Droit et justice

Entretien avec l’avocat Emmanuel Pierrat habitant du 6e arrondissement

Mai 2014. Conseiller municipal du 6e arrondissement de Paris depuis 2008, Emmanuel Pierrat a été tête de liste d’ouverture écologiste aux Municipales de mars 2014, sous la bannière Oh les beaux jours ! avec notamment la femme de lettres Laurence Graffin et la libraire Pascale de La loge. Nous avons posé Cinq questions à cet habitant du 6e arrondissement.

Question n°1 : Que devient Oh les beaux jours ! ?

Emmanuel Pierrat : Nous en avons fait une association dont je suis le secrétaire général. Elle va poursuivre l’action conduite lors des élections. Nous allons, notamment, nous attacher à rendre son rôle initial de promenade au boulevard Raspail. Nous voulons lui rendre son esprit originel en ôtant tous les équipements qui le parasitent. Nous avons un projet très abouti préparé avec des architectes. Il comprend des kiosques à journaux, des animations, un réaménagement du marché qui a évolué depuis sa création ; Les camions ont succédé aux charrettes à bras. Il faut donc modifier son ossature ; l’étirer, tout en veillant à ce que des marchands de pomme de terre ne s’installent pas à 5h du matin devant les fenêtres du Lutetia. L’image de Paris ville patrimoniale doit être préservée. Le tourisme offre un ressort économique, crée de l’emploi. Il ne faut pas l’oublier.

Le marché bio, boulevard Raspail.

Le marché bio, boulevard Raspail.

 

Question n°2 : Paris est une fête a écrit Ernest Hemingway, mais peu de restaurants et bars restent ouvert tard la nuit. Qu’en est-il dans le 6e ?

E.P. : Au centre de Paris, il y a eu un rejet de la Nuit. Plus jeune, j’ai habité à la Bastille, passage de la Main d’or. Il y avait un bar à tapas sous mes fenêtres, je connais donc bien le sujet. Dans le 6e, 96 établissements ont l’autorisation d’ouverture jusqu’à 4h du matin, notamment rue de la Gaité et autour de la rue des Canettes, surnommée « le quartier de la soif ». Il y a ainsi des poches nocturnes dans tout Paris. Mais, il est certain que depuis que les fumeurs se retrouvent sur le trottoir cela crée de nouvelles nuisances. Une concentration trop forte d’établissements de nuit n’est pas souhaitable. Il ne faut pas que Paris soit une discothèque ouverte en permanence et que le jour, elle n’abrite plus que des boutiques de vêtements. Pour y habiter il faut des commerces de bouche, des boulangers, des épiciers, sinon, les gens partent. Alors, nous devons rester vigilants.

Question n°3 : Qu’est ce qui différencie cet arrondissement des autres quartiers parisiens ?

Le 6e , ne se résume pas au Luxembourg.

Le 6e , ne se résume pas au Luxembourg.

E.P. : Mes parents se sont connus au bal Breton à Nogent sur Marne où mes grands-parents s’étaient installés et où je suis né en 1968. Je suis un enfant de la banlieue, des guinguettes. Tout jeune, je n’avais qu’une envie venir sur la rive Gauche, à Paris.

Aujourd’hui j’aime le 6e arrondissement qui possède une densité culturelle inégalée. J’ai ouvert le cabinet d’avocats, près du jardin du Luxembourg, en 1995.

Le charme du 6e, ce n’est pas que le Luxembourg, même si j’aime y emmener promener mes filles. Pour quelqu’un comme moi qui aime les livres et les collectionnent, ici les libraires de neuf, d’ancien et les bouquinistes sont en nombre. Collectionneur d’art africain, d’art tribal j’apprécie le regroupement des galeries entre les rues, des Beaux arts, Guénégau, Visconti, Jacques Callot … L’avocat de l’Odéon aime cette densité de vie culturelle inégalée comparée aux autres arrondissements de Paris. Ainsi côté cinéma, nous avons une trentaine d’écrans « arts et essai » comme l’Action Christine. Ils sont complémentaires des salles du 5e arrondissement. A Montparnasse et à Odéon, les salles des grands circuits offrent des films porteurs et proposent des films plus difficiles.

 

Question n°4 : Nous vous savons grand collectionneur, la Capitale est-elle à l’origine d’une de vos collections ?

Paris garde la mémoire de cette crue qui a atteint 1m03 au-dessus du trottoir à l'angle du quai d'Anjou et du pont Sully.

Paris garde la mémoire de cette crue qui a atteint 1m03 au-dessus du trottoir à l’angle du quai d’Anjou et du pont Sully.

E.P. : Oui, en effet je collectionne tout ce qui concerne les inondations de 1910 et de 1876. J’ai débuté avec l’acquisition d’un reportage photographique commandé par le père d’Aragon, Louis Andrieux.

Mais, le déclencheur a été un article de 1910, sur les ours blancs du jardin des Plantes qui à l’occasion de la grande crue se sont retrouvés vers le pont de l’Alma. Mon roman « histoire d’eaux » (publié en 2002) a ainsi pour sujet les inondations de 1910 et la pagaille qui régnait au jardin des plantes où les crocodiles sont sortis du Vivarium.

Le Paris érotique figure, lui aussi en bonne place dans mes collections. Avec les curiosa, j’ai aussi collectionné les jetons maisons closes parisiennes. Pour mon ouvrage sur les Lorettes, j’ai acheté pendant plus de vingt ans toute la littérature sur le sujet.

Question n°5 : Paris demeure-t-il un sujet d’écriture ?

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E.P. : Oui bien sûr, J’ai 22 livres en cours, il y a donc des sujets sur Paris, le Paris Coquin, les filles, l’érotisme et Paris et surtout une vraie histoire du Palais Royal qui me demandera encore quelques années de préparation afin de réunir toutes les informations. J’ai des marottes, je me suis lancé aussi dans l’histoire du Tribunal révolutionnaire un choix conforté par les acquisitions récentes que j’ai conduites pour le musée du Barreau de Paris dont je suis le conservateur depuis janvier 2013. J’ai ainsi préparé avec Stéphane Bern un sujet qui sera projeté le 14 juillet prochain en soirée à la télévision, sur France 2. A la rentrée sortira un livre sur les chansons interdites de diffusion à la radio en partenariat avec la discothèque de Radio France ainsi que sur des chansons de clips interdits… Des interdictions prononcées en périodes de guerre, des malentendus selon leur période de création…

Photos : Dominique Germond

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