Chanteurs et chanteuses de variétés parisiennes

Paris Gainsbourg, je voudrais tant que tu te souviennes, de Gilles Schlesser

« En 1955, Lucien Ginsburg échange les travestis de Madame Arthur contre le très chic Milord L’Arsouille » Il accompagne Michèle Arnaud, p.39.

Mais, qui était Serge Gainsbourg ? Qui se cachait derrière le peintre qui après avoir étudié cet art a abandonné ses pinceaux? Au piano, le fils avait remplacé le père notamment chez Madame Arthur. Il a fréquenté le marché aux musiciens, de 17h à 20h, 13 place Pigalle, qui avait remplacé le marché aux modèles des peintres de Montmartre. Musicien, auteur-compositeur interprète inscrit à la Sacem, il est passé du jazz aux chansons à textes de la nouvelle vague, de la musique pop, yé-yé et disco au reggae. Si le parolier savait ciseler les mots et était recherché, il a aussi refusé d’écrire pour Hugues Aufray ainsi que pour Edith Piaf, pas dans son registre. Quant au réalisateur avec quatre films et l’écrivain avec un roman, ils n’ont pas rencontré leur public. 

Les Nautes de Paris ont croisé Serge Gainsbourg à plusieurs reprises, notamment au gala de l’Union des artistes en 1975, lorsque Jane Birkin cornaquait un éléphant. Nous l’avons croisé, toujours élégant, parfois même en costume blanc rendant visite à son ami Jacques Dutronc et à Françoise Hardy, nos voisins dans le 14e arrondissement. Il était le parrain de Thomas Dutronc et Jacques est le parrain de Lulu.

1991,Gainsbourg déguisé en légionnaire pour une émission de télévision, à retrouver dans le livre, p. 114.

« Fuir le bonheur, de peur qu’il se sauve…»

Voici un indice pour mieux le comprendre.  Dandy classieux aux textes poétiquement incorrects,  il était adepte de la provocation comme l’a été Boris Vian. Ce dernier a fait la promo dans Le Canard enchaîné du premier disque de Gainsbourg ; un 25 cm enregistré fin 1958 « Du chant à la Une« . Gainsbourg se sentait très proche de l’écrivain et musicien antimilitariste qui animait avec sa trompinette les soirées de Saint-Germain.

 En 1980 pour l’émission de télévision : Maman si tu me voyais, Gainsbourg allumera une cigarette à la flamme du Soldat inconnu et chantera « Aux Armes et caetera… » sous l’Arc de Triomphe.

Un billet réduit à 75% en cendres face aux téléspectateurs dans le livre, p. 107)

 Et le 11 mars 1984 sur TF1, il brûlera un billet de 500 francs lors de 7 sur 7, pour illustrer les 75% que lui prenait le fisc. Et oui, il payait ses impôts et de plus il aimait distribuer sans compter des billets de 500 francs. Comme il n’aimait pas marcher, il prenait des taxis, les chauffeurs appréciaient ce passager qui leur laissait la monnaie et semblait n’avoir que des billets de 500 francs dans les poches. 

Les vendeuses, notamment au Drugstore Saint-Germain qui fermait à 2h du matin nous en ont parlé. Nous reviendrons sur ce sujet bientôt. 

Il fumait quatre à cinq paquets de Gitanes par jour. Il aimait se nimber dans des volutes de fumée. Mais  il ne se droguait pas. En 1986, pour le spot publicitaire de Jean-Marie Périer «  La drogue, c’est de la merde » il écrit « Aux enfants de la chance ». Il fera désintoxiquer Bambou son ex-compagne qui a la garde de son fils Lulu. Lui c’est l’alcool, les cocktails, le Whisky, le 102 (double 51), le Baileys.

Il fera quelques affiches publicitaires, pub Connexion 1986 (Collection : Les Nautes de Paris)

En 1986, il déclarait à la télévision à Whitney Houston  « I want to fuck you »  traduit par Drucker en « il dit que vous êtes très jolie » et lui rectifiant « Non, j’ai dit que je veux la baiser. »

Serge Gainsbourg appartenait aux nuits parisiennes. Il a fréquenté tous les lieux branchés qui s’ouvraient les uns après les autres se renouvelant sans cesse. L’auteur a fait l’historique de chaque lieu. il vivait jusqu’au bout de la nuit, en couple torride avec BB, sulfureux avec Jane, mais le plus souvent en solitaire insomniaque, dopé au Bourbon… Apprécié de ceux qui le connaissaient vraiment, il était sensible, pudique, généreux, émouvant et avait su créer le mythe Gainsbourg. 

L’auteur suit donc l’artiste pas à pas dans Paris. Année après année,  d’un lieu à l’autre, d’un établissement de nuit à un autre, d’une rive à l’autre. L’homme est passé de Ginsburg à Gainsbourg, de Gainsbourg à Gainsbarre. 

Chacun pourra, ayant toutes ces informations en mains, préparer son propre parcours découverte des lieux qu’il a fréquentés, d’une adresse à l’autre.

5bis rue de Verneuil (photo Dominique Germond)

Son dernier domicile connu, 5bis rue de Verneuil offre sans cesse de nouveaux hommages graphiques. De nouveaux tickets de métro et des hommages symboliques sont déposés régulièrement sur sa tombe au cimetière Montparnasse depuis une journée de mars 1991.

Il avait chanté le poinçonneur des Lilas. La porte des Lilas en garde le souvenir avec un jardin Serge Gainsbourg inauguré en 2010 au-dessus du périphérique. Sur la ligne 11 aux Lilas, une des six stations en construction portera son nom, dans le quartier des Sentes. La ville des Lilas annonce que «  La station Serge-Gainsbourg sera achevée en 2022. Le tunnelier qui creuse le tunnel depuis la station La Dhuys à Montreuil arrivera aux Lilas en 2021. » Ce poinçonneur était en fait porte Dauphine et lui avait confié ses états d’âme.

128 pages au format 20x28cm, broché avec rabats, 170 photos et documents. Direction éditoriale : François Besse ; suivi éditorial : Mathilde Kressmann ; relecture : Olivier Debanne et Fabienne Texier-Pinson ; Direction artistique et réalisation : Isabelle Chemin (Edité par Parigramme /CPL, Paris 2e ; Photogravure : Fotimprim, Paris 11e). Prix : 18,90 € TTC

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