Beaux-Arts

Le Musée Rodin a mis en scène « le Rêve d’Egypte » du sculpteur

Le roi Ptolémée X faisant l’offrande de deux bourses, dans un cadre en bois précieux réalisé par Kichizo Inagaki (Musée Rodin)

Films, photos, livres, témoignages complètent l’exposition « Rêve d’Egypte », présentée jusqu’au 5 mars 2023 au Musée Rodin.

Elle réunit 400 objets de la collection d’Auguste Rodin, acquis auprès d’antiquaires ou en salle des ventes.

Nous voici transportés parmi « ses amis de la dernière heure« , ses antiquités égyptiennes et leur résonance dans l’oeuvre du sculpteur.

Des peintures murales (collection Rodin)

L’exposition met en évidence sa démarche de collectionneur qui a tissé un réseau relationnel qui lui a permis de réunir plus de 1000 œuvres de la période pré-pharaonique à l’époque arabe.

Des vases, en albâtre, pierre et terre cuite (collection Rodin) qui l’ont inspiré avec des créations sorties de ces vases.

Ainsi 1124 objets ont été répertoriés, 288 statuettes et statues, 87 reliefs d’architectures, des fragments de parois de tombes ou de temple, des peintures murales, achats de fragments, 143 vases en albâtre, pierre, en terre cuite, 283 objets en os, des tissus…

Petits objets de la collection Rodin. Les statuettes de divinités égyptiennes en bronze sont mises sur des socles.

La campagne d’Égypte de Napoléon a alimenté le Louvre en antiquités égyptiennes. La découverte de Champollion, en 1822, a permis de déchiffrer les hiéroglyphes amplifiant le phénomène. L’Égypte était de toutes les expositions universelles. Avec les témoignages de ceux qui se sont rendus au Caire, les publications, les danses inspirant Isadora Duncan et Loïe Fuller, les spectacles : en 1890, Sarah Bernhardt est Cléopâtre, pour Victorien Sardou au théâtre de la Porte-Saint-Martin et en 1906, le scandale est au Moulin Rouge avec la pantomime « Le rêve d’Égypte » de Colette et son amie Missy. L’Égypte fascinait.

La Sphinge de Rodin, un sphinx au féminin

L’égyptomanie, ce n’est pas le cas d’Auguste Rodin. Pour lui, l’art égyptien qu’il découvre est une nouvelle source d’inspiration qui va alimenter sa créativité. 

Pour obtenir de beaux objets, il s’adresse à ceux que la commissaire de l’exposition Bénédicte Garnier appelle des passeurs, les antiquaires bien sûrs, mais aussi ses amis comme Rainer Maria Rilke et Clara Westhoff. Il s’adresse à ses relations qui sont allées en Égypte et y ont des contacts pour lui trouver de nouvelles choses pour enrichir sa collection.

Il se familiarise et voyage dans cet univers « rêvé ». Il utilise les noms, les mots de l’Egypte pour les oeuvres que cela lui inspire comme ici :

Auguste Rodin, « Jeune fille confiant son secret à Isis« 

L’Égypte, jamais, il n’ira. Mais dès 1890, il a commencé à collectionner de petits objets de petites statuettes qu’il installe à Meudon à la Villa des Brillants qu’il loue à partir de 1893.

Il commence sa collection par de petits objets qu’il installe à Meudon à la Villa des Brillants.

Leur art si particulier, il le juge ainsi que le rapporte Bénédicte Garnier : « hiératique, farouche et rude, élégance de l’esprit, harmonie de la forme et simplicité́ des lignes, accentuation des contours essentiels ou émotion religieuse ».

1908, il s’installe à l’hôtel Biron avec en projet Le Musée Rodin

Une salle du Musée telle qu’elle sera présentée avec des supports pour chaque oeuvre.
Projet de vitrine pour le Musée

Dès 1909, Auguste Rodin envisage de donner à l’État français son œuvre, ses collections et sa villa de Meudon, à condition qu’un musée Rodin soit créé à l’hôtel Biron. Il se met à acheter une seconde collection égyptienne, des sculptures plus grandes et de meilleure qualité. Le décret créant le musée sera publié le 12 mars 1919 et l’établissement ouvrira le 4 août. L’artiste est décédé à Meudon, le 17 novembre 1917.

Une démarche pédagogique, expliquer le travail des scribes par l’exemple à partir de, à gauche : la Procession des prêtres de Ptah, calcaire polychrome premier millénaire, Troisième période intermédiaire (Musée Rodin)

« Rodin souhaite un musée à dimension universaliste et pédagogique, pour l’apprentissage des jeunes artistes, qui donne à voir les arts du passé en résonnance avec son œuvre. Il place la sculpture égyptienne dès la première salle du parcours pour souligner ses sources les plus anciennes, puis la dissémine dans les autres salles où sont déjà̀ réunies, en 1913, plus de 450 objets égyptiens.»Des ateliers sont proposés de nos jours dans le cadre de cette exposition.

La commissaire de l’exposition Bénédicte Garnier, responsable des activités scientifiques autour de l’oeuvre d’Auguste Rodin ici devant- La Pensée, 1895, plâtre

Le monument à Balzac, en ouverture de cet article a été commandé par la société des gens de lettres en 1891 qui le refusera. Elle était destinée à la Place du Palais royal. L’œuvre en plâtre a été présentée au Salon de 1898, dans la Galerie des machines. Vingt-deux ans après la mort de Rodin, le 1er juillet 1939, grâce au ministre de l’Education nationale Jean Zay, le Balzac en bronze se dresse à l’angle des boulevards Raspail et du Montparnasse.

« On n’a pas voulu voir mon désir de monter cette statue comme un Memnon, comme un colosse égyptien, » dira-t-il. 

Le poète Camille Mauclair, assure que : « Vu de derrière, il a la forme exacte des sarcophages égyptiens. »

Le parcours des plus jeunes est guidé par Bastet, la déesse chat.

A propos d’Antiquités égyptiennes

Lors de la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte, l’équipe de savants et d’artistes qui l’accompagne rapporte objets et dessins. Les chantiers de fouilles officiels et non-officiels vont s’y multiplier. 
– 1835, une loi interdit toute exportation d’antiquités hors du sol Egyptien. 
– 1858, un service des Antiquités dirigé par un français, Auguste Mariette est créé. C’est lui qui dessinera costumes et décors pour Aida de Verdi joué au Caire, en 1871, pour fêter l’inauguration en 1869 du canal de Suez.
– 1882, Gaston Maspero qui a succédé à Mariette arrive à contourner la loi égyptienne sur la protection du patrimoine, qui interdit l’exportation des antiquités y compris aux musées. Il peut ainsi autoriser des « dons gracieux » afin de remercier les archéologues étrangers, ce qui ne va pas sans créer de nouvelles difficultés.
– 1902, le marché des antiquités va être réglementé afin d’éviter les fouilles sauvages. 

D’après : L’archéologie de l’Égypte antique pendant la période coloniale, de l’occupation britannique à la découverte du tombeau de Toutankhamon par Éric Gady p. 47-50  
https://doi.org/10.4000/nda.1195

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