Histoire

Le Musée Guimet tisse pour nous les liens entre le « Dit du Genji » et la technique Jacquard

Du 22 novembre 2023 au 25 mars 2024, le musée Guimet présente « A la cour du Prince Genji, 1000 ans de l’imaginaire japonais », un hommage à Maître Itaro Yamaguchi (1901-2007).

Itaro-Yamaguchi-1901-2007-regardant-ses-rouleaux-©-Akira-Nonaka

Nous sommes invités à découvrir, au cœur de l’exposition, les quatre rouleaux du Dit du Genji, des chefs-d’œuvre mesurant entre 8 et 12 mètres de long réalisés en soie tissée de Nishijin par le Maître tisserand Itaro Yamaguchi (1901-2007).

La Mangaka Harumo Sanazaki

L’exposition met en scène laques, estampes, tissus, kimonos, sculptures, peintures, objets précieux et anciens provenant du musée et de plusieurs collections françaises et japonaises.

Elle atteste de la créativité picturale suscitée par cette œuvre romanesque rédigée à l’époque de Heian (794-1185) et qui perdure jusqu’aux Mangas actuels. De nombreuses photos accompagnent la présentation.

Le Genji depuis le XIe siècle influence la fibre créatrice des auteurs qui en proposent de nouvelles versions en mangas.
D’après une photo du maître tisserand, Itaro Yamaguchi en train de choisir ses fils et ses couleurs.

Trente-cinq ans auront été nécessaires au maître tisserand de Nishijin, pour la réalisation de ces rouleaux entreprise à l’âge de 70 ans jusqu’à son décès à 105 ans.

Le Maître a offert, les quatre rouleaux, à la France et au Musée Guimet en gage de sa reconnaissance pour le sauvetage du nishijin-ori grâce à la technologie française des métiers Jacquard.

Les premier et deuxième rouleaux furent donnés en 1995.

Ont suivis en 2002 le troisième, tandis que le quatrième et dernier rouleau fut offert en 2008 après le décès du Maître.

Le Dit du Genji écrit par Murasaki Shikibu au XIe siècle

Il relate l’histoire amoureuse et les pérégrinations du prince impérial Hikaru Genji en s’inspirant de la vie à la cour impériale de Heian (l’actuelle Kyoto).

A la mort de son époux, devenue la dame de compagnie de l’Impératrice Shoshi, Murasaki Shikibu trouva dans l’écriture un moyen de noyer son chagrin et acheva son œuvre découpée en 54 chapitres qui se déroule sur une période de 75 ans avec 500 personnages.

Un norimono, une chaise à porteur dont la porte ouverte laisse voir une scène du Genji.

C’est durant la seconde moitié du XIIe siècle, soit 150 ans après l’achèvement du Dit du Genji, que l’histoire fut transposée sur des rouleaux illustrés, appelés e-maki en japonais.

Longs rouleaux de papier ou de soie, ils alternent textes calligraphiés et peintures. Les rouleaux illustrés du Dit du Genji, protégés en tant que trésor national du Japon, furent réalisés sur du papier. De ce fait, les couleurs se sont ternies au fil des ans.

Des scènes des rouleaux sont reproduites sur des paravents après avoir été agrandies sur cartes avant tissage.

Mais les rouleaux de soie entreposés au musée Guimet ont conservé l’éclat de leurs couleurs vives, grâce à l’utilisation abondante de fils d’or et de platine.

Son auteur ne s’est pas contenté de restituer une peinture. En effet, l’artiste souhaitait tirer le meilleur parti de l’effet tridimensionnel des fils et utiliser des couleurs adaptées au tissage de l’œuvre.

Le nishijin-ori de Kyoto

L’histoire d’un des tissus de soie le plus célèbre du Japon, Le nishijin-ori remonte au début de la période Heian (vers le VIIIe siècle).

A partir du Xe siècle, au lieu de tissus teints après tissage, la classe noble s’enticha d’étoffes tissées à partir de fils teints.

Ces textiles connurent leurs plus grandes heures de gloire au XVIIIe siècle mais une succession d’événements mit en péril cet artisanat traditionnel.

En effet, le shogunat d’Edo légiféra contre les produits luxueux trop ostentatoires.

En 1872, les autorités du département de Kyoto décidèrent d’envoyer à Lyon trois artisans du quartier tisserand de Nishijin. Ils y apprirent les techniques du métier à tisser Jacquard puis ils emportèrent à leur retour l’une de ces machines qui permettait de tisser rapidement des motifs complexes.

Kyoto inaugura sa propre usine équipée de métiers Jacquard afin de promouvoir cette forme de production.

Mais les machines en métal étaient coûteuses. Un apprenti conçut son propre métier à tisser en bois ainsi le premier métier Jacquard japonais vit le jour en 1877. Ces métiers Jacquard contribuèrent à moderniser l’industrie textile japonaise et à augmenter la productivité, ce qui entraîna le développement du nishijin-ori qui utilise de la soie, des fils d’or et d’argent.

La salle où sont réunis les rouleaux du Dit de Gengi. Au premier plan les fils de soie en couleurs.
Un parcours olfactif; différentes essences à inhaler pour s’initier au Kodo.

Pour terminer la visite, nous sommes initié au Kodo. Une cérémonie, une compétition autour de la création de parfums à inhaler qui ont été créés pour illustrer les images qui nous sont présentées ici.

Une telle cérémonie avait lieu à la cour chez les nobles de Heian.

Elle est relatée dans le Dit du Genji.

La salle du Kodo

Commissaire de l’exposition : Aurélie Samuel. Partenaire principal de l’exposition : la Fondation franco-japonaise Sasakawa et son Président Shigeatsu Tominaga.

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