géré pour la somme de… sept millions d’euros.

(photos : Dominique Germond)

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